Further than Dawn II • Interdit [EN PAUSE]

Chapitre 10

PDV Théo 

J'attends depuis cinq minutes devant la porte derrière la maison, mais j'ai l'impression que cela fait au moins trois bonnes heures.

Après être parti de la maison en feignant de me rendre, j'avais pour projet de revenir chercher Margot dans la nuit, mais je ne savais absolument pas comment faire.

Je réalise maintenant que ça aurait été impossible.

Heureusement, Séléné m'a intercepté lorsque je sortais et m'a dit qu'elle m'enverrait Margot à vingt-trois heures. J'espère simplement que ce n'était pas un piège, mais je ne pense pas que ce soit le genre de Séléné. Même si, à vrai dire, je ne la connais pas si bien que ça.

Vingt-trois heures. Une ombre apparaît plus loin, à quelques mètres d'ici. Elle est là.

Je lui fais un léger signe de la main, elle semble l'apercevoir. Plus loin, je vois une autre silhouette, celle de Séléné sûrement, qui nous observe. Le silence est impressionnant dans la nuit noire.

— On y va ? mumure-t-elle lorsqu'elle parvient à ma hauteur.

Je hoche la tête et aperçois ses yeux sous le voile de ses cheveux bruns. Ils sont plus déterminés que je ne les ai jamais vus.

Je la conduis vers le bout de la rue où sont entassés une vingtaine de vélos à louer. Elle me suit et s'arrête près de moi devant les bicyclettes.

— Tu n'as pas l'intention de voler, n'est-ce pas ? s'enquit-elle.

S'ensuit alors un débat pour tenter de trouver l'endroit où on peut payer – jusqu'à ce qu'on se rende compte de la petite boîte aux lettres en métal avec écrit :

Please pay here.

Un jour, la simplicité me perdra.

Nous payons donc et deux vélos se débloquent, que nous enfourchons.

Elle me suit en silence, je dois d'ailleurs me retourner plusieurs fois pour être sûr qu'elle est toujours là. Je deviens vraiment paranoïaque.

Après une heure de déambulation dans les rues de Juneau, nous finissons par trouver l'aéroport.

Le prochain vol est à onze heures le lendemain matin, aussi nous achetons nos billets – je plains d'ailleurs l'homme qui s'occupe de les vendre, à minuit.

Ensuite, nous nous asseyons dehors, sur le trottoir. Je regarde le ciel. Il est sombre, ce soir, et les étoiles n'en sont que plus visibles encore. Je sens son regard peser sur moi et je finis par la regarder en retour. Elle ne détourne pas les yeux et les ancre dans les miens. Elle a de beaux yeux.

— Ça va ? demandé-je. Elles ne t'ont pas fait de mal, j'espère ?

Elle secoue la tête et ébauche un petit sourire. 

— Non, tout va bien. Et toi...

Elle se jette dans mes bras et me serre fort.

— J'ai cru qu'elle allait te tuer, Théo. Et je n'ai pas pu...

Je pose mon menton sur son épaule et lui caresse doucement le dos.

— J'aurais trouvé une solution. Ça ne se voyait peut-être pas, mais la main avec laquelle Rose tenait l'arme tremblait beaucoup. Elle ne l'aurait pas fait. Elle n'en est pas capable. D'ailleurs, ne t'avise plus jamais de partir à ma place, tu es complètement folle !

— J'ai eu peur, j'ai fait ce que je pensais être le mieux. Et, tu sais, si c'était à refaire, eh bien je le referais.

— Mais tu étais en danger. Tu n'as donc aucune notion de danger ?

 Elle relève la tête et je peux lire sur son visage qu'elle est mélancolique.

— Je ne connais peut-être pas le danger, mais j'ai appris avec le temps à survivre. Je ne dis pas que je suis la fille la plus malheureuse, seulement quand tu as huit ans, une enseignante trop intrusive qui veut absolument rencontrer ta mère, qui est alcoolique et incapable de préparer un plat de pâtes sans vomir dessus, tu apprends à mentir. De toute façon, je crois que la vie de tout le monde est composée de mensonges. Et aucun n'est plus gros qu'un autre.

— Si un jour tu as envie d'en parler, je...

— Je préfère oublier. De toute façon, Lou va se marier ! Elle va avoir un enfant ! sourit-elle faiblement. Elle sera heureuse !

Son sourire mute en grimace qu'elle cache avant que je l'aperçoive, mais c'est trop tard. Et elle dans tout ça ?

— Est-ce que tu es heureuse, Margot ? Je ne parle pas de ta mère, de ton futur beau-père ou encore de ton chat, mais je parle de toi. Toi, est-ce que tu es heureuse ?

Elle me regarde, troublée.

— Moi ?

Elle fixe ses pieds et le trottoir pendant une longue minute avant de relever la tête. Cette fois, je ne vois plus cet air fragile. Je revois la fausse Margot, celle qui joue la forte.

— Moi, non, pas vraiment. Mais il y a autre chose qui me rend heureuse.

Elle esquisse son sourire qui fait à chaque fois battre plus vite mon cœur.

— C'est toi.

Elle se penche et effleure mes lèvres des siennes. 

— Tu es ma source de lumière dans l'obscurité. 

Elle se lève et part en direction de la petite boutique de souvenirs, qui est toujours ouverte, même en plein milieu de la nuit. Elle y rentre et en sort quelques minutes plus tard, un paquet de chips et un Coca à la main. 

— Tu as faim ?

Je hausse les épaules et souris lorsqu'elle me tend ses achats et qu'elle s'assoit près de moi.

— Quelle heure est-il ? demande-t-elle.

Je consulte rapidement ma montre.

— Minuit et demie. 

Elle soupire. L'attente va être longue. Elle mange un peu, et je m'en réjouis car, ces derniers jours, on a un peu sauté les repas. 

Quand elle a fini de se nourrir, elle pose la tête sur mon épaule, adossée à un mur. Elle ferme les yeux et, tandis que je me serre contre elle – non, ce n'est pas une excuse (ou presque) pour être plus près d'elle, il fait vraiment froid à Juneau, la nuit ! –, je sens sa respiration devenir de plus en plus régulière. Elle s'est endormie. J'envie sa manière de s'endormir partout où elle peut. Sans elle à mes côtés, je pense que j'en serais incapable.

Je reprends mes mouvements lents sur son dos alors qu'elle accapare toutes mes pensées.

Alors, dans la quasi-obscurité de ce début de treize octobre, je m'offre pour la première fois depuis plusieurs semaines quelques précieuses minutes de sommeil.

~ NDA ~

Enfin ! Oui ! Hallelujah ! J'ai réussi à finir ce chapitre ! Il n'est pas du tout long mais c'est pas grave !!!

En gros, j'avais écrit le chapitre 11 parce que j'ai ENFIN écrit le plan du tome 2... (il était temps, au 10ème chapitre... Mon premier plan de livre, je suis fière XD) Que voici (magnifique et parfaitement lisible, n'est-ce pas ?) :

Vous croyiez vraiment que j'allais mettre l'ensemble du plan (normalement 52 chapitres + épilogue) sans flouter pour pas spoiler ? 😂

Bref, donc je me suis avancée sur le chapitre 11 ET j'ai eu trop la flemme d'écrire le 10 puisque dans ma tête (subconscient, subconscient...) c'était déjà fait vu que j'ai fait le 11... 

Bref, le voici, le voilà, le chapitre 10 !!!!

Bonne fin de journée et à dans 3 minutes pour le chapitre 11 !

Sa Majesté Aliénor 👑✨✨