Nous nous tenions...

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À Sam
Nous nous tenions à l'ombre d'un chêne, observant le dernier coucher de soleil que nous verrions. Les éclats de rouge nous font penser au sang que nous ne cessons de voir depuis des jours. Le vent bouscule le blé du champ derrière nous.

Je ne ressens rien à l'idée de mourir. Cette pensée s'est implantée dans mon cerveau le jour où les Hommes ont perdu l'esprit. Le jour où, comme des chiens fous, ils se sont tirés dessus. Depuis que le premier coup de feu a retenti, le silence n'a plus sa place dans le monde. Il n'en restera qu'un, celui qui aura décimé tous les autres. L'Homme court à sa perte.

Alors nous nous tenons. Nous observons ce magnifique coucher de soleil sur la mer. Même l'astre semble saigner sur la mer. Et pourtant, je sais que lui est immortel. Quand bien même l'aurore devrait paraître sans qu'un Homme ne foule le sol terrestre, le soleil se lèvera sur une aube de sang.

La Terre oubliera les Hommes, nettoiera ses cadavres, son sang, ses ruines de villes décimées.

Quelqu'un marche derrière nous. Il se croit discret, mais moi, je l'entends. Il charge son fusil. Tu me sers la main. Il tire.

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