chapitre dix

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PIERRE EMMÈNE HELLA dans la discothèque la plus prisée de Palerme. Il fait d'ailleurs les yeux doux en usant de sa vie professionnelle pour éviter la foule qui attend de se faire une place à l'intérieur. L'orage gronde au-dessus de l'Italie, dans quelques minutes ils seront sûrement sous des trombes d'eau, alors le pilote a rapidement pris les devants pour faire de cette soirée un moment inoubliable, comme tous ceux qu'il passe avec la jeune femme. La musique bourdonne dans leurs oreilles alors qu'ils commandent leur premier verre de la soirée. Pierre détaille la jeune femme plus que d'habitude, ce qui ne manque pas de questionner la finlandaise.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Un mojito. Tellement classique, juge-t-il avec un sourire en coin alors que les lèvres de la blonde s'étirent.

- Dit celui qui a pris un cuba libre...

- Sauf que ce que j'ai pris, ça a du goût madame, sachez-le.

- Je trouve que vous êtes trop sur la critique monsieur, fit-elle en lui donnant son verre qui vient d'arriver. On trinque ?

- À cette soirée,

- À cette soirée.

Leurs verres s'entrechoquent et doucement, la température monte dans la discothèque. Les verres et les discussions s'enchaînent rapidement, tellement qu'ils ne se rendent même pas compte de la quantité qu'ils ingurgitent. Ils ne dépassent jamais leurs limites, voulant tout de même profiter pleinement de la soirée, mais le cerveau de l'un comme de l'autre commence à jouer des tours. Leurs corps se mêlent à une danse endiablée parmi la foule qui s'entrechoque de la même façon que les verres au fur et à mesure de la nuit. Les mains du français épousent parfaitement les hanches de la blonde tandis que ses ongles se logent dans sa chevelure châtain, ébouriffée par le temps, la chaleur et l'entrain qu'ils mettent à chacun de leurs mouvements.

Ils dansent, chantent, se servent verres sur verres en se demandant quand est-ce que leurs lèvres se rencontreront de nouveau, comme si les fois précédentes n'ont été qu'un mirage, un oasis dans le désert de leur vie morose. Pourtant, ils laissent durer la tentation. Ils se frôlent, jouent de leurs atouts respectifs et c'est ce qui augmente la sensation de bien-être autour d'eux. Ils se font de l'effet et ce plaisir est si précieux qu'ils ne souhaitent pas s'en défaire de sitôt. Les yeux bleus du normand percent l'âme de la jeune femme qui ressent des frissons dans tout son corps. Son regard le supplie de venir attaquer ses lèvres charnues qui ne demandent que cela.

Hella s'éloigne de la foule pour se retrouver dans un coin de la discothèque. Pierre la suit, admirant chacune de ses courbes manuscrites le temps qu'elle parvienne à un endroit plus calme. Pierre ne pense plus à ses craintes. Pierre ne pense plus à ces songes qui lui répètent qu'il finira par perdre à ce jeu. Pierre n'écoute plus.

Parce que Pierre a enfin retrouvé le goût de ses lèvres douces. Il en est avide, accro, en redemande à chaque instant lorsqu'il approfondi ce baiser déjà si sensuel, si passionnel, si sauvage, à l'image de leur relation qui ne montre aucune stabilité.

La flamme est tellement puissante qu'ils ne comprennent pas qu'elle n'est pas éternelle. Le feu les consume, pourtant ils aiment se brûler violemment.

Brasier.

Hella met fin au baiser contre son gré et plante ses prunelles azur dans celles de son partenaire qui semble essoufflé et perturbé par ce qu'il vient de se passer. Ils ne prononcent pas un mot, leurs corps parlent pour eux-mêmes. La finlandaise attrape la main du rouennais et l'entraîne en dehors de cet amas d'individus.

Tous les éléments composants l'univers sont voués à s'éloigner, inexorablement. Mais eux défient les lois de la voie lactée et, aimantés l'un à l'autre, ils quittent la rue de la discothèque, laissant toutes leurs émotions à l'intérieur de celle-ci.

𝐀𝐔𝐆𝐔𝐒𝐓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant