Red, Blue, and Coffee - Bungo Stray Dogs

Chapitre 6 - Tu es quelqu'un de bien

- J'aurais dû demander à Luka de rester...

Akane laissa ses lamentations se perdre dans la pièce.
Personne ne pouvait l'entendre.

La jeune femme se trouvait dans sa chambre, bien au chaud sous ses couvertures. Pourtant, ce n'était pas un peu de fraîcheur qui lui manquait. Elle était en nage, de fines gouttes de sueur lui coulant dans le dos. Ses joues la brûlaient et une affreuse migraine lui transperçait le crâne.
Elle aurait certainement fait n'importe quoi pour enlever les couches de tissu qui lui tenaient aussi chaud, mais la simple idée d'ôter la couverture la faisait frissonner.
Elle détestait être malade.

C'était lors de sa petite virée nocturne, l'autre soir, qu'elle avait attrapé froid. La blonde se maudissait de ne pas avoir pris son écharpe. Elle s'en était douté, et voilà le résultat. Au lit avec de la fièvre, à enchaîner les coups de chaud et les frissons au moindre courant d'air.
Mais le pire dans tout ça, c'était que son frère était parti la veille.
Vu qu'elle allait plutôt bien lorsqu'il lui disait au revoir au bas de l'immeuble, Luka n'avait pas pensé à ce qui pouvait lui arriver. Il était allé prendre son train le sourire aux lèvres, sans même savoir ce qu'il s'était passé la soirée précédente.

Et puis, Koe était en vacances.
Akane se voyait mal contacter l'association pour requérir de l'aide de dernière minute. Le roux risquerait de se sentir coupable, voire en colère à son retour, lorsqu'il verrait qu'un autre bénévole s'occupait de la pianiste. Hors de question que cela arrive.

- J'ai besoin d'une aspirine, prononça la jeune femme à elle-même, épuisée.

Dans un effort inimaginable, elle se redressa et ôta la couverture de ses jambes. Elle se leva, s'appuyant avec précaution au mur. Elle attendit que ses vertiges disparaissent avant de se mettre en marche vers la salle de bain.
Ses sens en étaient bien affectés, en tout cas. En plus de son manque d'équilibre, elle avait l'impression de ne plus savoir où elle allait. Ses oreilles sifflaient par moment, et certains bruits semblaient décuplés. Elle n'avait pas mangé ce matin, incapable d'avaler quoi que ce soit.
Pour quelqu'un qui se repérait grâce à tout sauf sa vue, cela posait un "léger" problème.

Akane arriva pourtant sans soucis à sa destination. Mais les ennuis ne faisaient que commencer.
Elle ouvrit le placard à médicaments, ayant la seule envie de s'assoir et de ne plus jamais se lever. Aller de sa chambre à la salle de bain avait amplement suffi à la rendre essoufflée et à faire remonter des nausées.
La jeune femme tâtonna l'étagère, peu concentrée, avant de trouver la trousse qu'elle voulait.
Tout était rangé par efficacité. Il y avait une trousse pour tout ce qui concernait les douleurs, une autre pour les somnifères et les anti-vomitifs, ou encore une contenant bandages et pansements. Il y en avait même une spécialement pour les règles.
La blonde ouvrit celle qu'elle avait prise avant de prendre une première boîte au hasard. Elle lut les inscriptions en braille avant de pousser un soupir et d'en chercher une autre. Elle garda de côté un médicament pour les maux de ventre, mais ne trouva pas ce qu'elle cherchait.

- Ne me dis pas que ce n'est pas là... soupira-t-elle encore une fois.

Elle finit par se saisir de deux boîtes circulaires, en plastique. Elles contenaient toutes les deux des cachets. Mais elles étaient lisses. Aucune indication en braille. Et impossible de les différencier pour Akane.

D'habitude, c'était Koe qui s'occupait d'elle quand elle était malade. Elle n'avait pas besoin d'aller chercher des médicaments. Quand elle demandait une aspirine, elle obtenait directement le cachet avec un verre d'eau.
Mais il n'y avait personne pour l'aider, cette fois-ci.

Enfin... il y avait bien quelqu'un.
Dazai.
La jeune femme lui avait envoyé un message un peu plus tôt, sans dire clairement qu'elle avait besoin d'aide, mais qu'elle ne se sentait pas très bien. Sa voix fatiguée devait suffire à faire comprendre le brun.
Mais cet "imbécile de détective momifié", comme l'avait si bien dit la pianiste à cause de la fièvre, ne lui avait pas donné un seul signe de vie. Peut-être qu'il était occupé, et qu'il n'avait pas encore lu les messages. Mais tout de même.