III.

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Allongé sur le lit d'Alexandre, les jambes appuyées contre le mur, la tête pendant dans le vide, Tom regardait avec attention le visage de son ami, assit à son bureau. Même à l'envers, Alexandre était beau. Il était tellement studieux, bien plus que lui et c'était d'ailleurs un de leurs sujets de disputes favoris. Enfin disputes...Ils ne se disputaient jamais ou alors jamais vraiment. Mais les études et le manque d'application de Tom, qui était d'ailleurs loin d'être bête, étaient un sujet de tension récurrent. Alexandre craignait que Tom n'obtienne pas la fac qu'ils désiraient tous les deux, ce qui entrainerait inévitablement, leur éloignement. Cette option était inenvisageable, pour l'un comme pour l'autre et Tom, malgré son désintérêt apparent pour les cours et les examens, était anxieux à l'idée d'être séparé de son ami d'ici quelques mois. L'année de terminale passait à une vitesse folle, leurs professeurs ne cessaient de leur répéter. Il se prit à imaginer une vie loin de son ami et sa gorge se serra instantanément. Secouant la tête pour se dégager de ce futur effrayant, il sentit la culpabilité l'envahir en songeant à la peine qu'il ferait endurer à Alex s'il n'obtenait pas des notes suffisamment bonnes pour leur permettre de poursuivre leurs études ensemble. Il se redressa, le regard flou, et en un bond, il vint enlacer Alexandre, qui planchait toujours sur son devoir de littérature. En sentant le doux poids de son ami dans son dos, il lâcha immédiatement son stylo pour poser ses mains sur les bras qui enserraient ses épaules.

-Qu'est ce qui se passe Tom ? murmura t'il, une pointe d'inquiétude dans la voix, alors qu'il tournait déjà son visage vers lui dans l'espoir de déchiffrer dans les yeux océans, ce qui le troublait ainsi. 

-Rien...

Sa voix, même étouffée trahissait son mensonge.

-Ne me mens pas, tu sais bien que j'entends quand tu le fais. 

Il fit pivoter sa chaise de bureau, pour être totalement face à lui, s'arrachant à regret à son étreinte. Ne supportant pas leur éloignement dans un moment comme celui-ci, ses mains se mêlèrent naturellement aux siennes. Il les pressa doucement, passant son pouce sur la peau tendre et fine, lui rappelant ainsi sa présence et son soutien. Enhardi par les mots rassurants et l'étreinte apaisante d'Alexandre, Tom trouva le courage de poser des mots sur ce qu'il avait imaginé quelques minutes plus tôt.

-J'ai peur d'être séparé de toi, avoua t'il en plongeant ses yeux marines dans les siens, couleur ciel.

Rendre réelle cette angoisse, la faire exister en la partageant avec son ami de toujours, lui coûta. Il sentit son cœur se dérégler et pour ne pas se laisser submerger par cette vague d'émotions, il se jeta éperdument dans tout ce que lui offrait Alexandre. Il s'accrocha à lui, presque désespérément, attendant le moindre soupçon d'espoir pour s'autoriser à respirer à nouveau. Mais Alex ne répondit rien. En fait, il n'y avait rien à répondre. Lui aussi avait peur. Plus que ça, même, il était absolument terrifié. Mais il n'y avait pas de mots suffisamment forts pour exprimer ce qu'il ressentait à cette idée. Alors il se contenta de se lever et de presser son corps contre le sien. Ses bras vinrent s'enrouler autour de sa taille et il le serra avec force contre son cœur, se fichant de lui couper la respiration. Tom se détendit instantanément et lui rendit son étreinte, sa bouche tendre et adoratrice venant se perdre dans ses cheveux châtains.

-Je ne laisserai pas ça arriver. Je te le jure. Toi et moi c'est pour la vie, tu le sais bien non ?  murmura finalement Alexandre, lorsque son inquiétude eût reflué, ne laissant dans sa poitrine que son cœur battant désordonnément. 

Tom embrassa son front, le sourire enfin retrouvé et il vint glisser son petit doigt autour du sien. Oui, il le savait. Cela avait toujours été ainsi et il n'y avait aucune raison pour que ça change.

Ils restèrent un long moment enlacés et quand enfin ils se séparèrent, Alexandre alla rejoindre Tom sur le lit avec ses feuilles et ses stylos. Ils travaillèrent ensemble jusqu'à tard, dissipant leurs angoisses dans leur tendre et agréable proximité habituelle. 

L'amour au bout de tes doigtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant