Omniria [En pause]

Une équipe soudée

Tous les membres de l’équipage avaient fini par nous rejoindre. Nous étions alors 11 à bord, des jeunes venus comme moi, suite à la sélection de chaque Archipel, et les membres du Conseil. En les voyant de plus près, je trouve les manières de ces derniers plutôt absurdes. Ils se côtoient depuis probablement plusieurs années mais je n’ai pas l’impression qu’ils se soient pour autant livrés les uns aux autres, en enlevant leur masque, rabattant leur capuche ou en se donnant leur véritable nom. Ainsi Minerve de Saergza, Vulcain de Scela, Gaïa de Louva, Bia de Styrkei et Loki de Knepios, nous faisaient face. Assez intimidant. Mais devant eux, le Doyen, le seul à connaitre l’identité de chacun, pour les protéger, eux et leur famille qui n’est par ailleurs, pas au courant de leur fonction de membre du Conseil, et aussi celui qui a le nom le plus nul. Ce n’est pas lui qui l’a choisi, lorsqu’il y a un changement d’un des membres, il prend le nom de code du précédent, de ce fait, il est assez difficile de savoir depuis quand ils ont ces responsabilités. Quoi qu’il en soit, je crois que nous étions tous plus ou moins intrigués, si ce n’est effrayés par cette situation des plus étranges. Le Doyen prit alors la parole, coupant court à mes tergiversations, et surement à celles des autres aussi.

— Je vous remercie d’être là parmi nous. Nous voudrions ramener l’équilibre sur nos Archipels, mais pour ça nous devons coopérer, quel que soit celui dont vous êtes issus. Aujourd’hui vous êtes tous membres de l’Albatros, où vous allez cohabiter pendant un moment probablement. Tout dépendra des circonstances, et de la façon dont vous mènerez votre mission.

— Bon, arrêtez tout votre baratin. Ça mène nulle part. C’est quoi notre mission ?
Il a coupé la parole au Doyen, il est complètement fou ! Le garçon qui venait de parler n’avait vraiment pas la langue dans sa poche. Je n’étais apparemment pas la seule à être décontenancée par cette question au vu des regards ahuris de l’équipage.

— Axel, 15 ans, Scela, déteste être mené en bateau, aime la franchise.
Scela, je m’étais dit que le Conseil n’oserait pas embrigader l’un d’eux dans un équipage censé sauver le monde, d’après ce que j’ai pu lire, ils passent leur temps à le détruire.

— Je vous remercie jeune homme, vous avez raison. Notre monde tombe en lambeau, l’équilibre est rompu, et bascule de façon interminable vers sa fin, reprit le Doyen.

— Je suis désolée, et ça me fait mal de le reconnaître, mais il a raison, vous tournez autour du pot, nous savons tous déjà tout ça, qu’attendez-vous de nous au juste ? interrompit prudemment une fille au fond de la salle, marquant une pause avant de reprendre avec un léger dédain.
— Prudence, 17 ans, Saergza.

— Péronnelle, siffla celui qui répondait au nom d’Axel.

— S’il vous plaît, s’enquit le Doyen. Faites des efforts.

— Vous nous demandez de collaborer avec un criminel, à quoi vous vous attendez ?
S’exclama un garçon immense, au plus proche des membres du Conseil, qui ne bougeaient pas, ne paraissaient même pas étonnés des réactions et laissaient le Doyen gérer nos premières disputes. Aucun doute, il y en aura d’autres. Mais une question me brûlait la gorge depuis l’annonce de ma sélection :

— Pourquoi nous ? On a tous moins de 20 ans, on ne connaît pas les secrets des Archipels, on n’a aucune idée de comment on pilote un bateau, et ...

— Parle pour toi, m’interrompis sans surprise Axel qui était de moins en moins agréable, chose assez difficile pour quelqu’un ayant déjà annoncé qu’il venait de Scela.

— Bien. Nous vous demanderons de traverser les Archipels pour découvrir leurs véritables secrets, démêler le vrai du faux dans les légendes qui ont fondés notre univers. Nous ne savons pas, reprit le Doyen en me fixant de façon effrayante avec ces yeux beaucoup trop clairs, quels en sont les fondements, sur quels piliers repose réellement l’équilibre de notre monde, dans l’optique où celui-ci existe bien entendu. Il marqua une pose, nous retenons tous notre souffle. Nous avons choisit d’envoyer des adolescents, parce que vous connaissez beaucoup de ces légendes, mais vous avez assez de reculs pour les considérer pour ce quelles sont, en tirer la part de vérité. Mais aussi pour ne pas entacher notre crédibilité, annonça-t-il rapidement.
Quoi ! Il est complètement dingue ou c’est moi qui déraille. Ai-je bien entendu ?

— C’est une blague ? demanda Prudence
La réponse était non, le Conseil se tenait mal à l’aise, impossible d’y croire. On venait vraiment de nous annoncer qu’on allait devoir risquer notre vie, pour éviter que le Conseil ne perde la face. Pourquoi mon réveil ne sonne-t-il pas ?

— Nous vous souhaitons bonne chance.
Le Conseil partit en suivant le Doyen nous laissant là, cloués sur place, où même Axel ne parlait plus. Il faut vraiment que je me réveille, c’est impossible, le Conseil ne peut pas nous demander de réellement enquêter sur des légendes, c’est absurde. Impossible.