Avanha Stone | Tome 1 : Pépé Dans Les Orties

Mistère Et Boule De Gomme

La sonette retentit dans le petit appartement. Sous le choc, Avanha se leva et tituba, avant de secouer la tête pour reprendre ses esprits. Elle fit quelques pas en se tenant à la table et aux meubles. Elle s'arrêta devant le miroir pour se recoiffer et ouvrit la porte comme si de rien était, un petit sourire aux lèvres.
"Bonjour, nous pouvons entrer ? Deux policiers se tenaient sur le pas de la porte, le dos bien droit et la mine renfrognée.
- Je... Heu, oui bien sur, un petit café ?
- Non, nous n'allons pas vous déranger longtemps, répondit un des deux hommes. Il jeta un coup d'œil à la petite table où était posé le journal, à la page de l'accident. Je vois que vous êtes déjà plus ou moins informée. "
Avanha lissa sa robe et les installa dans le canapé.
" Votre père nous a quitté le samedi 21 octobre à environ une heure du matin, le policier ne marqua qu'une très brève pause avant de continuer. Nous l'avons retrouvé dans la nuit grâce à une voiture qui est passée sur le lieu de l'accident pour se rendre à son domicile. La route n'était que très rarement emprunté. C'était une impasse qui menait à trois maisons. Deux des habitants de ces maisons étaient en voyage, la troisième maison était occupée mais les habitants étaient sortis. Première hypothèse : un accident, la route était accidentée et le terrain glissant. Mais comme je vous l'ai dit c'est une impasse qui mène à trois maisons alors il devait se rendre dans l'une d'entre elles mais les habitants n'étaient pas chez eux de 12h30 à 2h du matin, et de plus ils ne connaissaient pas M. Stone. Deuxième hypothèse : le suicide, votre père aurait cherché un endroit calme pour ne pas attirer l'attention. De plus deux des maisons étaient inoccupées et la troisième aussi mais que pour la journée. Votre père aurait pu entendre cela et aurait planifié son suicide. Mais lors d'un suicide les personnes ne réfléchissent pas à leurs actes. Ils sont malheureux, ils sont à bord de leur voiture et hop. Nous avons fait des tests, votre père n'avait pas bu d'alcool depuis 48h et aucune trace de freinage n'a été décelée au sol. Les airbag ne se sont pas activés. Monsieur n'a donc pas voulu empêcher ce malheureux accident.
- Et vous avez envisagé le meurtre ?
- Nous étions bien obligés mais plusieurs détails nous montrent que c'est bien un suicide.
- Hum, je vous écoute...
- Le suspect serait entré dans la voiture avant le meurtre car il a été commis de l'intérieur, tout était vérouillé et aucune trace de balle n'a été remarquée sur le pare-brise or les sièges sont en cuir, si quelqu'un s'était assis, un léger renfoncement aurait été visible, mais le siège est lisse comme du marbre. Deuxième problème, le meurtrier serait sorti après avoir commis son crime, il serait donc passé par la porte mais la voiture était vérouillée et les clés dans la serrure. Troisième problème, la voiture a été renversée, le meurtrier se serait blessé et aurait pu succomber or si nous faisions face à un meurtre, Personne X, c'est comme ça qu'on appelle un suspect, est très malin, il n'aurait pas mit sa vie en danger. Ce n'est donc sûrement pas un meurtre.
- Mmh si vous le dîtes.
- Encore un point, votre père a été trouvé en costume de mariage. D'après nos observations la plupart des gens qui se suicident mettent une tenue symbolique de la cause de leur mort. Nous avons été à la rencontre de son épouse, votre mère, Mme Stone, elle ne comprend pas, son mari était heureux. Nous n'allons pas faire passer cette enquête en priorité mais trois policiers restent joignables si vous avez le moindre détail à apporter. Je vous préviens, nous n'allons pas nous arrêter sur le fait que c'est peut être un meurtre mais il y aura une enquête pour justice. "
Avanha se tourna pour essuyer une petite larme qui commençait à se former au coin de son œil. Elle avait quitté ses parents à 16 ans en espérant avoir une vie meilleure. Bien sûr elle avait vécu sans manquer de rien, mais son père était devenu oppressant. Chaque samedi, il partait à 15h et revenait à minuit, complètement bourré. Alors dès qu'on entendait la porche arriver on se réfugiait dans notre chambre.
Mr Stone était un petit bonhomme au teint hâlé. Il avait vingt trois ans de plus que sa mère mais il ne semblait pas s'en soucier. Une fois elle avait entendu une terrible dispute dans le salon, alors qu'elle voulait aller se chercher un verre d'eau, sa mère s'était déchenée en criant :
" J'en ai marre de vivre comme ça, toutes ses dames que tu nous ramènes, dès qu'elles partent elles ne reviennent plus pourtant à chaque fois je reçois 10 000€ de plus sur notre compte bancaire. Au contraire quand tu pars le samedi on nous en enlève 1000 €, tu trouves que c'est normal ? "
À cette époque, Avanha n'était qu'une petite fille de douze ans, mais elle avait comprit l'importance de ces propos, elle savait que son père faisait chanter des gens et pariait dans un casino. Alors dès qu'elle avait pu, elle avait envoyé un contrat d'indépendance à un avocat qu'elle avait payé avec son propre argent de poche. Deux ans plus tard, elle quittait définitivement sa maison sans nulle part où aller. Elle avait finalement trouver refuge chez une petite dame qui s'était occupé d'elle jusqu'à ce qu'elle gagne bien sa vie. Elle avait monté une grande entreprise en oubliant complètement ses parents. Elle n'avait pas pensé à eux avant "l'accident" de son père, mais cela faisait ressurgir tellement d'événements marquants qu'une petite fille n'aurait jamais dû voir. Une haine à l'état pure montait en elle. Elle était presque soulagée que cet abominable personnage soit décédé, mais malgré tout c'était son géniteur, celui que sa mère avait choisi. Elle voulait absolument le fin mot de l'histoire !
"Mademoiselle, vous allez bien ?"
Elle se retourna, le sourire au lèvres.
"Ne paniquez donc pas, justice sera faîte" déclara t elle, d'un ton rêveur.
"Je pense que vous pouvez disposer, je vous donne mon numéro"
Avanha alla chercher un calepin et arracha une feuille avant d'y noter ses coordonnées et de la tendre aux policiers.

Un léger courant d'air parcouru la maison, Avanha tourna la tête vers la fenêtre et ne vit...rien, à part un immense vide. Un épais brouillard avait recouvert la ville et la neige tombait fort.
"Je pense qu'il ne serait pas prudent de prendre la route maintenant.
- Pouvons nous rester le temps que la tempête se calme ?"