FEARS OF EDEN

Chapitre 6

« L'amère sentiment que je ressens

Cette créature si envoûtante

Dérègle mon âme défaillante

Je me sens naissant

Car ce délice

Fait de mon cur un feu d'artifice. »

Les applaudissements de la classe et le sourire de Madame Saldero règnent dans la pièce. L'ambiance qui s'installe devient chaleureuse, je connais de plus en plus mes camarades et je peux apercevoir sur leurs visages l'émerveillement. Personne ne s'attendait à ses quelques vers de la part d'Elijah Johnson ; on pouvait ressentir de la passion, de l'amour et de la sincérité dans ses mots et dans sa voix. Il avait une modeste manière de se tenir. L'éloquence est bien la poésie de la prose ! Je n'osais pas le regarder car je ne savais pas si cela m'était destiné, malgré ses yeux rivés sur moi. Je ne savais pas non plus d'où lui venait cette manière d'écrire ni de ce don si simple de parler devant les gens. Plusieurs poèmes suivent le sien de la part d'Ashanti ou bien d'autres personnes de la classe. J'attend mon tour avec la plus grande angoisse.

« L'âme perdu dans son lit de soie

Se retrouve nue, absorbée par d'effroi

Elle attend qu'on lui vienne en aide

Mais on lui ôte tout que ce qu'elle possède

Alors, elle attend de retrouver sa maman

Sa joie d'enfant et sa vie d'un temps »

« Mademoiselle Lee, vous êtes une in-cro-yable poète et d'après toutes vos écritures je sais que vous êtes capable de participer au concours, mais je pense que votre manque de sentiments et émotions autre que la tristesse vous pénalise et c'est bien dommage. Le thème était sur l'amour, vous êtes hors sujet. Je suis obligée de vous mettre un zéro. Il est parfait, je ne dis pas le contraire, mais il ne rentre pas dans ma grille d'évaluation.

— Je peux refaire le travail ?

— Il fallait suivre la consigne. »

La sonnerie retentit et j'entends les autres râler, ils ne sont pas d'accord avec elle et moi non plus d'ailleurs mais je m'y attendait.

« Eden ! Il était beau ton poème.

— Pas autant que le tien je crois.

— C'est pas une compétition, et puis on a un niveau bien différent, je suis nul moi en littérature, toi t'es genre, un exemple à prendre.

— Pas niveau sentiment.

— Mais ça c'est normal si t'avais jamais rien ressenti.

— Ouais ok dit que je suis pas humaine t'en que t'y es.

— Non mais tu sais que je veux dire, tu sais pas les exprimer sur un papier c'est tout.

— Oui merci de me dire ce que je sais déjà, merci beaucoup vraiment Elijah c'est hyper sympathique, convivial tout ce que tu veux.

Mon ton monte et je m'en rend même pas compte.

— Tu peux m'expliquer pourquoi tu me cries dessus comme si j'étais ton chien ?

— Alors là, fais pas le mec susceptible parce que tes réflexions tu peux te les garder.

— T'es mal placé pour parler.

— Ne me parle pas alors et vas voir ta chère Victoria, elle n'attend que ça, que tu la baise dans les toilettes, tu sais comme la dernière fois.

— Si je le voulais je le ferai, mais à toi. Tout en disant ça, il se rapproche de moi et ses lèvres frôlent les miennes.