Ou comment la rencontrer

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L'adrénaline avait envahit mes veines a une rapidité surprenante.

Je devais agir, il le fallait.

Alors ni une ni deux je m'élançais a la poursuite du petit homme assassin sous les cris du barman que je n'avais pas payé.
Tant pis pour sa gueule, je ne pouvais pas blairer sa chemise rose de toute façon.

La rue était désertée mais je cru apercevoir une ombre qui tournait a la deuxième intersection. Mon corps prit le devant sur mon esprit et je me sentis courir a toute allure dans cette direction. Je me délectait de ce délicieux décalage entre ce que je faisais et ce que légèrement après coup je ressentais, qui annonce généralement un état d'ivresse avancé.
Ivre de la course, ivre de danger.

La pluie battante mitraillait le pauvre bout de tissu que je portais sur le dos et m'obligeait a plisser des yeux, transformant les lumières de la ville en de longs traits lumineux.

Je bifurquais enfin dans la rue ou j'avais vu l'ombre et qui s'avéra être une petit ruelle insalubre, ce que les honnêtes gens appelaient un coup-gorge.
Déjà un peu plus calmé, je m'enfonçais dans la ruelle aux odeurs nauséabondes, tous les sens aux aguets. Mes cauchemars vinrent peupler les zones d'obscurité et j'avais la désagréable impression d'être observé par quelque chose de répugnant tapis dans l'ombre. Je pouvais presque sentir son haleine putride et chaude venir se coller a ma peau trempé jusqu'à l'os. Ou était-ce seulement les relents de pisse humaine que la pluie acide sur le bitume brûlant d'été transformait en vapeur écœurante, je ne saurais dire.

J'en étais donc la, tous les sens agressés par la saleté abjecte et inhumaine de cette ruelle lorsque un cri strident retenti, cris de rage et de souffrance. Suivi d'un deuxième plus fort encore.
J'accélérais le pas, le cœur battant a tout rompre vers le point culminant d'où les cris semblaient provenir. J'aperçus un léger filé de lumière s'échapper d'une porte entrebâillée.

Glissant lentement ma tête pour ne pas être perçu par la personne criant et surtout par celle qui l'a faisait crier, j'eu le temps de sentir un bout de métal venir transpercer mon oreille gauche. Un cri étouffé m'échappa, qui par je ne sais quel miracle n'alerta pas les habitants de ces lieux.

Ce que je découvris derrière cette porte me glaça d'effroi.

Sans la vue de cette salle qui captait toute mon attention, je n'aurais pu m'empêcher de tourner de l'œil face a la douleur aiguë qui émanait de mon oreille dans laquelle j'entendais les battant de mon cœur qui s'échappait en un liquide chaud dégoulinant le long de mon cou.

La salle faiblement éclairé par des ampoules éventrées était rempli de cadavres vivants. Des ombres.
Ce n'était plus des hommes, a peine des squelettes, juste une trace d'eux-mêmes qui engloutissait de l'oxygène. Étendu sur de vieux matelas, parfois seulement un tas de chiffons, une quinzaine d'ombres restaient immobiles bien qu'éveillés. Leurs positions étaient singulières, les membres anorexiques pendaient ou se tordaient formant d'étranges dessins. Ils n'étaient qu'un tas d'os assemblés a la va vite.

C'était un repère de junkies.

Mais ce qui me rempli d'effroi se trouvait au centre de la pièce. Un homme aussi squelettique que les autres mais que la rage rendait menaçant, battait en braillant une jeune fille a terre.
J'entendais les craquements que provoquaient ses coups sur les jambes dénudés de la fille. Le spectacle était abominable. Terrifiant.

La victime se tordait de douleur a terre et essayait vainement d'échapper aux coups de pieds en rampant lamentablement vers la sortie. Elle sanglotait avec désespoir, poussant quelques cris de plus en plus faible sous les beuglement du drogué.
"Tu va me le payer, salope! Tu va me le payer!" hurlait-il d'un ton dément qui ne laisser aucun doute sur la fin tragique du combat.

ImpitoyableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant