C'est l'été,
Le vent secoue doucement les arbres qui bordent la route.
Elle est allongée dans le pré, les yeux tournés vers le ciel.
Les doigts noués derrière sa nuque, une jambe pliée ;
Elle écoute, regarde, en silence.
Ses cheveux sont libres de se laisser porter par le vent, formant une couronne autour de sa tête.
Une grive musicienne vient se poser sur son genou, fixe le sourire tendre qui illumine son visage pâle. Elle s'incline doucement sur le côté, comme si elle cherchait à capter le regard de la jeune fille, siffle doucement une de ses nombreuses mélodies, ouvre ses ailes, s'envolant vers le bleu du ciel.
Son doux sourir s'étend sur son visage, elle la regarde s'éloigner à travers l'ombre du feuillage.Il écrit, penché sur son cahier, assis sur le banc qui borde la table de la cuisine.
Les oeufs dans la poêle grésillent doucement ; il se tourne, se stoppant dans son ouvrage, reprend. Sa mère entre, remue leur futur repas. Elle lui jette un regard, pousse quelques cahiers, entreprend de couper des tomates.
Le bruit du long couteau s'abaissant lentement règne sur la pièce pendant une dizaine de minutes.
Il s'étire le cou doucement, change de cahier, secoue ses doigts endoloris et recommence à écrire.
Marc entre dans la pièce, la mine grave, tend un journal plié en deux à sa mère.
Il sait que quelque chose ne va pas, sa mère pose son couteau, tremblante, sur la table ; lui passe le journal.La guerre, déclarée à la fin du mois de juin.
La guerre, déclenchée à cause d'un assassinat effectué à l'autre bout de l'Europe.
La guerre, causée par la vanité des gouvernements, engendrée par la haine de certains et de tous ceux qui les suivent, sans penser aux conséquences sur leurs peuples.
La guerre, cette passion humaine pour la destruction en masse où les véritables concernés envoient leurs troupes se faire massacrer sans broncher, sans eux même participer à l'atrocité que provoque leurs intérêts.
La guerre, celle où ce sont les innocents qui sont sacrifiés.
VOUS LISEZ
Silences
PoetryÀ l'aube de la première guerre mondiale, une jeune fille partage rend hommage aux mémoires de ceux qui n'ont plus de noms.