Chapitre 8. Aurore

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Et merde.

Je me laisse aller contre la paroi du mur froid, me recroquevillant sur moi même.

Une larme s'écrase sur le haut de la petite robe en satin blanc que je viens d'enfiler et dans laquelle je me sens juste hideuse.

Ma chambre étudiante qui semblait si mignonne avant mon arrivée est à présent dans un état chaotique. Des tonnes de vêtements sont empilés sur mon lit, mon bureau et certains ont même débordés par terre.

Ma colocataire va me tuer...

Je fixe le miroir devant moi et observe mon reflet.

Je me dégoûte.

Rien ne pouvais dépasser le dégoût que j'avais pour moi-même à cet instant.

Mon visage est rougis et humidifié par mes larmes qui ne cesse de dévaler sur les joues.

Cette robe ne me va pas du tout, j'ai l'air énorme dedans. Je n'ai pas assez de forme pour porter ce coll bénitier et le blanc me grossit. Le dos est plongeant avec seules les ficelles de la robe pour la resserrer qui forment des croisés. Elle m'arrive à mis cuisse se qui reste relativement court.

Cette robe appartenait à ma sœur et je commence à comprendre pourquoi. Elle, elle avait le corps pour la porter, hors ce n'est pas mon cas.

Si j'avais été plus mince, plus belle peut-être que les gens m'auraient autant aimé que Cassy ?

« Tu est trop grosse Aura »

Oui, je suis trop grosse.

« Tu es vraiment affreuse. »

Je suis affreuse.

« Non, maintenant tu es trop maigre. Manges ! »

Je suis trop maigre, je dois manger d'avantage.

« Ta sœur est beaucoup plus belle que toi. »

Je sais, ma sœur sera toujours meilleure que moi.

C'était tellement hypocrite et contradictoire de leur part. Ils m'avaient fait détester mon corps au plus haut point pour maintenant me supplier de manger.

Seulement je n'aurais jamais l'air belle dans une robe.

Je me sentais toujours trop grosse à cause de certain et trop maigre à cause d'autres. Jamais assez bien pour eux.

Je me répugnait à cause d'eux.

À cause du pouvoir de leurs paroles et de leurs mots qui me rongeaient de l'intérieur.

Si j'avais le choix, je sortirais de mon corps et je le laisserais vivre tout ça sans moi. Si j'avais le choix, je fermerais les yeux et je dormirais jusqu'à ce que ça ne fasse plus mal. Je n'ai pas le choix.

Je détourne le regard vers le sol, fixant le petit paquet de gâteau au chocolat entamé laissé à l'abandon sur le sol. Une petite fourmis est déjà en train de récupérer les quelques miettes sur le parquet.

Ma gorge se noua et je le saisis d'une main tremblante et tourne l'emballage pour obtenir les informations au dos du paquet.

118 calories par gâteau.

Je fais rapidement le calcul dans ma tête et de nouvelles larmes dévalent sur mes joues.

J'avais encore craqué putain.

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