Chapitre 37 : Case départ

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Un sentiment de déjà-vu s'empara de TaeYoung. Être face au Titan de Sirius lui donnait l'impression de retomber à la case départ. La première fois qu'il avait déposé sa sœur là, il avait éprouvé une grande joie puisqu'il avait cru qu'elle avait enfin trouvé sa voie. La seconde fois, le doute avait plané et l'hésitation l'avait envahi. Cette fois-ci, il était certains de ne pas vouloir la laisser repartir. La confier à une telle organisation le rendait malade.

Mais ce choix n'était pas le sien. Elle l'avait particulièrement fait savoir à sa manière : en les menaçant de fuguer s'ils refusaient ses conditions - chose inconcevable pour eux. Pas après les derniers événements. Malgré ça, ils réussirent à s'adapter à ces imprévus et à revoir leur plan.

— Ma princesse, j'ai vraiment peur pour toi, avoua Monsieur Noh.

SaRa se tourna vers son père et le serra dans ses bras. Elle ne pouvait imaginer l'effroi qu'il ressentait et plus généralement, que les parents pouvaient ressentir. Même s'ils tentaient de donner plus de liberté à leurs enfants, l'inquiétude face à leur bien-être ne cesserait jamais de les habiter.

— Fais-moi confiance, chuchota-t-elle. Je sais ce que je fais.

Leur embrassade dura longtemps et ce fut la voix de Monsieur Park TaMi qui les sépara. Le référent courut jusqu'à eux, se confondit en excuses tout en se courbant vers l'avant pour appuyer la sincérité de ses paroles. Il leur expliqua la faille au niveau de la sécurité et leur promit de payer les dommages et intérêts. L'agence était même prête à les recevoir pour trouver un terrain d'entente et négocier un moyen de régler ce "malentendu".

Pour lui, ce n'était qu'un simple "malentendu", qui pouvait s'effacer avec de l'argent comme de simples écritures sur un tableau blanc. Voilà ce que l'argent permettait, de racheter les douleurs, à défaut de les soigner.

TaeYoung dut se faire violence pour ne pas le frapper. Il parvint à rassembler tout son courage pour retenir la flamme en lui, prête à incendier le monde.

— Nous vous suivons avec plaisir, accepta Monsieur Noh.

SaRa échangea un regard confus avec son père, qui ne lui rendit qu'un sourire rassurant.

Ils pénétrèrent le bâtiment, suivant le référent qui s'emporta dans la présentation des lieux et arguant qu'il s'agissait de l'un des meilleurs bâtiments de la capitale et le plus confortable puisqu'il mettait à disposition des employés, des sanitaires propres et innovantes, des salles de détentes, deux grands réfectoires, trois jardins, plusieurs espaces de travail climatisés et un restaurant au dernier étage, donnant vue sur un quart de la capitale.

Il était si passionné dans sa visite qu'on oubliait presque les horreurs qui s'y déroulaient. Il en parlait fièrement comme si le Titan valait plus que le Paradis.

Ce fut au cinquième étage qu'ils s'arrêtèrent. Ils traversèrent trois couloirs, avant d'arriver à une salle de réunion - presque aussi grande qu'un amphithéâtre. Cinq hommes les attendaient déjà, comme s'ils avaient prévu leur venue. SaRa et les deux protecteurs de sa vie prirent place, non sans préoccupations. Tout pouvait arriver et ils n'étaient pas sûrs d'en ressortir indemnes. La rencontre débuta dans une atmosphère tendue.

Contrairement au référent, les autres organisateurs du concours paraissaient moins touchés par la disparition de SaRa et s'ils l'étaient, alors il le cachait très bien. Leurs excuses ressemblaient davantage à des arguments visant à rejeter la faute sur l'équipe de la sécurité qu'ils blâmaient et rabaissaient comme de vulgaires déchets.

La petite famille écouta sans un mot - les trouvant si pitoyables et ridicules qu'ils ne purent seulement fausser un sourire - excepté TaeYoung dont l'impassibilité modérait leur assurance. SaRa avait beau lui en vouloir, elle ne put que se sentir soulagée de l'avoir à ses côtés.

Sur des eaux Do RéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant