Control

01.Journée pluvieuse.

Numéro destiné au femme victime de viol ou d'agression sexuel : 0800 05 95 95

Numéro destiné au femme victime de violence conjugale : 3919

|Hazel Conley|

« Le ciel pleure à ma place, parce qu'il ne me reste plus aucune larme. »

Assise sur le rebord de ma fenêtre, je contemple la pluie s'écraser sur le sol dans un bruit à la fois sourd et aigu.

Mon regard se perd de temps à autre sur les arbres qui entourent ma maison.

Une forêt. Voilà ce qui m'entoure.

Peut-être est-ce pour ça que je me sens si seule ? Ou peut-être est-ce parce que maman n'est pas à la maison ?

Maman est ma maison. Si elle n'est pas là, je ne suis pas chez moi. Je l'aime d'un amour inconditionnel.

C'est une des raisons de pourquoi je me tais.

Pourquoi je le laisse faire.

Maman n'a pas besoin de savoir à quel point j'ai envie de partir, loin. Partir dans un endroit où personne ne me verra. Où personne ne me pointera du doigt en criant toutes sortes de commentaires sur moi. Tous plus faux les uns que les autres.

Ce sont les choses que je suis censée dire à ma psychologue. Mais elle me dirait « parles-en à ta maman ». Ou elle le ferait elle-même.

Je cherche juste à la protéger.

Elle n'a pas à savoir.

Elle n'a pas à savoir quel genre de monstre est son mari. Le père de sa fille.

En parlant d'elle, je reçois son appel.

Sans hésiter une seconde, je décroche.

-Haz, je suis au supermarché, tu veux quelque chose de spécial pour ce soir ?

Une corde et un tabouret.

-Non, maman, merci de demander.

-Ma princesse soupire t-elle. J'aimerais que tu manges un peu.

Son surnom me met les larmes aux yeux. Si elle savait à quel point est salit sa princesse.

-Je vais bien.

Je ne vais pas bien.

-Très bien. Je t'aime princesse à tout de suite.

-Moi aussi je t'aime maman.

Elle raccroche et je me retrouve de nouveau seule avec mes pensées toutes plus sombres les unes que les autres.

Ma mère est la seule personne à qui je dis « je t'aime ». Parce que je n'aime personne. Parce que je ne m'aime pas moi même.

Ses paroles me reviennent en tête.

« J'aimerais que tu manges un peu »