Chapitre 13

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PDV Margot

Dès que j'ouvre un œil ce matin, je sais que je ne vais pas aimer cette journée.

Alors, évidemment, il fait beau pour un dix-huit octobre, mais ça m'est égal parce que dans mon cœur, c'est la tempête, une tempête très rude et très forte.

Une boule de tristesse grandit dans ma gorge avant que je comprenne pourquoi. Je reconnais finalement qu'il s'agit du départ de Théo.

Cette nuit, j'ai aligné cauchemar sur cauchemar. J'ai rêvé que Théo ne m'aimait plus, qu'il tombait amoureux d'une autre là-bas, en Alaska. Le pire, c'est qu'il ne me disait rien de tout ça, qu'il continuait de me mentir jusqu'à ce que je le découvre par moi-même.

Je me dépêche de sortir de mon lit et m'habille. Je n'ai pas sorti mes affaires de demi-saison. Dans un grognement agacé, je monte sur ma chaise de bureau pour accéder à la plus haute étagère de mon placard. Là se trouve un bac contenant lesdits habits.

J'extrais à la hâte un chemisier blanc et un jean bleu. Ça devrait faire l'affaire.

Je les enfile rapidement et sors de ma chambre. Au rez-de-chaussée, je constate qu'il n'y a personne. Hugo doit être au travail et Nicolas également, mais d'habitude, ma mère reste à la maison. Bizarre. Je ne m'attarde pas sur le sujet et mange un biscuit pour faire passer le nœud dans ma gorge. Évidemment, cela ne marche pas.

Je cours presque vers la salle de bain et me brosse les dents tout en nouant les lacets de mes chaussures.

Il est six heures quarante-neuf. Les cours commencent à sept heures cinq et le bus que j'emprunte quand il n'y a personne pour m'amener passe à six heures trent-cinq. Oups. J'essayerai d'en trouver un qui passe près du lycée.

De toute façon, j'avais prévu d'aller voir une dernière fois Théo, donc tant pis. 

Je cours vers chez lui – une chance qu'il n'habite qu'à quelques rues. Devant la porte, je suis essoufflée. Je ne dois pas être très belle à voir. Dommage. 

Je sonne et Élise m'ouvre presque immédiatement. 

— Ah, salut Margot ! Entre.

Théo est là, derrière sa sœur, une valise derrière lui. Je souris et lui aussi. Je suis arrivée à temps.

— On allait partir, soupire Élise. Il faut apprendre à arriver à l'heure, Margot !

— Je suis là, je suis là !

Elle ouvre de nouveau la porte et nous sortons.

— Passe-moi ton sac, Théo, je vais le mettre dans le coffre.

Il s'exécute.

Je m'assois sur la banquette arrière, Élise sur le siège passager et Théo au volant puisqu'il est le seul d'entre nous à avoir son permis de conduire.

Nous arrivons quelques minutes plus tard à l'aéroport. Cet endroit où j'ai vu Théo pour la première fois. Et où je vais le perdre jusqu'à... Quand, exactement ? Je n'y avais pas pensé.

— Théo ?

— Oui ?

— Tu reviendras de temps en temps, n'est-ce pas ?

— Oui, je retournerai certainement à Lyon pour les vacances de Noël.

Je hoche la tête et la fin du trajet vers les douanes se fait dans le silence, parfois agrémenté des remarques d'Élise. Je sais qu'elle n'est pas à l'aise. Mais je ne dis rien parce qu'elle va nier la vérité, c'est sûr.

Nous arrivons finalement. Il y a du bruit tout autour, ça résonne dans mes oreilles. J'ai l'impression d'être dans un rêve, parce que mon cerveau veut éviter d'accepter le fait que je ne reverrai pas Théo avant deux mois. Deux mois... Huit semaines... C'est long, non ? Je ne suis pas le genre de fille à avoir hâte de l'avenir, celles qui veulent grandir à tout prix. Enfin, je l'étais mais je ne le suis plus. Pourtant, là, maintenant, je n'ai qu'un souhait : que ces deux mois passent le plus vite possible. 

Further than Dawn II • Interdit [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant