ACID RAIN ☂ [ BRUABBA ]

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝐈𝐕↺

La pluie avait enfin cessée, les flaques d'eau et le bitume couleur arc-en-ciel me guidait en direction de mon objectif. Le précédent moment passé en compagnie de Bucciarati me paraissait presque irréel, comme si ma mémoire venait de créer un nouveau scénario, un scénario qui ne vivait plus que dans ma tête à présent. Malheureusement, je ne réussissais pas à me réjouir pleinement des événements. Alors qu'une légère crainte avait commencé à nous envahir lui et moi sur un potentiel ennemi qui aurait essayé de me suivre, je l'avais rassuré en complimentant les fameux exploits de mon imagination a inventé des scènes inexistantes. Tout ça avait sans doute été le fruit de mes espérances vis-à-vis de mes sentiments pour lui, parce que oui il aura fallut que sa tête se retrouve entre mes jambes pour que j'arrête de me voiler la face, triste et excitante constatation. Cependant, mon pessimiste me gâchait une nouvelle fois la vie, le recul faisait naitre différentes questions frustrantes. Qu'est ce que j'étais pour lui au final ? Son regard m'avait semblé terriblement amoureux au point de faire défaillir mon cœur à multiples reprises. Si les Dieux existent, je prie pour que sa chaleur et son parfum m'accompagne jusqu'à mon dernier souffle, je prie pour partager le reste de cette vie sans saveur à ses côtés. Il n'y a que dans ses bras où je me sentirais en paix alors si on décide de pardonner ma terrible erreur, si on m'accorde ne serait-ce qu'une seule faveur, je souhaite me réveiller chaque matins à côté de lui.

Mes pas raisonnaient parmi les nombreuses dalles qui me menait en direction du cimetière, si il y avait un endroit où devait se trouver mon ancien supérieur aujourd'hui, ce serait sûrement là-bas. Les sculptures des pierres tombales, certaines plus grandes que d'autre se dressaient au dessus du muret qui encerclait la mémoire des morts. Un royaume sans vie, contrastant avec la verdure de la forêt aux alentours. Le lieu se trouvait bel et bien au milieu de la nature, la vitalité des végétaux redonnait peut-être aux âme un peu de réconfort. Je lisais les noms gravés sur les pierres au fur et à mesure, certains s'étaient ajoutés, des gens plus jeunes, d'autres plus vieux. Des fleurs fanées trônaient avec désespérance sur un bon nombre de tombes tandis que certaines étaient tellement fleuries qu'il n'y avait plus aucune place pour déposer autre chose. Sa silhouette apparu alors au loin, accroupi devant le lieu de repos de mon ancien collègue. J'inspirai une grande bouffée d'air avant de m'approcher, un bouquet de lilas à la main que j'avais prit soin d'acheter chez le fleuriste pas très loin du restaurant Libeccio. J'ai entendu dire que sa fille s'était suicidée, il accuse son petit-ami, un jeune sculpteur selon les dires de quelques commères du quartier. Peut-être qu'elle se trouvait enterrée là elle aussi ?

- Tu es finalement venu, je comptais partir de toute façon. Je sais que tu n'as pas très envie de me voir. Lança mon ancien supérieur après avoir remarqué ma présence.

- Je suis prêt à écouter ce que vous avez à dire.

Je sentais son regard se poser intensément sur moi pendant que je posais délicatement les lilas sur la tombe de Mariano et d'un geste lent, je m'accroupissais à mon tour à côté de lui, prêt à reparler de la plus grande souffrance de mon existence.

- Déjà je voudrais t'avouer que j'étais au courant pour vous deux.

- Vous étiez au ?

Les mots restèrent bloqués au fond de ma gorge, il était au courant ? Pourtant on avait fait de notre mieux pour le cacher aux yeux du monde.

- Cela a dû être encore plus difficile à vivre pour toi. Continua t'-il.

Je regardais silencieusement les lilas que les rayons du soleil éclairait après cette grosse journée pluvieuse.

- Qui d'autre était au courant ? Demandai-je avec hésitation.

- Il n'y avait que moi, du moins de ce que je sache.