L'amour au bout de tes doigts

II.

-Tom. Lève-toi, on va être en retard.

Un grognement s'éleva du dessous des draps mais il ne bougea pas d'un pli. 

-Je t'ai fait ton café, poursuivit la voix, espérant que cette information suffise à faire lever la marmotte qui lui servait d'ami.

La couette se redressa et laissa finalement apparaître une tête chiffonnée aux yeux endormis.

-C'est bas de me prendre par les sentiments.

Alexandre sourit et tendit à Tom la tasse fumante et odorante.

-Je sais, mais on ne peut pas se permettre d'arriver en retard. Je te laisse te réveiller, je vais prendre ma douche. Ton petit déjeuner t'attend en bas.

Il recula vers la porte, mais avant qu'il ait pu l'atteindre, il sentit un corps se presser contre son dos.

-Tu ne m'as pas dit bonjour, murmura son ami.

Sa bouche déposait involontairement, à mesure qu'elle bougeait, comme de petits baisers sur sa nuque. Alexandre frissonna et se retourna, ouvrant ses bras sur au corps à demi-nu et encore tiède, de Tom.

-Bonjour, dit-il en déposant un baiser léger sur sa joue.

-Bonjour, répondit Tom en raffermissant son étreinte.

Ils restèrent ainsi de longues secondes et ce fut Tom qui, une fois rassasier de la douceur et de la chaleur de son ami, le lâcha. Alexandre sourit et s'éclipsa sans un mot de plus. Tom était toujours un peu lent à se mettre en route le matin, il le savait. Après tout, ils passaient la majorité de leurs nuits ensemble et, à bien y réfléchir, la majorité de leur temps aussi. Il ne savait plus exactement quand avait commencé cette étrange relation fusionnelle. Peut-être avait-elle toujours été là ? Dans tous ses souvenirs, mêmes les plus anciens, Tom était là. Charles aussi, mais c'était différent maintenant et puis ça n'avait jamais été comme avec Tom, à bien y réfléchir. Rien ni personne ne pouvait égaler ce qu'il vivait avec son ami de toute façon et cette situation lui convenait parfaitement. Il avait la sensation, l'assurance même que tant que Tom serait à ses côtés, il serait heureux. C'était comme si tout était parfaitement à sa place ainsi et rien ne pouvait rendre son cœur plus léger et débordant d'amour et de reconnaissance, à cet instant.

Ce matin-là, comme tous les autres, Tom et Alexandre prirent le bus ensemble. Ils s'installèrent l'un à côté de l'autre lors de leur premier cours. Ils passèrent la pause de dix heures ainsi que celle de midi ensemble, avant de s'asseoir à nouveau côte à côte. Comme tous les jours. Cela avait toujours été ainsi et jamais relation n'avait été plus épanouissante et plus singulière.