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On est dimanche soir et Martin rentre enfin à Paris. Dans moins d'une heure il sera sur le tarmac de Charles de Gaulle.

Jeudi, en sortant du bureau de Yann, les autres m'ont forcé à sortir. Je n'avais plus envie après la brève conversation eu avec Martin mais ils m'ont motivée et ça m'a finalement vraiment fait du bien.

Pierre est actuellement à l'aéroport où il attend impatiemment Martin et le reste de l'équipe. Je suis restée à la maison, avec Mélo et Étienne qui veulent être là pour le retour du guerrier.

De: Pierre
Colis bien réceptionné.

Je ne peux m'empêcher de rire. Quel idiot.
La porte s'ouvre enfin et, sans réfléchir, je cours vers l'entrée. Je saute dans les bras de Martin qui fait tomber ses affaires sur le sol. Je reste dans ses bras un long moment, le serrant fort contre moi.
J'y eu si peur ces derniers jours et c'est en le serrant dans mes bras que je réalise qu'il est enfin là et qu'il va bien. Lorsqu'on se lâche enfin, je le regarde pour la première fois. Il a les yeux cernés, les cheveux en bataille et surtout, les traits terriblernent marqués. Martin me fixe également et il finit par me reprendre dans ses bras.
Il finit par saluer les autres et on ouvre des bouteilles de bière pendant qu'il nous raconte son périple. Ils ont convenu avec Yann qu'il vienne sur le plateau demain pour faire un rapport de ce qu'il a vu et ce qu'il s'est passé puis il a une semaine de repos. Je pense qu'il en a grandement besoin.
Lorsque nos invités partent vers minuit, chacun s'installe dans son "lit", Pierre dormant toujours sur le canapé. Alors que je commence à m'endormir, quelqu'un frappe à ma porte.

"Martin: Je peux entrer ?
Alex: Bien sûr !"

Il vient s'installer dans mon lit.

"Alex: Ça me fait tellement de bien de te voir.
Martin: Et moi donc ! Mais tu sais, ça allait Alex. Je pense que ça avait l'air plus terrible vu d'ici.
Alex: Tu rigoles ? Tu as été attaqué Martin ! Et mis en sureté dans un espèce de bunker.
Martin: Tu le dis toi-même, j'étais en sureté."

Je ne réponds pas. Martin est là et c'est le principal. On discute très peu de temps puis on s'endort tout les deux. Lorsque mon réveil sonne le lendemain matin, j'essaie de faire le moins de bruit possible mais Martin finit par se réveiller.

"Alex Je suis désolée.
Martin: Ne t'inquiètes pas. Je dois aller au bureau de toute façon.
Alex: Oui enfin tu as le temps.
Martin: Ne t'en fais pas, j'aurais toute la semaine pour me reposer."

On avale un café en silence pour ne pas réveiller Pierre qui dort à poings fermés, puis je quitte l'appart. Dans le métro, seule avec mes écouteurs, je prends peu à peu la mesure que Martin est rentré. La journée s'annonce alors bien plus belle.

La journée terminée, je rejoins immédiatement Bangumi. Je mange là-bas ce soir, après l'émission avec Yann, l'équipe qui était en Irak et tout les chroniqueurs qui veulent se joindre à nous. Lorsque j'arrive, je tombe sur Clément, le JRI qui était avec Martin en mission. Ce soir, il passe de l'autre côté de la caméra et doit rejoindre Martin sur le plateau pour l'appuyer dans son récit. Il est stressé de devoir passer à l'antenne et ça me fait doucement rire de savoir qu'il est plus angoissé par ça que par le fait de couvrir des évènements dangereux. Je lui dis de me suivre jusqu'à l'heure de son passage à l'antenne et on rejoint Zélia.

L'émission vient de se terminer et Clément a été parfait. Yann est fier de ce qui a été produit aujourd'hui même s'ils ont dû annuler un invité pour faire cette émission spéciale.
Pierre ne reste pas manger avec nous et j'imagine que je n'ai pas besoin de préciser avec qui il va
passer la soirée. Après le repas, plutôt calme au vu de l'état de fatigue de chacun, on rentre à l'appart.

Lorsque je me réveille le lendemain, Martin est déjà planté devant la télé, suivant en direct les
événements qui se déroulent en Irak.

"Alex: Tu veux pas décrocher?
Martin: J'arrivais pas à dormir.
Alex: Tu devrais retourner au lit, il n'est que 6h15.
Martin: T'inquiètes, je ferais la sieste
Alex: T'as laissé ton lit à Pierre ?
Martin-avec un sourire amusé: Non. Il n'est pas rentré de la nuit.
Alex: Et beh, y'en a qui ont la belle vie."

Martin se met à rire et vient me rejoindre pour déjeuner. Durant tout le temps où on mange, je le
vois zieuter la télé, ce qui m'inquiète. Il est rentré maintenant, je sais que c'est son métier de se tenir informé mais il devrait décrocher un peu. Au moins le temps de se remettre.

"Alex: Martin ? Tu as passé la nuit devant les chaines d'infos ?
Martin: Plus ou moins. Tu sais, c'est bizarre de ne plus y être.
Alex: Tu sais que tu n'as pas à culpabiliser d'être rentré ?
Martin: Je sais. Mais je peux pas m'empêcher de me dire que je les ai lâchés.
Alex: C'est faux tu le sais très bien. Tu as couvert l'actualité comme on te l'a demandé et tu as rentré lorsque ta production n'avait plus besoin d'images.
Martin: Tu sais autant que moi que c'est faux. On m'a fait rentrer pour me protéger.
Alex-m'emportant. Et c'est bien normal !
Martin: Tu peux pas comprendre !"

Je sais que Martin est à cran mais sa phrase me blesse.

"Martin: Pardon Alex. C'est juste que je m'inquiète pour eux.
Alex: Tout va bien se passer.
Martin: Ah bon ? Tu dirais ça si c'était moi qui y était en ce moment ?"

Non.
Je reste silencieuse. À vrai dire, je ne sais pas quoi répondre.
Je quitte l'appart pour aller au travail après avoir embrassé tendrement Martin et lui avoir conseillé, une fois de plus, d'aller se coucher. Martin est différent depuis qu'il est rentré et il a raison, je ne peux pas comprendre ce qu'il a vécu. En pensant à tout ça et pour éviter que Martin s'enfonce dans quelque chose de nocif, je fais quelque chose que je m'étais promis de ne pas refaire de sitôt.

"Alex: Allo ?
Yann: Alex ? Qu'est-ce qu'il t'arrive de si bonne heure ?
Alex: Désolée de te déranger, je me suis dit que tu ne serais plus en train de dormir.
Yann: Et tu as raison, j'allais déjeuner.
Alex: Je voulais te parler de Martin.
Yann: Quelque chose de grave ?"

Je parle de mes inquiétudes avec Yann, tout le long de mon trajet jusqu'à la boutique. Lorsque je raccroche, Yann me promet qu'il va appeler Matin et ça me rassure un peu. Je sais à quel point Yann est un modèle pour Martin et je sais qu'il peut le raisonner et surtout l'apaiser.
La journée est terriblement longue. Je ne fais que penser à Martin. Et Yann, mais pas pour les mêmes raisons. J'ai envoyé un message à Martin dans la journée pour m'assurer que tout allait bien mais je n'ai eu droit à aucune réponse. Avant de rentrer à l'appart, je décide de passer par les studios.
L'émission touche à sa fin et tout le monde est étonné de me voir. Lorsque j'ai salué tout le monde et bavardé un instant, j'accoste Yann pour savoir si on peut discuter un instant.
Il m'entraine dans son bureau où l'on se retrouve seuls une fois de plus. Je m'assois sur son bureau, comme j'avais l'habitude de le faire et il s'installe dans son fauteuil.

"Alex: Alors ?
Yann-me regardant: Alors.
Alex: Martin ?
Yann: Ah oui pardon ! Écoute je l'ai appelé en début d'après-midi, il avait l'air d'aller bien.
Alex: C'est tout ?
Yann: Écoute Alex, tu as eu très peur et c'est normal mais Martin est simplement fatigué.
Alex: Non Yann, il y a autre chose. Je t'ai pas appelé ce matin pour te dire que Martin avait l'air fatigué.
Yann: Ecoute, c'est normal qu'il soit secoué.
Alex-le coupant: Je l'ai trouvé à 6h ce matin, scotché devant la chaînes d'infos. Il n'a pas dormi de la nuit, il regarde ce qu'il se passe en Irak en boucle. Il est inquiet.
Yann: Sérieusement ? Il m'a dit qu'il avait bien dormis.
Alex: Et moi je te dis que non. Il pourrait pas avoir accès à un psy ou une cellule d'écoute après ce genre de chose ?
Yann: Si si bien sûr mais...
Alex-le coupant: Et il faudrait voir le reste de son équipe aussi.
Yann: Alex !"

Yann pose sa main sur mon genou et je me tais immédiatement.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 29, 2024 ⏰

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