Sophie

23 4 6
                                    

Sophie raccrocha, la mine défaite et les larmes aux yeux. Eleanore venait de lui annoncer que finalement elle n'était plus invitée à la fête de jeudi. Elle repensa à sa conversation avec l'amie de Lyna.

- Désolé, Lyna ne veut pas que tu viennes... On refera une fête une autre fois, ne t'inquiète pas !

Sophie avait eu juste le temps de répondre avant qu'Eleanore ne raccroche.
- Mais la fête était prévue demain, j'avais bloqué ma soirée et... La jeune fille l'avait coupée avec un soupir embarrassé.
- Tu sais bien que ce n'est pas moi qui décide ! Bon, à plus. Puis elle avait raccroché.

Ce qui venait de briser le cœur de Sophie. Ce qu'elle avait dit était vrai : sa soirée était prise, elle avait obtenu l'autorisation de ses parents, chaque matin, elle comptait les jours qui la séparait du moment tant attendu et n'attendait que ce jour, dans l'espoir que les amis de celle qui la faisait souffrir l'acceptent.

Eleanore lui avait caché la venue de Lyna ! Toutes les attentes de la jeune fille s'effondraient. Et avec elles, la joie du lendemain.

Elle n'avait plus du tout envie d'aller au collège. À la place de cette envie était née une peur, de ces peurs qui tordent le ventre et qui prennent au tripes.

En effet, si Lyna ne voulait pas qu'elle vienne, tout le groupe avait été au courant qu'elle avait été invitée. Ce qui voulait dire encore plus de remarques dans la cour.

Et Lyna allait lui infliger une double correction pour avoir pensé qu'elle, misérable "intello", pouvait être invitée à une fête telle celles qu'organisait Lyna (ou une de ses amies.).

Elle alla se coucher, la peur au ventre, et sombra dans le sommeil.
Ses rêves furent agités. Quand elle se réveilla, elle fut un instant soulagée d'échapper à ses cauchemars mais se rappela vite ce qui l'attendait ce jour. Un filet glacé de sueur coula le long de son dos. Ses paumes étaient moites.

Elle frissonna, alla se doucher et manger. Pendant le petit déjeuner, elle faisait grise mine. Sa mère s'inquiéta :
- Ça va, ma chérie ? Tu n'as pas l'air d'être dans ton assiette. Tu veux du pain perdu ?
- Oui, oui, ça va, ne t'inquiète pas. J'ai un DS aujourd'hui, je stresse un peu, mentit à moitié Sophie.

Son stress ne venait pas uniquement de cette source. Car il y avait aussi la menace de Lyna, et de sa cour. Elle essaya de relativiser, sans succès. Elle avait d'ailleur du mal à manger.

Quand elle arriva au collège, elle déglutit et chercha du regard les personnes qu'elle ne voulait pas voir. Chose qui ne faisait que l'inquiéter davantage. Heureusement, elle ne vit pas la source de son inquiétude.

La jeune fille respira librement, pour une fois depuis plusieurs semaines. En effet, elle n'avait plus ce joug sur les épaules qui lui entravait la peau. Le cœur léger, elle alla se ranger et attendre son professeur. Elle ne discerna pas Lyna dans les rangs de la 3e A .

Malheureusement, quand elle rentra en classe, elle vit son harceleuse assise à la place juste à côté de la sienne.

Sophie commença à trembler, car elle était véritablement terrifiée. Elle se dirigea doucement vers sa place et Lyna lui sourit innocemment. Pas le genre de sourire qui précédait un mauvais coup... Néanmoins, avec Lyna, il fallait s'attendre à tout.

La jeune fille alla s'asseoir, craignant de tomber à la renverse par un mauvais coup de l'adolescente. Mais contre toute attente, rien ne se passa.

Le cours commença. Sophie voyait que Lyna peinait à finir son exercice. Elle s'efforçait de le cacher, mais Sophie avait quand même remarqué. Devait-elle l'aider, ou faire comme si de rien n'était ? La jeune fille n'en savait rien. Elle décida quand même de lui prêter main-forte.

Sophie proposa à Lyna d'une voix mal assurée:
- Si tu as besoin, je peux t'expliquer les exercices...
Lyna répondit aimablement :
- Oui, s'il te plait. Je ne comprends pas cette question : "Expliquez l'origine des cousins en basaltes, puis faites un croquis pour expliquer la position il y a 30 0000 ans comparé à aujourd'hui." Et au fait, qu'avait on à faire en maths pour demain ? Il y avait bien les exercices 2, 3, 4, 5 et 6 p°128 ?

Sophie n'en revenait pas. En un clin d'œil, elles se retrouvèrent à bavarder comme de vieilles amies. Chose totalement improbable et inimaginable pour la jeune fille !

A la fin du cours, elle ne savait pas trop comment se comporter avec elle. Devait-elle rester avec les populaires, ou traîner dans la cour comme elle le faisait habituellement ?

Comment raviver l'espoir ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant