Chapitre 1

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TW : meurtre (détaillé)

Dans cette petite allée parcourant les beaux quartiers de cette petite ville de Kyoto, une voiture noire aux vitres teintées se démarquait dans ce paysage orangé dû aux feuillages volant accompagné par un air rafraîchissant de ce mois de novembre. Une portière arrière s'ouvrait pour laisser un homme s'en échapper. D'une carrure épaisse, il était grand vêtu d'un long manteau noir duquel il avait remonté les manches laissant apparaitre des bandages plutôt abimés. Son habit sous ce lourd manteau se résumait à une fine chemise blanche par dessus laquelle gilet noir venait s'accorder à sa cravate de la même couleur. De longues mèches noir retombaient sur son visage fin mais masculin, caché par le col de son manteau se remarquait un tatouage dont on ne pouvait cependant identifier les contours. Il tenait de sa main droite un sac noir qui paraissait lourd, son bras tendu il l'ouvrit pour en sortir un revolver qu'il dissimulait dans l'une des poches intérieur de son manteau. Il referma le sac et se mit en chemin vers une des villas de ce quartier d'un pas déterminé sous les feuilles d'automne qui tombaient de leur branche par de bref coups de vent vers des cris d'enfants heureux, pour arriver vers la cour arrière du manoir où ses cibles demeuraient.

Il installait son sniper, informé qu'il ne restait que les membres de la famille, la tâche s'avérait simple, il pressa la détente, une balle partie heurtant de pleins fouet le front d'un petit garçon qui jouait au ballon. Il enchaina ainsi le carnage. La panique que les résidents dégageait diminuait les chances de réussite, d'une tête froide, il calmait les battements de son cœur et continua la chasse, ignorant les cris d'agonis qu'il laissait derrière lui. Il sortit de la maison, son costard noir était bordeaux, cette couleur profonde qui devait camoufler les giclées accidentelles n'avait pas pu effacer toutes les traces de cet homicide. Il trainait derrière lui un homme d'une quarantaine d'année, au visage défiguré, les larmes coulaient à flot le long de ses joues dodues, il espérait encore être épargner en le suppliant avec toute son âme. Le garçon ne laissait qu'un sourire sournois apparaitre sur son visage aussi clair que les fleurs ornant l'arche d'entrée aux jardins, la satisfaction qu'il éprouvait le coupait des supplices, il n'obéissait qu'à ceux qu'il avait reconnu digne. Il balança sa dernière victime entre deux buissons taillés, sortit son CZ P07 et se déchaina.

Pan, pan! Pan, pan, pan!
Il vidait son chargeur, couvrant le pauvre homme de balle sans le toucher mortellement, il l'entendait agoniser comme un agneau à l'abattoir. La dernière balle, celle qui lui accorda le sommeil éternel changea l'expression du meurtrier, son visage sournois recouvert de coutures devint infaillible, son extase devint une colère dont le ciel fuyait le regard. La détente fut pressée, la balle atteint la boite crânienne du cadavre déjà gisant au sol, l'homme couvert de sang rangea son arme jetant un regard méprisant sur la cible et parti, sous les yeux à la fois fiers et déshonorer des seuls survivant, observateurs impuissants.
Les coups de feu répétés retentissaient du jardin au halle principale, s'introduisant dans les murs, ce bruit sourd qu'effrayait autre fois toute la demeure devint familier, si ce n'était pas quotidien. Les bonnes et majordomes qui tantôt durent quitter les lieux n'avaient laissé de ce manoir qu'une bâtisse vide, sordide, accueillant souris et rats. La végétation reprenait ses droits sur les parois solides de ce monument ancestrale, les tourelles étaient enlacées de verdures, les jardins de roses avaient envahis les chemins menant aux vergers du fond. Sur ce terrain qui fut si vif, remplie d'émotions et souvenirs que chaque génération apportait s'envolait en éclat, le vase qui céda sous la pression de l'eau déchira les liens reliant chaque âme aux autres avant de les renier. D'une nombreuse famille exilée, il ne restait que les grands-parents mourants qui ne faisaient que contempler les pièces vides, les couloirs sans bruit, les jardins envahis. Le soleil se levait puis se couchait, leur temps défilait, leur solitude s'écoulait, leur vie prenait fin un matin hivernal, sous l'envol des corbeaux, une lumière trouble apparaissant sur ce mortel terrain.
Les hautes herbes sauvages reniaient sans représailles, les pommiers se tuaient accompagnés de toutes végétations jusqu'au plus coriaces, le rosier de fleurs blanches, le seul vivant, gagnait sur tous. Sa pureté cachait ses épines d'assassin, il avait décimé toutes les vies qu'il put rencontrer, il gagna toutes les batailles, ses racines jamais ne faiblir qu'il en devint fou. Il éclairait les autres dans la nuit, se laissait guider le jour, c'était un rouge vin qui venait abimer sa pureté. La couleur coulait le long des pétales si blanches des roses les recouvrant en un rien de temps d'un épais voile, quelques gouttelettes tombèrent, nourrissant le sol assoiffé. Les roses jamais ne redevinrent blanches, elles continuaient de fleurir d'un rouge carmin qui embellissaient le sombre éden des ronces envahissantes. Ce rouge n'était qu'un jeune fleuve qui devint vite un torrent coulant à flot, noyant le sol dans lequel le rosier grandit pour qu'il finisse corrompu. Le fil rouge du destin né avec lui avait depuis longtemps été rompu dès que ses mains rencontrèrent le sang. Ces coups de feu dans la demeure familiale où y résidaient de leur vivant la famille Saito dépeçaient, tuaient ces personnes dont nul ne connaissait le nom, ils mourraient sous les coups d'un psychopathe élevé, instruit, dont les actions étaient contrôlées, apprises et maîtrisées. Leurs vies prirent fin dans une atroce douleur dont le responsable en recevait une satisfaction éternelle. Sous les ordres de son patron, les liens familiaux qui avaient été reniés dès son enfance ne comptaient plus, ces mots, il n'en n'avait que l'éloge de ceux qui l'eurent connu. Il rejoint son véhicule, fut accueilli par deux hommes qui lui procurèrent de nouveaux tissus à vêtir et ils retournèrent tous sur leur pas, ouvrirent les portières et prirent la route, loin du cauchemar d'une mer de sang.



Ils arrivèrent à leur destination. Les portières s'ouvrirent, les deux hommes qui le suivait en voiture vinrent lui faire une tape amicale sur l'épaule, l'embrigadant dans l'imposant bâtiment qui se trouvait face à eux.

« De quoi as-tu peur maintenant ! » rétorqua le plus âgé, un grand sourire aux lèvres. Ils étaient partenaires de crime, lui et son acolyte rentraient également d'une certaine mission dont ils avaient été chargés et c'est en rentrant que leur chef ordonna la garde de leur poulain qui pendant ce temps, lui, remplissait ses obligations de tueur.
« Même si un jour tu foires il te pardonnera, il te tient en estime alors montre toi digne de notre patron. » réplica l'autre devant la porte d'entrée d'un ton froid. Ils passèrent devant les bureaux de leurs collègues qui n'étaient pas sur le terrain, la tête haute ils empruntèrent les escaliers qui les mèneraient tout droit aux quartiers de leur supérieur. Leur chemin se quittèrent avant, notre sniper dû aller seul à la rencontre du colossal patron. Il poussa délicatement la porte, appréhendant la rencontre qui pourrait lui être fatale, il avait achevé son ordre mais il n'était néanmoins pas à l'abris.
Leur discussion ne fut pas longue, si courte qu'il sorti avant 20 minutes. Il avança vers ses collègues et leur annonça la nouvelle.
« J'ai été promu ! Mon poste se rapproche de plus en plus de celui du bras droit. J'aurais moins de mission mais elles seront plus complexes. Faites gaffe à vos queux je vous rattrape ! » ajouta-t-il d'un sérieux glaçant. Les deux hommes lui lancèrent un regard noir, l'ainé plaça une main chaude sur les cheveux du jeune poulain et le félicita en lui garantissant qu'il ne se laissera pas faire, leur compétition débutait sous les coups de feu de ceux qui s'entrainait au stand de tire.
Les meurtres s'enchainaient, le poulain faisait ses premiers pas dans la cour des grands, c'était trois mois après sa montée de grade qu'il se rendit compte que même après tout cela, il lui restait un long et escarpé chemin à parcourir si il espère un jour pouvoir défier les plus grands. Durant un jour de repos, il sortait d'une douche rafraîchissante après plus de deux heures à se déchaîner dans une salle de sport, plus précisément contre un punching-ball, il avait été appelé en urgence ce soir de printemps, il s'empressa d'enfiler son costard noir sans oublier les épais bandages qui couvriraient le secret que renfermait ses bras, il se muni d'un long manteau en ajustant l'emplacement de son CZ P07 situé sur le côté gauche de sa ceinture, il replaça une mèche rebelle et accourut au rendez-vous. La scène qui s'offrait à lui l'effrayait, l'attristait. Des morts, il en avait vu plus que quiconque ne peut l'imaginer, cependant, lui qui était dénué d'empathie, d'émotions quelconque n'avait jamais vécu de perte, il n'avait jamais ressenti le vide émotionnel car il n'avait pas besoin de ses émotions quand il tuait, elles le rendraient trop faible, l'obligerai à raisonner, son pire cauchemar serait sans aucun doute d'être paralysé par ses sentiments qui pourrait le prendre n'importe quand au dépourvu. Le rejet ou être laissé face à soi-même étaient des choses que pourtant il connaissait si bien. lui qui autrefois fut recueilli après avoir perdu l'amour d'une famille dont aujourd'hui il ne reconnaissait aucun visage, aucun nom. Ce soir-là, la nuit du huit avril où la lune était pleine, il perdait celui qui lui avait tout donné, qui lui avait redonné espoir, celui qui l'avait accueilli, entrainé, éduqué, qu'il considérait comme sa famille, celui qu'il pensait invincible gisait sur son lit de mort, torturé par ses démons. Il voulait croire qu'il vivait, mais son âme quittait son corps avant que quiconque ne puisse réagir. Jusque dans ses derniers moments, il ne put s'empêcher de vendre les exploits de celui qu'il appelait fils, celui qui l'avait rendu heureux, qui l'avait fait se sentir comme un père, qui lui avait donné une famille, quelqu'un en qui croire. Il savait qu'il mourrait car atteint d'un poison qui se développait avec le temps mais voir ce petit garçon perdu, échoué qui peu à peu se développait en un homme fort qui hurlait à la lune, il en était si fier, il devait se battre pour ce jeune. Il n'avait pas honte de l'appeler « fils », malgré ses exigences il l'aimait tellement qu'il décida de tout lui léguer. Il dissout son groupe et pour son dernier ordre, soumit ses plus fidèles à son fils qui héritera de son titre, ils devraient le guider, le soutenir, ne jamais le laisser abandonner. Il avait encore tout à apprendre certes, mais son potentiel les dépassait tous, ils jurèrent fidélité au nouveau patron qu'ils craignaient déjà, il fut par la suite déclaré comme étant le plus jeune de la famille Matsuo à accéder à ce titre du haut de ces 24 ans.
Quand au même moment il arrivait à toute allure vers ce cadavre, certains l'arrêtèrent, et lui expliquèrent, lui qui n'avait jamais ressenti d'émotions de la sorte fut très confus quand une avalanche de larmes coulait le long de ses joues suivit d'un état psychologique très instable, il était en colère contre lui-même pour être incapable de comprendre ce qui lui arrivait.
« Ses derniers mots t'étaient adressés. Il voulait attendre que tu grandisses, que le poulain qu'il avait élevé devienne un grand et puissant étalon mais son venin l'emporta avant qu'il ne puisse te déclarer successeur officiel à son trône. » commença l'un des hommes qui était depuis son arrivée assis au côté de son leader. Il se releva pour regarder le jeune garçon qui était tenu par deux féroces body guards, il leur fit signe de le lâcher ce qu'ils firent. Le garçon soulagea ses poignets tout en replaçant ses pansements avant de le dévisager, son père n'ayant jamais fait même l'éloge d'un successeur, c'était cette nuit qu'il apprenait qu'une fois vaincu par la mort, ce trône lui appartiendrais, qu'il lui avait toujours appartenu.
« Il a divisé l'organisation en deux. Son bras droit part au sud demain avec la moitié de ses fidèles pour lancer un nouveau groupe. Quant à l'autre moitié, elle est dès maintenant sous ta charge, souverain du Nord. Nous avons prêté serment, nous sommes maintenant tes fidèles sous le nom Matsuo. » finissait cet homme d'un certain âge. Le fils scrutait la pièce dans les moindres recoins, observait la dizaine de personnes qui se tenait ici, qui avaient assisté au dernier instant de leur chef.
« J'aurai jamais pensé que le vieux me réservait un tel avenir... » Il ricana en s'approchant du corps mort de son père adoptif, il posa une main jeune et chaude sur les siennes fripées et froides. Il le regardait, le contemplait en espérant pour lui un repos éternel.
« Si tel est la volonté du vieux, je ne suis pas en mesure de refuser. » Il se leva, se tourna vers ses hommes, son inconditionnel sourire sournois réapparu sur son visage et il prit la parole.
« Je vous guiderai au nord, je reprendrais les travaux qu'il a laissés. Nous avons des ennemis en commun, travaillons d'arrache-pied pour leur montrer que nous ne sommes pas vaincus. » cria-t-il dans cette sombre pièce as sonorisée. Les hommes autour de lui acquiescèrent en s'inclinant et ils quittèrent ainsi cet endroit mortuaire. Le dernier homme qui derrière lui ferma la porte lança un bref regard au corps sans vie d'un homme qui fut autrefois si majestueux et imposant

« Nous le surveillons, dormez sans crainte Monsieur. » puis il ferma la porte.

DARKINGELHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant