Kane se laissait rarement submerger par ses émotions. Mais là, il se sentait perdre tous ses moyens. Cette fille allait de nouveau lui échapper. Non, pas encore ! Maintenant qu'il l'avait retrouvée, il devait l'empêcher à tout prix de disparaître.
La pensée qu'il n'allait jamais la revoir l'avait hanté tout le week-end. Bien sûr, il voulait comprendre pourquoi elle lui avait joué ce tour. Peut-être lui était‑il apparu trop entreprenant ? A vrai dire, il ne savait quoi penser. Ce dont il restait sûr, c'était que rien n'avait changé pour lui depuis cette soirée-là. Il avait suffi qu'elle pose sur lui ce regard ensorcelant pour qu'il brûle d'envie de lui faire l'amour, toute la nuit. Encore aujourd'hui, à la seule vision de cette créature, une irrépressible bouffée de désir l'envahissait.
Kane se mordit la lèvre pour faire cesser ses pensées lascives. Si cette jeune femme devinait ce qui se passait dans sa tête en cet instant, elle n'hésiterait pas à déguerpir une nouvelle fois. Et il ne comptait plus la perdre.
- Bien sûr que non, répondit‑il avec un calme qui l'étonna lui-même. Ce qui s'est passé l'autre soir n'a rien à voir avec notre entretien aujourd'hui. Ne confondons pas plaisir et affaires. Mais mieux vaut commencer par éclaircir certains points. Prenez place, je vous prie, et expliquez-moi pourquoi vous êtes partie comme ça.
Jessie, sourcils froncés, resta debout. Elle était si sexy, moulée à merveille dans ce jean, qu'il ne pouvait s'empêcher de la dévorer du regard, des pieds à la tête.
- A quoi bon ? lança-t‑elle avec aigreur, un éclair de colère dans ses yeux noisette. Je ne peux pas travailler pour vous. Ne comprenez-vous pas ?
Non, il ne comprenait pas. Avait‑elle donc peur d'un éventuel harcèlement sexuel de sa part ? se demanda-t‑il. Peut-être n'avait‑elle pas tort. Il avait tellement envie d'elle ! Mais il savait également faire preuve de sang-froid et de patience. La dernière chose qu'il souhaitait était de l'effrayer. Cela faisait bien longtemps qu'une femme avait produit cet effet chez lui. Il n'avait d'ailleurs jamais ressenti quelque chose d'aussi fort que l'autre soir, sur la piste de danse. D'habitude, il parvenait à se maîtriser, à analyser la situation avec calme et raison. Mais cette fois, il n'avait pas réussi à garder la tête froide.
Après tout, il ne connaissait rien d'elle, se rappela-t‑il alors. Il savait juste qu'elle allait dans des bars sordides, habillée en sirène. Pas vraiment le genre de femme qu'il affectionnait. Et pourtant... Non, hors de question de la laisser filer, cette fois, décida-t‑il. Il voulait de nouveau éprouver la magie qu'il avait ressentie en sa compagnie. Et tant pis si cela ne menait nulle part. Il en avait assez de tout prévoir au millimètre près, de faire des plans d'avenir. Il n'en pouvait plus de la routine et voulait pour une fois obéir à ses pulsions. Il désirait cette femme, et il allait l'avoir.
- Mais vous ne travailleriez pas pour moi, souligna-t‑il avec douceur. Harry Wilde serait votre patron. Je me contente juste de le remplacer pour la période des fêtes. Il ne reste plus que deux semaines et ensuite, notre relation patron/employée prendra fin.
Mais la jeune femme continuait de le dévisager avec un regard inquiet. Bon sang, elle aussi se sentait attirée, songea-t‑il. Il l'avait bien vu, l'autre soir. Voilà pourquoi il avait été si surpris lorsqu'elle avait disparu.
- Donc, que s'est‑il passé l'autre soir ? répéta-t‑il, mâchoires serrées. Avez-vous simplement changé d'avis ? C'est ça ?
- Je... je...
La façon dont ses joues s'enflammèrent tenait lieu d'explication. Cela lui donnait un air irrésistible, remarqua Kane. Peut-être n'était‑elle finalement pas une séductrice sans scrupule ?
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Un troublant malentendu
Romance— Et toi, Jessie. Qu’aimerais-tu trouver sous le sapin ? Oui, je sais qu’il reste encore deux semaines avant Noël, mais je préfère ne pas m’y prendre à la dernière minute. — Connais-tu un magasin qui vende des hommes ? demanda-t‑elle, un éclair de m...