Chapitre 5

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On peut dire que l'ambiance était gelée entre Jules, André et Noah.

Le jeune aux tâches de rousseurs n'était pas dans un bon état, sa lèvre était fendue, des bleus ornaient presque tout son corps et quelques-unes de ses côtes étaient fêlées.

Jules et André le regardaient avec froideur.

Noah était furieux.

-Comment vous avez pu me faire ça ! Me piéger ainsi !

Jules ricana, ses yeux devenant de plus en plus méchants au fur et à mesure de ses mots.

-Tu croyais vraiment qu'on t'appréciait ? Toi, la petite chose minable, heureuse de se faire accepter et de se faire reconnaître ?

Noah rougit, blessé par ses phrases et honteux qu'on ait aussi bien remarqué ses faiblesses.

-Ça ne reste pas une raison ! Vous devriez avoir honte !

Cette fois-ci, André explosa de rire.

-Honte de quoi ? De t'avoir dénoncé ? On est plutôt fier de ça au contraire.

Noah frappa son poing avec force contre la table.

-Vous savez quoi, vous méritez de crever en tant qu'esclaves.

Il partit ensuite furieusement de la pièce dans laquelle on l'avait autorisé à rencontrer ses deux complices.

Ses pas le menèrent rapidement à la petite pièce dans laquelle il pouvait dormir. En guise de prison, comme la base n'en possédait pas, on lui avait attribué un petit studio pour vivre.

On lui livrait les repas via un garde qui s'empressait de partir de la pièce, comme si Noah avait tué quelqu'un.

C'est ce qu'il avait fait, il l'avait tué, il avait tué. Un coup dans le cœur, situé à l'endroit parfait pour le tuer en un coup. Il avait tué le gouverneur juste avant de s'occuper des listes de noms. Noah ne le regrettait pas. Il l'avait fait pour eux, pas pour lui. Pour le bien de l'humanité, pour qu'ils retrouvent le système d'avant, celui où ils étaient libres, où ils ne s'ennuyaient pas. Mais Jules et André l'avaient trahi, ils avaient dénoncé Noah, ne l'avaient pas couvert.

Un politique était venu se présenter à lui, plus tôt dans la matinée et l'avait prévenu de la visite de ses complices, Noah avait pu donc leur parler.

Cela faisait seulement un jour qu'il était là, tout seul. Personne ne lui avait parlé, excepté le politique, Jules et André.

On ne peut pas dire qu'il vivait dans des conditions horribles. Il avait juste froid la nuit, chose qu'il n'avait jamais expérimenté avant.

Parfois il entendait des petits bruits étranges tout autour du studio dans lequel il était prisonnier.

L'ennui était la chose la plus insupportable pour lui. Voilà qu'on l'enfermait quelque part seul, alors que quelques jours avant il affrontait le système et tuait le gouverneur.

Maintenant il ne faisait que manger et dormir. La nuit il lui arrivait de se réveiller en sursaut avec en tête le regard d'effroi du politique. Noah en faisait des cauchemars, il culpabilisait, regrettait ses actes.

Le politique qui venait lui parler lui avait raconté que dehors rien n'avait changé. Le gouverneur avait aussitôt été changé et tout le monde avait repris sa vie comme si rien ne s'était passé.

Cette information n'avait qu'encore plus fait culpabiliser Noah. Il pensait rendre le monde meilleur, le changer. A la place il avait tué quelqu'un, de sang froid pour rien.

Il s'effondra, en larmes, son cœur serré par la culpabilité et le regret de ses actes. Il méritait de mourir, il ne méritait pas de vivre. C'est avec ces pensées que Noah se recroquevilla sur le lit.

Peu de temps après un bruit attira son attention.

-Monsieur Noah ?

Ce dernier se leva et partit rapidement à la rencontre de l'homme qui était entré quelques instants plus tôt dans la pièce.

-Oui ?

-Asseyez-vous.

Le politique tira une des deux chaises présentes sur la toute petite table.

Noah s'assit dessus, les yeux encore rouges suite à ses larmes.

L'homme d'affaire lui fit un sourire triste.

-Vous êtes accusé de meurtre attentionnel ainsi que de récupérations d'informations de manière illégale.

Noah acquiesça lentement aux informations.

-Bien. Dans tous vos témoignages vous affirmez avoir des complices. Cependant personne ne confirme cette information et tout le monde sous entends que vous mentez.

-Non ! J'avais des complices !

Le politique le regarda, un sourire narquois sur le visage.

-Oui, c'est ce que vous affirmez depuis le début. Cependant, nous avons demandé à vos soi-disant "complices" et aucun des deux n'affirme être dans le coup.

Noah tapa son poing contre la table, pour la seconde fois de la journée.

-Ils étaient mes complices ! Je le jure ! C'est eux qui m'ont montré tout le plan ! C'est eux qui m'ont dit d'aller récupérer les noms ! Vous n'avez qu'à demander à toutes les personnes présentes dans la cantine ce jour-là ! La cantine entière a vu la scène ! Pour le meurtre ils m'en ont parlé à part, dans leur chambre. C'était notre idée à tous les trois...

Il baissa sa tête et regarda ses ongles rongés jusqu'au sang. Il ne devait pas dire la vérité, mentir, ne pas dire que c'était seulement eux qui avaient tout prévu. Que dans cette pièce ce n'était pas lui qui avait le couteau.

Ils pourraient le tuer.

Le politique secoua la tête de droite à gauche, en poussant un long soupir.

-Tout le monde affirme le contraire. Ça ne sert plus à rien de mentir Monsieur Noah, votre sort est scellé. De toute façon, votre jugement a déjà été effectué. Souhaitez-vous connaître votre sentence ?

Noah se leva violemment de sa chaise.

-C'est entièrement faux ! Tout est faux ! Je refuse de me faire accuser ainsi ! Et puis, je n'ai même pas assisté à mon jugement ! Je ne suis pas sensé y être ?!

L'homme regarde Noah.

-Veuillez-vous rasseoir. Maintenant vous allez m'écouter. Personne ne vous croit. Vous avez fait cet acte, vous êtes le coupable. Votre jugement a été effectué sans vous car vous n'êtes qu'un menteur Monsieur Noah.

Il réarrangea les papiers présents dans sa main puis remonta ses lunettes en attendant que Noah se rasseye. Une fois le jeune sur sa chaise, il se remit à parler.

-Maintenant votre sentence : Vous êtes condamné à être envoyé sur une autre planète, Mertua, là-bas deux choix s'offriront à vous. Dans le premier vous serez considéré comme domestique, dans le deuxième vous effectuerez des travaux forcés. Rien ne garantit que votre corps supporte le rythme des travaux que vous aurez à faire. Veuillez choisir dès à présent.

Noah hésita un moment et fit son choix.

-Je vais faire domestique.

Le politique acquiesça, rangea ses papiers puis partit. Juste avant qu'il ne prenne la porte il informa Noah que son transfert s'effectuera le lendemain.

Noah était dévasté. 

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