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𝓐rtemis

Esᴛ﹣ᴄᴇ ϙᴜᴇ ʟᴀ ᴘᴇᴛɪᴛᴇ ᴠɪsɪᴛᴇ sᴜʀᴘʀɪsᴇ d'Esteban à mon appart m'avait angoissée à l'idée de partir pour ses petites vacances ? Oui. Avais-je, peu après, décidée sur un coup de tête d'envoyer un message à Sam ? C'était fort probable.

Je ne sais pas exactement à quoi je m'attendais en lui envoyant ce message mais, sur le moment, Esteban m'était apparu comme une montagne infranchissable. Un obstacle  insurmontable sur une route sinueuse où je m'étais aventurée.

Il fallait que j'accepte que c'était réalisable. J'avais juste besoin de me rassurer en sachant que Sam me connaissait un minimum, et que vice-versa.

Nous sommes de parfaits étrangers, ne cessait de me murmurer ma conscience.

Puisqu'en y réfléchissant, nous devrions non seulement convaincre Esteban, mais aussi tous mes amis, et aussi Willow. Aussi connue sous le nom de la femme qui me connaît le mieux sur cette terre.

Autant dire qu'on avait du pain sur la planche, et pas beaucoup de temps devant nous.

Mon gros sac à main en cuir sous le bras, je m'abritai à un immense arbre dans le centre ville de San Francisco.

Le ciel aujourd'hui était sombre, l'orage planait dans l'air comme une douce promesse d'éclater d'ici peu. Le soleil jouait à cache-cache derrière plusieurs nuages grisâtres, et parvenait parfaitement – derrière ses cachettes – à me faire transpirer.

Ou bien mes mains étaient moites de stress...

Je les essuyais sur mon jean rapidement.

On devait être un jour de nouvelle lune puisque je n'avais pas vu ma vieille amie de la journée, même avant que le ciel ne se couvre en fin d'après-midi.

Elle me manquait. J'aurai apprécié la voir.

Je sortis mon téléphone de ma poche pour vérifier l'heure : 17h57. Expirant l'air de mes poumons, je rangeai mon téléphone dans mon sac en scrutant la rue du regard. Je détestais attendre mais je n'avais d'autre choix que de prendre mon mal en patience. Machinalement, mon pied se mit à taper le sol de manière rythmée, reflet corporel de mon impatience.

— Tu m'attends depuis longtemps ? demanda une voix dans mon dos.

Surprise, je me redressais, mais ne n'eus pas besoin de me retourner pour reconnaître mon interlocuteur.

— Je viens juste d'arriver, mentis-je en passant ma tête par dessus mon épaule.

Sam soupira de soulagement et me contourna pour se rapprocher de moi. Le suivant du regard, je remarquais ses joues légèrement rosies. Sur son front luisant, une mèche blonde bouclée décrivait un cercle parfait. Sa lourde respiration m'intrigua.

— Tu as couru jusqu'ici ? m'étonnai-je, mi-amusée mi-perplexe.

Ses lèvres se pincèrent pour - je crois - retenir un sourire et il essuya du revers de sa main son front transpirant. Grimaçant en voyant qu'elle était humide, Sam reporta finalement ses yeux rieurs sur moi.

— Ça se voit tant que ça ? plaisanta-t-il.

— Non, je suis juste observatrice.

Il rit doucement en passant une main dans ses cheveux.

— Je vois ça... Et est-ce que la dame si observatrice pourrait m'expliquer ce qui m'a poussé à courir sur plus de cinq cents mètres ?

Je n'essayai même pas de cacher le faux sourire que je lui adressai.

EclipseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant