Chapitre 8 - Genève-Séoul (POV Namjoon)

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« Ça sera à jamais lui. »

Cette phrase tournait en boucle dans ta tête. Tu t'attendais à avoir mal, mais pas à ce point. Tu avais été obligé de partir. Tu lui avais fait peur, tu avais envie de t'enterrer sous terre et de ne ressortir qu'après une décennie. Tu te pensais prêt à tout entendre, mais même entraîné ça faisait toujours mal de prendre une droite.

Et puis tu t'étais enfui. La fuite était une arme secrète contre les douleurs et les attaques en tout genre. Toi qui étais tellement content de la revoir, de la retrouver, non seulement elle avait débarqué sans prévenir, mais en plus elle venait avec son lot de mauvaises nouvelles.

« Je vais mourir. »

« Je préférais toujours Hoseok à toi. »

Pour qui se prenait-elle à piétiner ton amour de la sorte ?

Tu étais rentré dans la voiture garée un peu plus loin et avait demandé à Yeon-su de démarrer.

« Tu veux aller où ? » elle t'avait demandé en te souriant, ça ne t'avait même pas déridé.

« Le plus loin possible d'ici...Dans un autre monde si tu peux. » elle avait rigolé, et avait pris la route, sans réellement savoir où elle allait. Elle tournait au grès de ses envies, au grès des panneaux jaunes qu'elle croisait et qui selon elle, indiquait des coins secrets. Parce que quoi de plus secret que quelque chose que tout le monde peut voir ?

« Tu t'es encore fait briser le cœur ? » elle t'avait tiré la langue en rigolant. Tu la connaissais et tu savais qu'elle se moquait gentiment de toi, mais là pour le coup c'était vrai, tu avais le cœur brisé, en milles morceaux et même ces morceaux avaient été piétinés par une horde d'éléphants, animaux dont tu avais la hantise. Tu n'avais pas répondu, tu avais laissé passer un peu de temps.

Yeon-su aurait pu être la femme de ta vie, il y a quelques années de ça, vous vous étiez rapproché. Le fait qu'elle travaille pour l'agence avait grandement aidé, mais il était stipulé dans son contrat qu'elle ne devait avoir de relation avec aucuns artistes de l'agence, si elle avait eu le cœur brisé c'était ta faute. Elle était prête à quitter son emploi, pour la faire réagir, tu lui avais dit que tu ne ressentais rien pour elle. Ça t'avait fait mal, mais moins que pour elle, toi tu n'étais pas encore amoureux, même si tu sentais qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour changer les choses.

« Combien de temps ça prend ? » tu avais demandé sans lever les yeux du paysage qui défilait sur ta fenêtre.

« Pour rentrer ? Je pense qu'on en a pour une petite demi-heure... » tu l'avais coupé en croisant son regard, elle s'était arrêtée. Elle paraissait encore rougir à ton regard et pourtant cela faisait un moment que vous aviez eu l'impression de tourner la page.

« Non, pour s'en remettre... ? » elle avait levé les yeux vers toi, mais tu n'avais pas daigné la regarder. La douleur que tu voyais dans ses yeux te faisait trop mal. Tu avais l'impression que tout le malheur du monde te tombait sur les épaules. Elle avait mis un petit moment pour te répondre, elle choisissait avec soin les mots qu'elle allait te donner comme réponse.

« Oh tu sais, on ne s'en remet jamais, on s'habitue juste à la douleur. » elle paraissait tellement confiante et en même temps tellement blessée. Comme une guerrière qui avait vécu le pire des combats. Tu en avais eu le souffle coupé. Clairement elle aurait pu être la femme de ta vie, peu importe sa condition. Tu t'étais posé la question de savoir pourquoi tu n'avais pas tout fait pour elle. Une image s'était imposée à toi, Alyssa.

« Je suis désolée... » tu t'étais rapproché de son siège, elle t'avait coupé en te disant une phrase qui donnait un nouveau sens à ta vie.

« Tu sais, je crois que tout le monde, à un moment dans sa vie deviendra le second choix de quelqu'un, il n'y a rien de dramatique à ça, c'est juste que c'est la vie et qu'il faut faire avec, pas besoin de regret, ni d'être désolée pour des choses que l'on ne contrôle pas, comme tes sentiments, comme les miens, comme ceux des gars... Rien de tout ça n'a d'importance, tant que l'on sait ce qu'on fait, et que l'on sait ce que l'on veut... » comment quelqu'un qui devait se concentrer sur une route dans un pays qu'elle ne connaissait pas arrivait à sortir des phrases aussi philosophiques. Clairement les femmes savaient faire deux choses à la fois.

Contrairement à toi, qui n'arrivait pas à aligner plus de deux pas ou mots, sans être certain que tout irait bien. Tu étais sûr d'une chose, tu avais du mal à t'imaginer une vie sans Alyssa, une vie sans les garçons et une vie sans tout ce petit monde qui vous entourez. Cela faisait tellement longtemps que vous étiez ensemble, comme une famille, que tu ne comptais plus les soirées, les anniversaires et les longs trajets en voiture, en bus ou en avion. Les choses les moins évidentes étaient celles que nous avions juste sous les yeux.

Avec cette phrase ça crevait les yeux que Yeon-su ne t'avait pas oublié. Et finalement après réflexion, comment ça aurait pu être le cas ? Vous étiez tout le temps ensemble. Dire que tu n'avais pas réussi à oublier Alyssa alors que tu ne l'avais pas vu pendant trois ans, tu n'imaginais pas comment tu aurais pu t'en sortir si elle était restée dans les parages. Ça aurait été la guerre avec Hoseok, tu en étais persuadé. Tu avais beaucoup de respect pour Yeon-su.

Après un moment tu lui avais dit de faire demi-tour, il te restait quelque chose à fêter aujourd'hui, et ce n'était pas quelque chose à louper. C'était l'anniversaire d'Alyssa. Il fallait que tu ailles lui acheter un livre et une boîte de thé, comme tu le faisais tous les ans. Tu gardais ces cadeaux prêt de toi avec l'espoir qu'elle réapparaisse et que tu la touches avec ces attentions que tu gardais précieusement.

« Yoongi serait mal ici, il y a plus de vaches que d'habitants en Suisse » avait dit Yeon-sou et vous aviez rigolé tous les deux. Un rire vite remplacé par un goût amer dans ta bouche.

Tu regrettais vraiment d'avoir parlé comme ça à Alyssa, quand elle était dans les parages, tu ne réfléchissais plus correctement. Peut-être que tu pensais que la blesser, ne ferait que la repousser loin de toi, c'était tout le contraire. Elle faisait tout à chaque fois pour se réconcilier avec toi, alors que tu ne voulais qu'une chose, l'oublier.

Pourquoi n'avais-tu jamais été capable de lui dire ça ? Certainement parce que dire les choses à voix haute, les rendait tout de suite plus sérieuses, les paroles blessaient et restaient ancrées, tu ne voulais surtout pas lui faire de mal, même si c'était certainement la seule option pour les tenir à distance. Tu ne pouvais pas le dire à haute voix, car tu ne savais pas ce que tu ressentais et que ce sentiment évoluait en permanence, tu te morfonds, des fois tu aurais voulu prendre la place de Hoseok, des fois tu aurais voulu qu'ils ne se rencontrent jamais et qu'elle ne connaisse que toi, et dès fois, comme à cet instant tu regrettais qui puisse exister une telle créature sur terre.

Tu étais arrivé au pire moment, en face de toi, Alyssa et Hoseok s'embrassaient, tu avais failli vomir. Elle enserrait un ourson en peluche certainement offert par ton ami pour son anniversaire. Et toi qui croyais que tu étais le seul à s'en souvenir. Encore une fois tu étais arrivé en deuxième. Toujours avec un train de retard. Tu avais l'impression d'enchaîner les mauvaises journées. Mais tu avais repris contenance. La conversation avec Yeon-su t'avait beaucoup aidé. On s'y habituait, et pour ça il fallait confronter les choses, ne pas les laisser pourrir.

Ils avaient paru gênés quand il t'avait vu. Encore heureux tu avais pensé.

« Je sais que tu n'aimes pas fêter ton anniversaire, mais j'ai pensé que ça pourrait te faire plaisir. » tu lui avais tendu la poche.

Hoseok avait reculé d'un pas pour vous laisser un peu d'intimité mais ne te quittait pas des yeux, un monstre de jalousie se battait la dessous pour sortir et t'étrangler. Elle t'avais serré dans ses petits bras, tu avais dû retenir ta respiration tellement c'était dur de ne pas l'enlacer en retour. Tu garderais ce souvenir ancré dans ton âme, et tu le ferais vivre, le temps qu'il faudra pour s'habituer à la douleur. Et puis tu étais repartis en direction de ta voiture, tu avais envie d'aller t'isoler, et de parler à Yeon-su, tu avais souris.

C'était bien la première fois depuis le début de toute cette histoire que tu souriais rien qu'à l'idée d'aller parler à une autre femme. Tu avais fuis, car tu n'étais pas encore prêt à présenter des excuses, peut-être demain. Même si tu l'avais poussé à bout dans ce glacier, il fallait qu'elle se rende compte du mal qu'elle avait pu faire autour d'elle. Encore maintenant elle en faisait. C'était une bombe à retardement.

Tu te sentais un peu libéré et Yeon-su avait peut-être raison tu finirais par t'habituer, mais une chose était certaine, c'était que tu ne pourrais jamais cette douleur et ce sentiment d'impuissance qui te maintiendrait sur terre le temps d'une vie, le temps d'un souvenir. 

Future [Jung Hoseok X OC] Terminée 💜Où les histoires vivent. Découvrez maintenant