ONE NIGHT

chapitre 3 : obsidien eyes



Avez-vous déjà eu l'impression de changer d'univers rien qu'en entrant dans une pièce ? que tout à coup le monde tel que vous le connaissez se métamorphose du tout au tout ? vous vous sentez perdue, pensant que vous venez de pénétrer sur une terre qui n'est pas la vôtre.

Eh bien, c'est le sentiment qui me submerge là maintenant.

Il a fallu que je pousse une seule porte pour qu'un rouge plus vif que celui du couloir assaille mes yeux, je n'ai bougé qu'une seule plaque de métal et me voilà coupé du monde auquel j'appartiens, les fils qui me connectaient à la réalité viennent de se déchirer.

L'ambiance ici est plus électrique, sauvage... dangereuse, l'air qui infiltre mes poumons empestent l'alcool et les cigarettes, deux inspirations et ma tête commence déjà à tourner, ma chair se durcit et mes poils se hérissent.

Malgré l'éclairage, je discernais ce qui m'entoure : la foule en chaleur devant moi dansant, collé-serré les uns les autres au rythme de la musique, le son envahit la pièce entière et je pense même apercevoir les murs trembler à cause des vibrations sonores.

ce concert est contrôlé par un DJ se trouvant au coin de l'immense pièce aux airs de hangar, tapis dans l'ombre, c'est lui qui a le pouvoir sur les gens de la piste de danse, il les domine à leur insu.

S'il décide que la musique soit lente.

Leur mouvement le sera tout autant.

Rythmée ?

Ils bougeront de plus en plus vite.

Et s'il décide de tout arrêter et couper le bruit, alors il s'arrêtera, car tel est son choix.

Je tourne la tête pour voir si Johan se trouve à mes côtés, mais on dirait que je l'ai perdu.

Je repose une nouvelle fois mes yeux sur la piste, mes muscles se contractent et je n'ai qu'une envie rejoindre cette bande d'inconnue, me mêler à eux et à leur mouvement dépourvu de toute synchronisation, remuer au rythme de la musique et devenir l'esclave de cette dernière, j'ai besoin d'évacuer cette frustration, cette peine, de la sentir quitter mon corps à travers les pores de ma peau.

Il faut que je comble le creux qui m'envahit.

Mon regard s'attarde sur un endroit du club un peu plus éclairé, ou trois hommes bougent derrière un comptoir se pressant de remplir les verres des clients assoiffés.

À la vue des liqueurs ambrées, ma gorge commence à gratter, j'ai besoin d'un stimulant qui m'aide à sauter le pas et à me détendre, et rien de mieux que l'alcool pour produire cet effet.

J'avance pas à pas, titubant dans l'océan de bras et de jambes que je traverse, quand j'arrive à la hauteur du bar, je me précipite vers un siège qu'une femme vient de quitter, je prends place sur le coussinet de la chaise et me fraye un chemin entre les nombreuses têtes afin d'attirer l'attention du serveur.

Alors que j'essaie de capter le regard de ce dernier, je sentis une main sur mes épaules et un souffle s'écrasant sur ma nuque, automatiquement, je pensais à mon ami, mais cette pensée fut aussitôt rejetée quand des ongles assez longs me griffèrent lentement tandis que la main de l'inconnue continuait de glisser le long de mon bras avant de s'arrêter.

Je tournais légèrement la tête, mon regard croisa celui de deux billes noires pleines de malice qui brillait plus que jamais sous les néons rouges. Je pris le temps de détailler la détentrice de ces deux obsidienne, ses paupières maquillées en noir allongeaient son regard et lui donnait des airs de fauves, son nez était long et fin, mais mon regard s'attarda sur ses lèvres ... Ces mêmes lèvres qui formaient un sourire séducteur.