Le passé sera toujours présent...

01 - We Used To Be Friends - The Dandy Warhols

Je suis en retard pour la soirée de retrouvailles de mon ancien lycée. Pour être franche, je n'ai franchement pas envie d'y aller et ne comptais même pas m'y rendre, avant que Matthieu et Guillaume insistent durement pour que je les accompagne. ''Aller, viens ! On va bien s'amuser, et on va voir ce que sont devenus ceux avec qui on était en classe'' ont été les mots que les gars n'ont cessé de me rappeler durant ces six derniers mois. Si j'ai accepté, c'est uniquement pour qu'ils me fichent la paix. Ils vont m'engueuler, quand je vais arriver, pour mon retard.

Plus je m'approche de l'endroit où se tient la réception, plus mon estomac se noue. Déjà au lycée, j'ai toujours eu la boule au ventre lorsque le bus arrivait près de l'établissement, parce que j'ai toujours détesté cet endroit et les gens qui y étaient. Cela ne fait que tout juste quatre ans que j'ai quitté cet endroit mais j'ai tourné la page et décidé de ne plus jamais revenir dans le passé.

Je me gare, sur la première place de libre que je trouve. Il y a deux bonnes centaines de voitures de garées, et le stress me torture l'estomac, à la vue de tous ces véhicules. J'ouvre la portière arrière du mien, pour en sortir mon filleul, dont j'ai la garde ce week-end.

A l'entrée du gymnase, une table est installée, où trois personnes y sont assises et pointent le nom des invités, avant de nous laisser entrer. Dans la salle, je cherche des yeux mes deux amis, mais parmi tous ces gens, j'ai du mal à discerner leurs têtes. Une des profs, qui était déjà en poste quand j'étais au lycée, vient me voir pour me placer.

Non seulement ça me fait suer d'être ici, mais en plus je ne peux pas choisir ma place ? C'est quoi ce bazar ? Je me retrouve à la table des secondes 7 de l'année scolaire 2008-2009. Des personnes que je ne tenais pas particulièrement à revoir.

Le proviseur actuel, au micro, nous demande de tous rejoindre nos places attribuées, le temps qu'il fasse son discours et nous explique le programme et le but de la soirée. Je n'écoute que distraitement ce qu'il raconte. Préférant me concentrer sur ce que dit mon filleul.

_ Mathilde ?

J'entends une voix masculine que j'ai déjà entendu, derrière moi. Je me retourne et ai l'agréable surprise de découvrir Antoine, un gars avec qui j'étais en seconde et avec qui je suis sortie plusieurs mois.

_ C'est moi, réponds-je. Ça va ?

Je me lève pour lui faire la bise, ainsi qu'à ses copains dont je me souviens avoir fait des soirées et été en classe avec eux.

_ Ça alors, tu as sacrément changée ! Pourtant cela ne fait que quatre ans que je ne t'ai pas vu.

_ Par contre, désolée, mais tu n'as pas changé en quatre ans.

Il rigole et vient s'asseoir à côté de moi.

_ C'est ton fils ?

_ Non, c'est mon filleul. J'en ai la garde ce week-end. Je ne pouvais pas faire autrement que de l'emmener avec moi.

_ Et qu'est-ce que tu deviens ?

_ Pas grand chose. Je vis à Londres la plupart de l'année. Et toi ?

_ Je suis pompier, sur Paris.

_ Waouh ! C'est génial ça.

_ Et toi, tu fais quoi à Londres ?

_ Je travaille dans une auberge de jeunesse, en tant qu'agent polyvalente. En gros je nettoie la merde des gens, accueille les gens, les conseille, ... et à mes heures perdues, je garde des enfants.

_ C'est marrant, jamais je ne t'aurai imaginer faire ça.

_ Parce que ce n'est pas ce que je compte faire jusqu'à la fin de mes jours, mais ça paye bien et je suis à Londres alors pour le moment, je ne cherche rien d'autre.

_ Ouais, pas facile de trouver du boulot maintenant. T'avais continué tes études après le lycée ?

_ Ouais, mais j'ai vite abandonné la fac. Ça ne me correspondait pas du tout. Alors j'ai décidé de me faire une année sabbatique pour réfléchir sur ce que j'aimerai réellement faire, en voyageant aux quatre coins de la France, puis j'ai rencontré son père, qui a été muté sur Londres, du coup je l'ai suivit, à sa demande, et je suis encore en année sabbatique.

Ça me fait vraiment plaisir de le revoir. C'est l'une des rares personnes ici, à qui je pense souvent en me demandant ce qu'il devient.

Il a été la seule personne avec qui j'ai créé des liens durant ma seconde et avec qui durant toute ma scolarité au lycée continuait à discuter encore, malgré le fait que nous n'étions plus ensemble au milieu de notre année de première. J'ai appris à la connaître seulement au mois de mars de l'année de seconde et parce que notre professeur d'anglais avait demandé à ce qu'on se mette par groupe de deux pour écrire un conte. Au départ, il s'était mis avec son meilleur ami, mais la prof a préféré les séparer afin qu'ils soient plus productifs, et m'a mise avec lui. J'ai crains au début, ce binôme, mais finalement je n'ai jamais autant rigolé en classe qu'avec lui et on a fini par ne plus pouvoir se passer l'un de l'autre par la suite, avant de sortir ensemble.

_ Tu as quelqu'un dans ta vie, me demande-t-il.

_ Non, pas en ce moment. Et toi ?

_ Oui. Ça doit faire un peu plus d'un an.

_ En même temps, être pompier, c'est le coup assuré pour se trouver quelqu'un, rigolé-je.

_ C'est vrai. Je n'ai jamais eu autant de filles à mes pieds depuis que je porte l'uniforme. Avant, les filles ne s'intéressaient que très peu à moi, à cause de la mauvaise réputation que j'avais au lycée.

_ Pourtant, il y avait pire que toi, comme réputation.

_ Tu as été la seule à vouloir vraiment me connaître.

_ Euh non. Je ne sais pas si tu te souviens, mais il y avait Caroline qui était amoureuse de toi.

_ Je l'avais oublié celle-là ! Je ne m'en suis souvenu qu'en la revoyant tout à l'heure. Elle n'a pas changé, elle a toujours une dégaine de mec et est toujours aussi peu séduisante. Pourtant, j'ai cru comprendre qu'elle avait un mec.

_ Oui...

Je ne lui en dit pas plus, mais ce n'est pas l'envie qui me manque. Juste ma raison qui me rappelle à l'ordre en me disant que ce n'est pas très gentil de critiquer les gens dans leur dos.

_ Enfin ça me fait plaisir de te revoir. Je reviens, je vais fumer, mais tu me gardes la place à côté de toi ?

_ Je vais essayer, mais j'ai du monde à aller voir alors je vais aussi m'absenter.

_ D'accord, eh bien on se débrouillera.