Première Lettre, J.

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Chambre 1519, Lundi 1er Mars.

Cher.e inconnu.e,

Vous vous apprêtez à lire la première missive de mon histoire. Elle va vous raconter la première partie de ma vie. Chaque lundi de ce mois de mars vous recevrez une lettre semblable à celle-ci.

Je m'appelle Jack. C'est un prénom. Comme tous les prénoms, il sert à désigner. Savez-vous d'où vient le mot prénom ? Il vient avant tout du dictionnaire, mais aussi de l'évolution de la langue. Langue est un mot qui possède une double signification :

La langue que l'on parle, ou la langue, ce muscle qui nous permet de parler.

Je m'appelle Jack et j'ai un cancer de la langue. Vous le remarquerez sûrement, j'ai une fâcheuse tendance à divaguer.

Ma vie a commencé il y a précisément, vingt-trois ans, sept mois, deux semaines, cinq jours, dix-neuf heures et quinze minutes. À l'heure où vous lirez cette lettre je me doute que j'aurais vieilli de quelques jours, heures et minutes. Mais pour l'instant, en arrondissant au maximum, j'ai vingt-trois ans et demi.

Je ne me résume pas qu'à mon cancer que l'on n'a détecté qu'il y a sept mois, deux semaines, cinq jours, dix-neuf heures et dix-sept minutes. Vous vous en doutez, le jour de mon anniversaire. Les vingt-trois années précédant le jour tragique où mon espérance de vie s'est consumée, j'étais doué à l'école, bavard et bagarreur. (souvent je m'attirais les bagarres car je parlais trop) On me considérais comme chanceux, des amis, de l'argent et une femme. J'ai tout perdu lors de ma vingt-troisième année (soyons d'accord je suis dans ma vingt-quatrième année, le raisonnement est simple mais compliqué à expliquer je me passerai donc des détails sachez juste que j'ai toujours eu vingt de moyenne en maths). Mon argent ? Un pari que j'ai perdu. Ma femme ? De l'argent que j'ai perdu. Mes amis ? Un cancer que j'ai eu.

La première partie de ma vie n'est-elle pas remisée au placard, maintenant que je sais que je vais mourir dans un mois ?

Une dernière chose avant de signer :
Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, Socrate. J'aurais dû garder en mémoire cette phrase parfaite pour ma situation actuelle.

Avec fatigue,

Jack.

JACKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant