Épilogue

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« Je t'ai observé dans l'ombre bien que je te sois invisible.
J'étais à tes côtés comme une douce amie et pourtant tu m'as reniée.
Tu l'as aimé et tu t'es abîmé les ailes à vouloir qu'il te regarde, esseulé

Tu l'as souvent pensé être mais tu l'as aimé comme il t'a bafoué.
De ma clarté tu t'es égaré quand ses yeux tu as rencontré.
De moi tu t'es écarté mais je n'accepte être ainsi rejetée.
Cet amour ne te sera toujours que nuisible. »

Ainsi fut lancée la malédiction d'une Mort trop envieuse à sa servitude déplorée. Jalousie, jalousie, danse avec le démon pour que de votre noir dessein déplore la tragédie qui est contée dans ses lignes. Que de la gueule de la féline Grâce magnanime, sorte la haine d'avoir été bafouée.  Que d'un coup d'un seul, le destin d'une dynastie soit maudit. Que de par ses vers, la Mort ne trouve en sa compagne qu'une vague délivrance d'une sordide morbidité devenue aussi mortelle qu'une dague en pleine âme.

La Mort était présente quand il naissait pour la première fois. Elle l'observait déjà quand ses orbites turquoises ont heurté avec fracas l'orbite glitché de celui qui venait de voler son âme. Pourtant il lui appartenait déjà. Son âme était déjà sienne avant qu'elle ne batte pour lui, pour ce demi-mort qui n'avait pour lui que du dédain. Elle ne dirait pas qu'elle aime l'objet de ses tourments mais, lui et elle, sont tous deux liés à la vie à la mort. Et c'est ici qu'il l'a rejointe. Elle l'a rappelé à elle quand elle a jugé qu'elle le perdait. Pour parvenir à ses fins, elle l'a maudit, maudit pour qu'il ne soit à nouveau rien qu'à elle. Ainsi il est tombé malade. Elle a tout fait pour lui en atténuer la douleur mais le malotru avait à nouveau quelqu'un d'aimant à ses côtés. Il est venu dans sa vie avec de noirs desseins, mais il en était déjà fini. La marche mortuaire était déjà en marche pour que de son trépas elle renaisse de ses cendres tel l'oiseau de mythe. Cependant elle avait mal. Elle était rongée de le voir aimer à nouveau loin d'elle un squelette qui n'était pas elle, bien qu'elle sût qu'il ne le sauverait point.

Reaper lui appartenait.

Et c'est ainsi qu'il était mort. Il était devenu poussière sur cette petite fleur d'amour éternel, amour qu'elle ne pensait qu'il ne donnerait qu'à elle. Il était mort et avait rejoint la Matrice. Il l'avait privé de lui, mutilé de sa présence, séquestré de son absence. Elle le voulait pour elle et elle seule. Mais ce n'était pas dans sa mort qu'il l'avait rejoint puisqu'il n'était plus personne, une ligne de code source de données inadaptées tout au plus. Elle avait pleuré, crié pour qu'il revienne. De sa vile perfidie, il la blessa en accomplissant son vœu le plus cher. Elle ne pouvait plus exister sans lui, n'approuvant en rien sa descendante lignée qui n'était en rien LUI. Elle ne voulait pas de cet enfant qu'il avait conçu avec un autre. Cette tromperie qu'était sa personne ne lui renvoyait en image que son égo fracturé par le miroir de leurs âmes égarées. Il lui fallait sa présence, l'absinthe de son âme si morte.

Alors elle l'avait ramené.

Il lui avait suffi de glisser un simple mot dans un livre montré à la bonne personne pour qu'ils le ramènent à elle. Qu'ils ne fassent qu'un à nouveau. Pourtant il l'avait encore trahi. Par sa faute, il ne pouvait revenir sans mourir à nouveau. Il fallut donc qu'elle fasse des concessions pour l'avoir à nouveau. Elle lui accorda à nouveau de pouvoir se lier avec celle qui composait son opposé. Elle les avait laissé jouer avec ce qu'ils ne comprenaient pas, ce qui les dépassaient, ce qui les transcendaient lui y compris. Il était revenu à la vie mais le lien qui l'unissait à elle s'est vu être rompu. Elle n'était plus rien pour lui. Elle était perdue sans lui à ses côtés, plus personne à qui tenir.

Puis il était arrivé.

Et elle avait trouvé une nouvelle raison de vivre. Il avait déjà dix-huit ans quand il naquit. D'une seringa blanche pour âme, il avait ravi la mienne. Car après tout, n'était-il pas sa plus digne descendance sans souillure ? Il représentait toute sa vie, rebelle et sans soumission. Il était la meilleure partie de lui dans sa veste en cuir et son t-shirt rouge sang. Comme un phénix qui renaissait de ses cendres, il avait rallumé la flamme qui la maintenait en vie.

Phénix devait lui appartenir.

Tout comme Reaper avait été sien, son fils devait être à elle. Pourtant il n'en fut rien et la malédiction qu'avait engendré Reaper se perpétua sur cette sublime fleur au début de sa vie. Elle tenta tout. Elle le soudoya de sa propre puissance pour lui accorder vengeance. Mais de sa vendetta, il perdit son père qui le renia, ne voyant en ses traits qu'ELLE. Phénix, de son insolente Vie, n'appartenait déjà plus à ce monde. D'un coup d'éclat, ses orbites, dont le turquoise rappelait ceux impétueux de Reaper, se parèrent de mille éclats grenat et sa magie qui réclamait l'âme de l'immortel fut entendue. Pourtant, il fut sèchement renvoyé pour avoir tué Geno. Mis à la porte du seul foyer qui n'avait jamais été le sien. Ah tourne, tourne la roue du destin qui priva l'enfant de son seul repère dans ce monde qu'il ne connaissait que par leurs codes informes. La vérité était cruelle. Tous ces beaux sourires, ses façons d'agir. Tout son être s'était brisé à cause d'un fait d'un seul. Providence, Fatalité, ne pouviez-vous donc point avertir cette pauvre âme aussi fragile qu'une seule petite brise froissa son voile léger ? Ne pouviez-vous donc point altérer les malheurs qui lui succédèrent ?

Viles traîtresses.

Étiez-vous à ce point aveugle pour laisser ainsi fauter cet enfant ignorant ? La perfection d'un amour paternel illusion, il n'en était nul besoin. Jalousie, fus-tu trop impliquée dans la vie de ton pupille pour qu'il ne puisse connaître la joie simple de voir le soir un père aimant venir le bercer à un cauchemar trop douloureux ? N'y aura-t-il eu que toi Pitié pour t'éprendre comme Elle de ce petit, pour le céder aux mains glitchées du destructeur qui accueillit le petit comme le sien. Se voir offrir foyer, éducation puis foyer fut le salut de son âme florale. Mais quel foyer était-ce ? MutismTale était, à l'ignorance de Error, un univers d'expériences et expérimentations. Mais n'était-ce pas normal qu'un tel univers alternatif soit maudit quand la Grâce féline guettait le moment le plus propice pour se glisser dans ce monde de mensonges ? Doucement, ce chaton reprit l'apparence d'un squelette aux pupilles émeraudes, dessinant d'une main distraite l'arabesque autour de son œil droit que formait une très ancienne cicatrice avant de remettre sa main dans sa salopette en observant de loin sa proie. Comme elle aurait voulu fondre sur lui pour l'entendre sensuellement geindre pour sa pitié. Mais il n'en serait rien car le chaton aimait bien trop s'amuser avec sa petite souris. A la place de venir à sa rescousse comme un valeureux chevalier sur son cheval blanc, elle ronronna de ses pleurs et ses cris quand un autre chat lui ravit sa souris.

Elle se fichait bien que d'autres qu'elle jouent avec son jouet tant qu'elle seule l'aurait à la fin. Litakatso, Liam, Nisha, Dust, Dream. La liste était si longue. Pourtant, Nobirth le savait, Phénix lui reviendrait bien tôt ou tard. C'est pourquoi la Grâce féline attendait patiemment dans l'ombre. Elle avait attendu plusieurs siècles dans l'espoir d'avoir Reaper, elle pourrait bien attendre quelques siècles de plus pour avoir sa descendance.

A deadly scented seringuaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant