Chapitre 1

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20h12.

Il allait bientôt être l'heure de descendre dîner. Aglaé soupira. Ces longs dîners avec ses parents semblaient lugubres. Leurs sourires, forcés. Leurs dialogues, artificiels. La table, trop longue. L'affection, trop fausse.
Enfin Aglaé pardonnait leur attitude froide à ses parents adoptifs. Après tout, dès le départ, son adoption n'était pas poussée par l'amour. Elle était à leur image; politique.

Et pourtant, elle avait gardé un léger espoir.
Mais depuis ses 5 ans, pas une de leur expression n'avait trahie une affection excédant celle qu'ils se devaient d'avoir en tant que responsables légaux.

Elle n'était pas malheureuse. Au contraire, elle avait une famille, un toit, de beaux habits; un enseignement irréprochable et même enviable; un destin, et non des moins prestigieux.
Elle avait également deux gardes du corps et l'interdiction de disposer librement de sa mobilité.
Elle n'était pas malheureuse. Était-elle heureuse?
"-Il faut bien y aller..."

Malgré le froid du mois de janvier, il fait chaud. Cette chaleur artificielle... Le chauffage est trop fort et étourdit presque Aglaé.
"On étouffe ici".

Elle s'assit après avoir brièvement salué Marilyn et William.

Marilyn , comme toujours, cherchait à sauver les apparences. Prise d'un soupçon de réflexe maternel, elle étudia l'expression d'Aglaé afin d'y déceler toute marque négative. Puis, satisfaite, elle fixa son assiette de haricots verts. Elle s'apprêtait à entamer au signal de William.
Lui ne se donna cette peine: la journée est dure et longue pour le patron d'une entreprise telle que Supfarma, il ne faudrait pas y rajouter les ennuis des autres.

Quelques paroles s'échangèrent au sujet de l'actualité:

-" Avez-vous vu que les actions des filiales agricoles ont drastiquement baissé ces derniers jours?
- Oui, j'ai tout réglé en conséquence.
- Ah... Quel soulagement !"
Aglaé esquissa un léger sourire : merci Marilyn d'avoir tenté d'amorcer un sujet de conversation...

Le dîner se poursuivit sans autre incident. Ou plutôt les incidents n'eurent pas le temps de troubler le rythme du dîner.
Après tout "Le temps, c'est de l'argent", comme aime à le répéter William. Grande phrase qui a su porter son entreprise. Un succès sans précédent dans le médical.

Enfin, le dîner est fini. Cette mascarade a le don d'exasperer Aglaé, et pourtant, chaque fois, elle en espère encore une once de réconfort.

De retour dans sa chambre.

Tiens, il faut travailler ou se distraire, avant de se coucher pour entamer une autre journée, identique... Puis ce serait dimanche ! Cette fois-ci, elle pourrait se distraire autrement, et éventuellement faire des emplettes. Ou plutôt demander à quelqu'un d'aller chercher ce dont elle a besoin.

"Et pourtant, je sais pertinemment ce qui ne va pas."
Et en effet, Aglaé était alors consciente de sa situation. Ce qu'elle voulait, c'était une raison noble de vivre. Un motif qui donnerait de la valeur morale à sa vie. Trouver la beauté à laquelle elle aspirait. Un sens.

"Dormons".

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 16, 2022 ⏰

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