Chapitre 4

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- Amos ! Arrête de courir partout. Reviens ici !

- Non, non, je veux que ce soit papa qui vienne m'habiller.

- Mon chéri, ton papa n'est pas rentré hier. Il avait sans doute beaucoup de travail. Aie pitié de ta pauvre mère.

Le petit s'arrêta dans sa course et regarda en arrière les yeux plein de larmes.

- Maman ?

Malgré ce qu'il venait de lui faire subir, son cœur de mère ne pouvait que s'attendrir devant lui.

- Viens ici, mon chéri. Dit-elle en ouvrant les bras. 

Le garçonnet s'y jeta.

- Comme notre grand garçon pleure beaucoup, on va appeler papa, ok ?

Elle lui embrassa le front tendrement alors que dans un élan de bravoure, le tout petit barbouillait son visage de ses larmes. Elle prit son portable et fronça les sourcils en se rendant compte qu'il y avait plus de 20 appels manqués dont plusieurs semblaient venir d'un centre d'urgence. Tout de suite, ses pensées furent sur son mari. Son cœur rata un battement alors qu'elle déposait son fils sur le sol.

- Va jouer avec ta sœur. Rebecca ! Viens prendre ton frère !

- Non, maman. Non ! Tu as promis. Cria-t-il en s'accrochant à sa jambe duquel elle le balança sans ménagement.

Le pauvre bambin se remit à pleurer, mais déjà sa mère ne parvint plus à l'écouter. Ses oreilles bourdonnaient au rythme des tambours de son cœur. 

La plus grande vint prendre son frère par la main et le guida dans leur air de jeu dans une autre pièce.

Seule, elle se dépêcha de rappeler le numéro d'urgence. Dans le laps de temps où l'appel se connectait, son stress atteignait des sommets et elle se rongeait l'ongle du pouce. Penser que c'était un seuil de pression qu'elle ne pouvait pas supporter fut sa plus grosse erreur, lorsque de l'autre côté, l'appel fut pris, elle put sentir la bile remonter dans son œsophage. Mais elle déglutit et prit courage.

- Hôpital ***, bonjour !

- Oui, bonjour ! Désolée de vous déranger, mais j'ai vu que j'avais été contactée plusieurs fois dans la nuit par votre hôpital. Je rappelle juste pour me rassurer que ce n'était pas une erreur. 

- D'accord. Patientez un instant, s'il vous plait. Je vous rappelle.

L'appel fut suspendue en même temps que son cœur au milieu du vide de l'inquiétude. Sa respiration se libéra à la reprise.

- Oui, il s'agit bien de Mme *** ? 

Elle avait déjà envie de pleurer. Elle sentait que rien de bon ne sortirait à la fin de cette discussion. Elle ravala ses larmes et continua la discussion.

- Oui, oui, c'est moi.

- Mme, je suis vraiment désolé. Votre mari est décédé...

Bien qu'elle avait encore l'appareil sur son oreille, elle ne parvint plus à écouter ce qui lui était dit de l'autre côté.

- Madame ! Madame, vous m'entendez ? 

- Oui, oui, je vous entends.

- Mes condoléances. Nous vous attendrons pour l'identification du cadavre et la suite du dossier.

- Pour sûr, je passerai. Passez une bonne journée.

L'appel fut couper définitivement alors qu'elle s'effondrait à genoux. Sa respiration était instable, sa poitrine douloureuse, sa gorge atrocement sèche et ses yeux inondés. C'est là qu'elle poussa le cri le plus déchirant de sa vie. Comme écorchée vive, comme un appel à l'aide, un gargantuesque mélange d'émotions la saisit. Son monde s'écroulait.

Dans la douleur et le déni, elle prit son portable et fixa les dernières tentatives de son mari de la joindre et appuya pour le rappeler. Tombant sur son répondeur, elle dit :

- Chéri, c'est drôle. On vient de m'annoncer que tu es mort.

Elle riait de démence lorsque ses enfants apparurent dans l'embrasure de la porte, les yeux emplis de confusion. Elle jeta son portable sur le côté et les prit dans ses bras, les arrosant de ses larmes. 

Sur le sol, abandonné, le portable continuait d'enregistrer un message qui, comme la Parole du Christ, ne parviendrait jamais dans les oreilles à qu'il est destiné. 

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Voilà la fin. Merci de votre patience et de votre attention. Que Dieu vous bénisse !

Appel manquéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant