chapitre neuf

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PIERRE DÉTESTE LA SOLITUDE. Pourtant, elle le rattrape rapidement dès lors que la porte claque après que Hella lui ai demandé de l'impressionner pour cette nouvelle journée. Il décide d'y réfléchir plus tard, ses pensées sont tournées vers le négatif depuis quelques instants et rien ne vaut un passage sous l'eau glacée pour lui changer les idées.

Pierre aime les douches froides. Cela lui remet les idées en place, quand tout semble partir de travers. Cependant, des flash-backs reviennent fréquemment.

- Je veux que tu restes en vie, faut pas que tu partes.

- Je partirai pas calamar. C'est fini tout ça.

- C'est vrai ?

- Plus autant qu'avant. Ça ne s'en va pas en deux semaines. Mais je te promets que je te laisserai plus tomber.

- Comment tu peux en être sûr ? Je t'ai vu en Australie, je veux pas que ça recommence encore, je veux pas, je veux pas. 

- Eh eh, qu'est-ce que tu me fais là ? Pierre.

- Des fois je rêve que je ne te sauve pas.

- ...si les âmes sœurs amicales existent, tu es la mienne.

Il grelotte amèrement en repensant à ce douloureux événement. Après la nuit agitée du grand prix de Monaco, lorsque Charles a pris soin de lui alors même qu'il avait passé une terrible course ruinée par sa propre équipe. Pierre ne mérite pas Charles.

Enfin, c'est ce que son cerveau lui entreprend de penser à longueur de journée. Le monégasque est bien trop précieux, le français bien trop dur envers lui-même dans sa vie privée. Le châtain sort enfin de la salle de bain après avoir passé une quinzaine de minutes sous l'eau glacée. Ses idées sont toujours aussi négatives, et il ne sait que faire pour calmer l'angoisse qui monte en lui. Son téléphone entre les mains, il hésite à appeler le seul qui pourrait réellement l'aider. Pourquoi l'embêter ? Puis la façon dont il lui a parlé la dernière fois, inacceptable selon lui. Pourtant, ses entrailles se nouant avec force, il compose le numéro du brun qui répond en quelques secondes à peine. Comme à chaque fois que Pierre l'appelle. Il n'a aucun besoin de patienter.

- Oui Pierre ?

- Je... il ronge ses ongles comme à chaque fois que la crainte l'envahit.

Ses mots se perdent au fond de sa gorge. Charles attend patiemment qu'ils arrivent à son oreille. Il connaît son ami par cœur, et lui forcer la main n'est jamais la solution.

- Je m'excuse d'avoir raccroché y'a deux jours.

- Si tu m'appelles uniquement pour ça je serais capable de me vexer, t'as pas à t'excuser calamar, c'est rien.

- Oui.

- Tout va bien ?

- Et toi ça va avec Matteo ?

Charles se pince l'arête du nez en évitant d'éveiller tout soupçon au travers du téléphone. Les mêmes conversations en boucle pour passer le temps sans jamais que Pierre ne mette un mot sur ses ressentis. Mais Charles sait.

Sait que ce simple appelle suffit au normand, parce que lui sera présent pour l'écouter, même si c'est pour parler de la pluie ou du beau temps.

- J'arrive en Sicile demain, déclare alors le brun.

- Quoi ?

- Ton état m'inquiète Pierre. T'as été indirectement présent pour moi lorsque j'étais au plus bas, laisse-moi être présent pour toi aussi. Te renferme pas.

𝐀𝐔𝐆𝐔𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant