3. [REPERAGE]

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Louna tremblote en montant les escaliers, sa main aux ongles parfaitement manucurés bien accrochée à la rembarde.

Je suis étonnée qu'un seul type puisse provoquer ce genre de réactions physiques. J'ai déjà vu d'anciens camarades dans ces états, mais ça me fascine toujours autant.

- Tu lui as déjà parlé au moins...?

- Il m'a embrassée même. Deux fois. Et ses lèvres...

Elle s'arrête une seconde dans l'escalier pour mordre les siennes et ajouter, suave :

- Putain, Eléa ses lèvres...

Elle étouffe un gémissement exagéré et reprend sa montée des marches, derrière mon air amusé. 

L'étage est longiligne, possédant plusieurs portes en bois, un tapis rouge, et de nombreux tableaux sur les murs au papier peint jauni. C'est une ancienne bicoque, plutôt bien décorée. Le minimum à exiger d'un professeur d'art -aussi malsain soit-il-. 

Louna est si fébrile que j'en ai de la peine pour elle. Elle tire sur son haut en s'arrêtant devant la première porte, pour bien mettre en avant son décolleté, et souffle un grand coup. 

Malheureusement, ce qu'elle cherche n'est pas dans la première pièce. Derrière le nuage de fumée, on peut voir un groupe d'étudiants en train de rire, sur un lit, certains au sol, mais à son visage déconfit, c'était la mauvaise porte. 

Elle continue comme ça deux fois ; je la suis sagement. Je ne sais pas ce que je viens chercher avec elle exactement, mais mon instinct me dit que si des petites mains trainent dans cette soirée, elles sont très certainement à l'étage. 

C'est à la quatrième porte qu'elle se fige vraiment. 

Elle l'ouvre, mais au moment où elle comptait placer une tête dans l'encadrement pour inspecter les lieux et identifier son obsession du moment, elle s'est arrêtée brusquement. 

Et moi aussi. 

Parce que le type qui s'est placé à l'entrée de ce qui semble être une bibliothèque et une salle de jeu, je le connais. 

Brun, des cheveux plus longs sur le haut de la tête que sur les côtés, des yeux chocolats aux cils très longs, une gueule d'ange, en d'autres termes, il est aussi beau que sur les photographies que j'ai regardé des heures. Travis Rigan. "Le serpent". 

Bordel de merde. Je suis devant une des tentacules. 

C'est inespéré. Des petites mains auraient été déjà très appréciées, mais une des tentacules, carrément, c'est le jack pot. 

- Bonsoiiiiiir Gentes Dames ! S'exclame-t-il dans un sourire blanc ravageur. 

C'est lui, l'adoré de Louna ? Ma pauvre, Travis Rigan est peut-être sublime, mais Alex aurait dix fois plus de chances que toi, avec lui. On a pas mal de clichés de lui avec ses conquêtes, et aucune, pour l'instant, ne possédait une poitrine aussi opulente que la tienne, ma loute. Ou une poitrine tout court, en fait. 

- Salut Travis, répond Louna en blêmissant déjà. 

Mais je comprends qu'elle observe derrière lui. 
Je me décale légèrement pour repérer d'autres têtes. Si Travis est là, peut-être qu'une partie des tentacules restantes aussi. 

Une seule chose est certaine maintenant : je dois impérativement entrer dans cette pièce avec elle. 

Je n'aperçois qu'une femme sur les genoux d'un type, en train de l'embrasser. Je ne peux donc voir le visage d'aucun des deux. 

Et à droite, sur un fauteuil, un profil encapuchonné ; ses mains, seulement, les mêmes que tout à l'heure : tatouée, une bague au pouce, une autre à l'index. Cette main est en train de créer des rangées de cocaïne sur la table à l'aide d'une carte bleue. 

INSIDE MAC [SOUS CONTRAT D'EDITION CHEZ BI]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant