Chapitre 17 : Intervention

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Deux heures plus tard.

La cloche marquant la fin de la récréation, à dix heures vingt, venait de sonner, et les deux classes de quatrième ainsi que les deux de sixième semblaient avoir subi l'application d'une drogue excitante. De toute la récréation, on n'avait entendu que le bruit de leur excitation, leur joie résonnant dans tous les sens.

Aujourd'hui, leur auteure préférée venait. Jeanne Greenleaf. Elle allait répondre à leurs questions, toutes leurs questions. Ils allaient savoir comment elle avait créé l'univers qui les fascinait tellement, où de nouvelles histoires s'ajoutaient régulièrement, des recueils de réflexions, de construction. Tous avaient toujours été émerveillés par ces livres si beaux et savoir qu'ils allaient pouvoir la voir, lui parler, ça avait quelque chose d'irréel, comme un rêve.

Quand ils entrèrent dans la grande salle des DST et des réunions, le brouhaha se tût d'un coup. Quelque part, inconsciemment, ils s'étaient attendus à un mythe vivant, mais l'auteure était juste une humaine normale. Debout derrière le bureau à côté de la porte, les doigts tapotant nerveusement la table, jouant avec la fine chaîne à son cou, ouvrant et refermant sa montre, attendait que tout le monde ait pris place.

Cassiopéia remarqua tout de suite cette nervosité et, poussée par un élan de compassion qui chassait l'intimidation, elle s'approcha et murmura à l'adulte qu'elle pouvait se détendre, les élèves n'allaient pas lui faire de mal. Le regard perdu dans le vide, Jeanne répondit d'un hochement de tête presqu'automatique et la remercia, avant de lui dire d'aller s'asseoir avec les autres.

Elle est bizarre... C'est comme si elle n'était pas vraiment là...

Au bout de quelques minutes, tous les élèves étaient installés, et la session put débuter.

Il n'y avait pas vraiment de forme décidée. L'objectif était de pousser les élèves à réfléchir, à trouver des idées, à les mettre en forme, au cours des sessions. Et aujourd'hui, l'auteure était là pour les faire écrire, et leur donner des conseils d'écriture et de rédaction. Et leur expliquer comment un livre peut naître.

Elle commença par rappeler ce qu'ils allaient faire, leur annoncer qu'il y aurait un atelier d'écriture sur la deuxième heure de la rencontre, la première étant consacrée à son exposée et aux questions qu'elle devinait déjà dans leurs regards. Puis elle les encouragea à se présenter, faisant un effort pour retenir le maximum de noms et les particularités citées par chaque élève.

Son regard resta fixé une bonne minute sur Dray, qui avait seulement dit son nom et remercié pour Éloïs. Mais elle avait tout de suite compris ce que ça voulait dire. Éloïs, le deuxième personnage principal de son roman, était non-binaire. Un remerciement pour cette écriture signifiait que l'identité de la personne en face d'elle n'était pas non plus dans la binarité. Elle lui avait souri doucement, et avait fait passer la parole.

Au bout d'une vingtaine de minutes, les quarante-huit élèves s'étaient présentés. Et l'auteure avait réussi à retenir une bonne partie des noms, ce dont elle était contente.

« Bien, merci beaucoup à tous d'être venus et de vous être présentés. Me concernant, je crois que la plupart me connaissent, mais un petit rappel n'est pas mauvais. D'abord, mais vous vous en doutez, Greenleaf n'est pas mon vrai nom. Seul mes élèves le connaissent, et c'est mieux pour moi. Je ne veux pas être en permanence une auteure à succès... Même si je n'ai jamais compris comment c'est arrivé. Originellement, je m'ennuyais et j'écrivais un peu ce qui me passait par la tête. Et il m'a fallu beaucoup de temps pour comprendre comment un monde s'agence et dépasser le premier chapitre. Ça c'est la base... Et je sais que la plupart du temps, je n'ai pas grand-chose à dire de plus pour terminer l'heure d'intervention car vos questions remplissent largement ce temps... Alors c'est à vous ! »

Héritiers--Fanfic MiraculousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant