5- Digne d'un film

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Je dévale les escaliers en courant. Je veux rentrer chez-moi le plus vite possible pour me poser dans mon lit. Ou peut-être que je cherche à fuir la personne qui est derrière moi ? Le regard que nous avons échangé ce matin me secoue encore. Je marche d'un pas rapide jusqu'à la forêt. Une fois abritée par les arbres, je ralentis pour reprendre mon souffle. Il ne faut pas oublier que ce matin, j'ai fait de l'athlétisme. Courir a laissé quelques séquelles à mon corps pas très sportif. Je continue de marcher à petits pas. Je lève la tête pour contempler la cime des arbres qui commencent à être dépourvus de feuilles. C'est plus fort que moi, mon regard oscille vers le début du sentier. Mais je ne décèle aucune silhouette humaine. Il n'a pas dû passer par ce chemin. C'est peut-être mieux. Je flâne au milieu des feuilles mortes. Ce paysage me fait sourire, il restera gravé dans ma tête durant toute ma vie. Une douce brise fait voler les feuilles mortes. Face à cette majestueuse petite tornade de feuilles, je ne me retiens pas. Je m'élance au milieu des feuilles mortes. Puis je me mets également à tournoyer. Je me sens plus libre que jamais.

- Tu te débrouilles mieux en danse qu'en athlétisme, même si ta prestation de ce matin était remarquable pour une personne qui ne fait pas de sport.

Dès que j'entends cette voix, je m'arrête en plein milieu de mes tournoiements. Je le dévisage. Il se tient à quelques mètres de moi. Je pensais qu'il n'y avait personne derrière moi.

- Je suis désolé de t'avoir dérangé, mais il fallait bien que je t'indique ma présence. Passer devant toi sans rien dire aurait été étrange, je ne voulais pas briser ton instant de liberté de cette manière, dit Antoine avec un léger sourire en coin.

- Tu m'as fait peur, murmuré-je en le regardant.

- J'ai bien vu ça. Veux-tu rentrer maintenant ? Puisque je présume que tu ne veux plus danser sachant que je t'ai interrompu. Nous pouvons marcher ensemble dans la forêt. Je ne te force pas, si tu veux rentrer seule, je comprendrai.

- Tu ne me déranges pas, répondé-je avec timidité.

Nous nous mettons en route en marchant le long du sentier. C'était bien la seule personne que je ne voulais pas croiser au moment où je dansais. Il m'a fait peur. Je pensais pourtant qu'il n'y avait personne dans cette forêt, du moins derrière moi. Nous continuons d'avancer en silence. Mais je me demande toujours comment j'ai fait pour ne pas voir qu'il y avait quelqu'un derrière moi. S'est-il caché derrière un arbre ? A-t-il marché en dehors du sentier ? J'y pense, mais m'a-t-il vu danser depuis le début sans oser venir m'interrompre ? Je commence un peu à paniquer. Il faut que je me calme, ce n'est pas un psychopathe. Ou du moins, j'espère. Je panique sans raison vraiment valable. Je me dois de me calmer. Il va sans ça le remarquer, si ce n'est pas déjà fait. Nous arrivons à la fin du sentier. Aucun mot n'a été prononcé. Dois-je lui dire un mot lorsque l'on va partir chacun de son côté ? Je pense bientôt avoir une réponse, nous arrivons à la fin du sentier et s'il suit le même chemin qu'Olympe, nous allons nous séparer. Des feuilles orangées volent dans les airs créant une atmosphère paisible. Mes drôles d'idées s'envolent aussitôt. Je jette un coup d'œil à mon voisin, il semble serein. Nous foulons le trottoir. Il s'arrête, j'en fais de même. Ses yeux s'ancrent dans les miens. J'ai comme une impression de déjà vu... L'échange de regards que nous avons eu ce matin était si intense. En fixant ses yeux, j'aperçois dans ma vue périphérique un sourire en coin se former sur les lèvres d'Antoine.

- Ne jouons pas de suite à ce petit jeu, dit-il en rompant le silence.

Je le regarde incrédule, il vient de me sortir de l'havre de paix que je venais de construire en me plongeant dans ses yeux.

- Dans l'état dans lequel tu es, fais attention sur la route. Je ne suis pas un gentleman. Je laisse une jeune femme rentrer seule alors qu'elle semble ailleurs et ce, par ma faute. Je suis vraiment un mauvais garçon. Désolé, mais des choses plus importantes que toi m'attendent. Peut-être à demain, ajoute-t-il avec indifférence en prenant la direction opposée à celle que je dois emprunter.

Adventures of AntiscaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant