Chapitre 2

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L'attente, surtout à côté de Théo, est longue. J'aimerais lui parler, plus que je n'ai jamais eu envie de parler à quelqu'un. 

J'aimerais l'embrasser, plus que je n'ai jamais eu envie d'embrasser quelqu'un.

Sauf que je reste assise, à côté de lui, comme s' s'agissait seulement d'un étranger.

C'est bizarre comme en quelques jours, un se détache. On devient plus timide, comme au début.

Une dame grande et rousse, habillée chichement en noir, annonce d'une voix de radio, très claire et rapide, que l'avion pour l'Alaska est prêt, et que nous allons pouvoir embarquer.

l'Alaska ? Je me retourne d'un coup vers Théo, qui s'est levé pour aller rejoindre la file de gens attendant devant la femme. Il avait raison ; ils ne sont pas très nombreux.

— Théo, nous allons en Alaska ? C'est une blague j'espère !

— Ça a l'air d'être une blague ? répond-il avec son éternel petit sourire en coin.

— Non.

— Alors ce n'en est pas une. 

— Mais c'est beaucoup trop loin ! Et le vol va durer trop longtemps ! Ils pourront nous trouver entre-temps !

— Le vol durera environ dix-sept heures. Et le temps que nous serons dans l'avion, ils ne pourront rien te faire. C'est la meilleure solution, on n'a pas le choix.

— D'accord.

J'attends en silence. Je n'ose plus parler, pas parce que je ne veux pas, mais la voix de Théo, je ne la reconnais pas. C'est comme si c'était une autre personne qui parlait, une autre personne qui était inquiète. Je ne lui reconnaîs plus la chaleur de sa voix, car elle est cachée sous l'inquiétude.

— Margot ?

Ça doit faire au moins trente minutes qu'il n'a pas prononcé mon prénom, et l'entendre le dire me calme tout d'un coup. Il est ma drogue, vraiment.

— Oui ?

— Ça va bien se passer, d'accord ? Quand on rentrera chez toi, tu auras retrouvé ton frère. Même si ça doit prendre plusieurs jours. Nous ne sommes pas en danger, enfin presque pas.

— Je sais.

Il m'entraîne dans la file et nous embarquons.

Le vol passe lentement, comme l'attente à l'aéroport. Je m'efforce de lire le livre que m'a donné Théo, j'assaye par tous les moyens de dormir... Pourtant, impossible de se concentrer quand une personne que l'on aime, et qu'on n'avait pas vue depuis quelques jours se trouve près de nous.

Finalement, nous arrivons à l'aéroport de Juneau, en Alaska.

Il fait plutôt froid, la lumière semble hésiter entre être chaude ou froide à travers les baies vitrées.

Le bâtiment est en forme de pavé, de couleur rouge terre. Un auvent couvre une partie de la terrasse. 

Nous sortons le plus vite possible et une question me percute : Où allons-nous ? Il ne l'a pas précisé, et je ne l'ai pas demandé. 

Il doit connaître des gens ici, on ne va pas dormir dans la rue quand même.

— On va dormir où, Théo ? On va rester dehors ?

— Tu veux vraiment dormir ?

— Bah... Oui.

— Les gens qui ont enlevé ton frère sont à tes trousses et tu souhaites dormir ?

— Je ne sais pas si je parviendrai à trouver le sommeil, mais ça vaut le coup d'essayer, non ?

Il hoche lentement la tête, comme s'il n'y avait même pas pensé. Croyait-il vraiment que je n'allais pas dormir ? Le sommeil, c'est sacré !

— Je peux te prendre une chambre d'hôtel si tu veux. Ça m'est égal. Je ne dormirai pas, de toute façon.

Hors de question qu'il paye, il a déjà financé le voyage. Je ferai comme lui.

— Très bien, je ne dormirai pas. Ce n'est pas essentiel, de toute façon. Mais comment on va faire pour rester au chaud ?

— Déjà, on ne va pas rester ici très longtemps. Ensuite, on va trainer dans les magasins, les restaurants.

— Même la nuit ? Mais tout sera fermé, non ?

— Tu sais, même en Alaska, ça existe les bars, hein.

— Mais je ne suis pas majeure !

— Tu l'as déjà fait, non ?

— Oui.

— Alors tu le referas.

Il lue rapidement une voiture et s'engage sur la chassée. Nous entrons ensuite dans un centre commercial.

La lumière est légère, tout comme dans l'aéroport, l'air est frais et agréable, il sent le neuf et les arbres. Il y a beaucoup de boutiques, et nous entrons dans l'une d'entre elles au hasard. Enfin, il me conduit dans l'une d'entre elles au hasard, parce que je ne fais que le suivre, pour ma part.

— La chose la plus importante à faire quand tu es suivie, c'est de t'approcher le plus possible de la civilisation, pour que, s'il se passe quelque chose, il y ait des témoins. Mais...

Il m'entraîne dans un coin de la boutique à l'abri des regards.

— ...Pour faire ça, je préfère être plus loin.

Il m'embrasse et j'ai l'impression de revivre. Le kidnappeur, Élise, Théo et leurs secrets qu'ils ne veulent pas encore me révéler, Lyon qui commence déjà à me manquer, le stress, la peur... Tout s'envole.

Il finit par se détacher de moi et m'attire de nouveau vers le milieu de la petite boutique.

— J'ai envie de t'embrasser depuis que je t'ai revu, je murmure.

— Moi aussi.

La matinée passe vite, l'après-midi aussi malgré l'ennui. Le simple fait de l'avoir près de moi me fait presque oublier tous les incidents des jours précédents.

Le soir arrive finalement, la vendeuse et le vendeur de la petite boutique – dans laquelle nous ne sommes pas restés toute la journée sous peine de paraître louches – ferment celle-ci et nous devons sortir et partir à la recherche d'un bar, ce que nous n'avions pas jugé nécessaire dans la journée.

On erre plusieurs minutes dans le rues, et malgré le froid glacial, j'ai chaud. Je me sens bien, ici.

Nous finissons par trouver le bar. Il est grand, et nous entrons sans difficulté étant donné que le vigile est bourré.

Heureusement, car aux États-Unis, même Théo est mineur.

L'endroit est bondé, et je me demande si nous ne sommes pas entrés dans une boîte de nuit plutôt que dans un bar. Les néons colorés diffusent une atmosphère électrique et les danseurs de mouvent déjà au rythme de la musique, pendant que d'autres sirotent des boissons ou restent en couple à des tables.

Je m'assois sur une chaise, mal à l'aise. Si nous devons rester longtemps ici, je crois que je ne vais pas supporter. Il fait très chaud, le genre d'endroit que je déteste.

Théo aussi, visiblement.

Avant, j'étais plutôt du genre fêtarde – enfin aussi fêtarde que l'on pouvait l'être à l'âge de seize ans –, mais jamais je n'étais rentrée dans un bar américain.

Je m'étais contentée de Lyon et ses alentours.

Néanmoins, je finis par m'habituer. 

La soirée passera vite, de toute façon, c'est bientôt demain.


~ NDA ~

Bien le bonjour mon cher sujet ! Bon, chapitre au moins 10000× plus court que le précédent... Mais c'est pas grave !! Le problème c'est que j'ai plein d'idées pour la SUITE, et même si j'ai des idées pour maintenant eh bien...

Disons que j'ai un peu le syndrome de la page blanche.

Mais il faut me comprendre, j'écris deux autres (3 peut-être) livres en parallèle ! C'est galère !

Bref, bisous mes chers sujets,

Son humble Majesté Aliénor 👑✨👑

Further than Dawn II • Interdit [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant