Un coup de foudre. Beaucoup de gens utilisaient cette expression à la légère sans en connaître toute la signification. Une petite décharge électrique le plus souvent inoffensive. Une simple manifestation d'un phénomène naturel qui avait lieu lors d'un orage de nuages. En somme, un grand mot pour nommer un petit mirage éphémère dans le ciel tempétueux. Mais malheureusement, la foudre n'en restait-elle pas pour le moins mortelle dans certains cas, notamment lorsqu'elle atteignait un individu vivant. Une même électricité qui balayait l'air lorsque l'on ne s'y attendait pas. Une douce sensation d'asphyxie qui étreignait lentement les cœurs pour bruler de l'intérieur quand les regards percutaient celui de sa moitié. Pouvait-on encore parler d'amour quand, au premier coup d'œil, tout un monde cesse sa marche lente et mortuaire pour s'emplir d'une sensation nouvelle ? Se retrouver en apnée, n'entendant plus rien du monde extérieur que le souffle de la vie de la personne aimée. On se retrouvait alors propulsés dans un monde qui n'était plus le nôtre, perdus dans le méandre d'un chaos qui nous dépassait.
L'Amour avec un grand "A". Comme cela paraissait si clair et pur sur le papier, dénué de quelque malheur ; d'une éthérée et chaste beauté. Ce même amour poétique qui liait deux personnes par les liens du sort, de la destinée non choisie par l'un ou l'autre des pauvres êtres obligés. Même refusée par sa pair, cette obligation qui nous incombait ne pouvait être niée ou alors elle détruisait jusqu'à l'âme de la moitié. L'amour si beau, si magique qu'il transcendait les êtres qu'il desservait. Un sentiment pur que des enfants encore innocents et naïfs rêveraient de gouter tel le fruit défendu. Une douceur de vivre qui pourrait faire oublier les plus grands maux de ce monde infect. Une tendresse infinie qui n'avait de cesse de se rappeler à notre bon vouloir presque par défaut. Une inclinaison qui nous poussait, presque par un instinct des plus primaires, à satisfaire et alimenter ce jardin secret. Consumés, dévorés, atteints en pleine âme, nous avions connaissance de cette sensation qui nous brûlait de l'intérieur. Cette affection, cet attachement soudain nous broyait de l'intérieur.
Comme cela pourrait amuser le protagoniste présent ici s'il n'en faisait pas encore aujourd'hui les frais. Comme il aimerait rire de sa propre situation mais cela ne lui était toujours pas permis malheureusement. Le squelette tourmenté aimait cet autre tellement mais il n'avait en écho que de l'indifférence. Il lui était vain de chercher au-delà de ce silence apathique que cet autre lui réservait. Ces sentiments l'oppressaient encore, l'étouffant de leur aigreur pour ne lui laisser dans la bouche qu'une macabre fatalité, un destin proche qui ne tardera pas à se finaliser incessamment sous peu. « On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque. » comme l'avait écrit Christian Bobin dans un de ses ouvrages. N'avait-il pas vrai dans un sens ? L'amour était toujours considéré comme l'apothéose de la vie mais qu'en était-il de l'amour à sens unique ?
Vous avez de toute façon déjà connaissance de ce dont le protagoniste parlait, ne jouez pas au plus fin avec ce squelette dont la faux souriait cyniquement. Ce même amour qui détruisait le plus profond de l'âme. Ce mal-être qui prenait lorsque des sentiments n'étaient pas partagés. Cette émotion qui tempêtait dans la tête pendant que la personne considérée vous regardait l'air de rien, se demandant ce qui n'allait pas avec vous. Loin de l'idée d'un être qui avait d'autres sentiments pour un tiers ; non, juste un individu qui se fichait de la tourmente dans laquelle il vous plongeait puisqu'il n'en avait même pas conscience. Ce n'était pas de sa faute, pourrait-on incriminer quelqu'un qui ne vous verrait et ne vous envisagerait pas de la même façon que vous l'adulez ? Il était impossible de lui en vouloir et puis à quoi cela servirait ? Il n'était pas permis de forcer l'amour après tout. La seule petite chose qui pourrait sauver de l'aliénation, permettant de garder ou retrouver contenance devant l'être aimé était de forcer un enthousiasme perdu, devenu avec le temps factice, une simple illusion éphémère pour palier à la déraison et la torpeur de ce sort.

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A deadly scented seringua
FanfictionJe ne sais plus qui je suis. Mon identité ? Je crois que je l'ai perdue le jour où j'ai rendu l'âme mais je garde ton visage en souvenir. Tes traits éthérés me suivent comme des milliers de fragments de vie. La vie ? Elle me fait défaut depuis que j...