𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏 : 𝐉𝐄 𝐓'𝐇𝐀𝐈𝐒-𝐌𝐄

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Comme tous les mardis, Angela Matthews, ange gardienne depuis maintenant trois ans, veillait sur la petite Amandine Foster, une fillette âgée de six ans, assise sur sa balançoire.

Ses longs cheveux roux et ondulés coulaient dans son dos, ses yeux bruns brillaient de malice et son sourire d'enfant illuminait son visage, comme le soleil parvenait à briller malgré les nuages. Sa robe pâle, nouée par un nœud autour de sa taille, flottait autour de ses petites jambes tandis qu'elle se balançait, de plus en plus en haut, sur sa balançoire de bois, accrochée autour de la branche d'un chêne robuste, tandis que la vue donnait sur des champs et des collines, où la nature reprenait son droit.

Ange gardien était un boulot difficile d'accès et réputé. La formation n'était pas compliqué, ce qu'il fallait en soi, c'était être quelqu'un de bien. Être pur et innocent, discret, savoir analyser une situation rapidement, et être parfaitement neutre.

  Angela était un parfait pion de sa société. L'ange parfait. Chaque jour de la semaine, elle devait protéger une personne différente des petits malheurs de la vie, des accidents, des blessures ou de la mort, et ce, pour que ces personnes deviennent aussi parfaites qu'elle. À la perfection de former sa propre relève.

   La perfection. C'est l'idéal de Paradis, la partie est de ce qui était avant les États-Unis. Tout le monde devrait être gentillesse, bienveillance, chasteté, politesse, et sobriété. Et tous ces petits détails, ces petites qualités, en ont forgé un monde d'hypocrites, dépourvu de confiance.

   Mais ça, tout le monde l'ignorait, hormis les anges habitant au sein de cette société et dont le cerveau n'avait pas encore été retourné.

- Amandine, à table !

   La voix cristalline de Mme Foster résonnait dans le jardin, accompagnée d'une délicieuse odeur de viande et de sauce.

   Aujourd'hui avait été une journée calme. La petite Amandine était allée à l'école, avait fait ses devoirs et avait joué dehors. Rien de spécial.

   Considérant sa tâche comme accomplie, Angela déploya ses grandes ailes blanches dans son dos, et s'envola, en prenant le chemin de chez elle.

   Elle s'arrêta seulement à la boulangerie, pour s'acheter une baguette de pain pour son dîner. Et celle-ci lui servirait sans doute encore le lendemain, puisque, en tant que petit ange parfait de vingt-et-un ans, elle était célibataire, et encore loin du mariage et de toutes autres relations, pour son plus grand (et secret) désespoir.

   Angela décida de finir le chemin à pied, en passant par les petites ruelles sombres de son quartier. Ici, à Paradis, il n'y avait aucun risque de faire une mauvaise rencontre dans ces ruelles, aucun danger. C'était safe. La seule chose qui décourageait les gens de les emprunter, c'était le fait qu'il s'agissait d'un véritable labyrinthe, dans lequel l'obscurité n'aidait pas à se repérer. 

   Mais Angela aimait bien passer par là. C'était un moyen pour elle de se rappeler que le monde n'était pas parfait, que les oiseaux ne gazouillaient pas tout le temps, et qu'à à peine cinq kilomètres d'ici, se trouvait la frontière avec un monde de fou.  Enflammé, déjanté, et, s'il l'on en croit le gouvernement de Paradis, le lieu le plus perverti qu'il sera donné de croiser sur cette Terre : Enfer.

   À Enfer, la partie ouest des anciens États-Unis, habitaient la grande majorité des démons présents sur Terre, et croyez-le, ça faisait beaucoup de bruit. Certaines nuits, notre chère Angela pouvait les entendre de chez elle. À ce qu'il parait, les démons étaient l'opposé parfait des anges : eux ne pensaient surtout qu'à l'alcool, au sexe, à l'argent et à faire le plus souvent la fête. Des choses, qui n'étaient pas possible de faire à Paradis.

𝐋𝐀 𝐂𝐎𝐋𝐎𝐌𝐁𝐄 𝐄𝐓 𝐋𝐄 𝐂𝐎𝐑𝐁𝐄𝐀𝐔 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant