Cancún, 19 septembre 2018
Je sentais le tissu humide sous mon corps, mon odorat arrivait à percevoir les odeurs d'alcools autour de moi et l'odeur de transpiration qui embaumait la pièce.
Dans quoi je me suis encore embarquée ?
Mes paupières avaient du mal à s'ouvrir, pourtant je le devais.
Mes bras pendaient le long de mon corps, mon cerveau était déconnecté et un léger sourire apparu sur mon visage.L'instant de flottement.
C'est le moment où tout les problèmes s'envolent, que le négatif s'en va et que vous souriez enfin.
C'est mon moment préféré.
Les gens hurlaient autour de moi, la musique étaient à fond, rien de plus banal pour une soirée.
Juana, une fille qui bosse avec moi depuis quelques temps dans le café où je travaille m'avait ramené ici.
J'aurais pas dû y aller.
L'appel de la drogue était trop forte, j'avais envie de planer et j'avais réussi.
Je revis son visage en tête.Non.
Tout sauf ça,
Même là je la voyais.-Ava ?
Je sentie quelqu'un me secouer, la voix était floue et j'avais l'impression que cette voix se répétait en écho dans ma tête.
-Ta copine à vraiment l'air mal.
Je l'étais, mes paupières s'ouvrirent et je vis des points noirs partout qui dansaient dans la pièce.
J'aurais jamais dû prendre ce cachet de LSD.« Tu sers définitivement à rien »
J'avalais ma salive plus fort en me répétant cette phrase plusieurs fois en tête.
Malheureusement c'était vrai.Je pris conscience que j'étais sûrement sur un canapé, Juana m'avait définitivement emmené dans un plan pourri.
J'étais entrain de foutre ma vie en l'air, j'avais rien.J'arrivais plus à payer ma chambre que je louais, j'allais au travail tout les jours mais on me payait une somme misérable, pas de famille, pas d'animaux, pas d'amis et encore moins d'homme dans ma vie.
« Pourquoi tu restes en vie alors ? »
Très bonne question, pourquoi s'accrocher alors que chaque jour était pire que le dernier ?
Parce que être oubliée était ma plus grande peur.Personne ne se souviendrait de moi.
-Ava, faut qu'on bouge, Juan et Marco disent que ça craint ici, deux mecs ont chopés des couteaux et veulent se planter.
Je posa un pied à terre, puis l'autre, ma tête se redressa mais les formes noires continuèrent de bouger autour de moi.
J'avais besoin d'aller à la plage.
Je sentis que Juana passa une main autour de ma taille pour m'aider à me relever.
Un pas après l'autre, je tituba jusqu'à la porte d'entrée.
Dans l'appartement on entendait de la vaisselle se casser et des hurlements.
Mes mains se portèrent automatiquement à mes oreilles, je ne pouvais pas entendre ce bruit, c'était trop.J'entendais ses hurlements
Nous étions enfin sortis de cet endroit, nous traversâmes l'immeuble qui était honnêtement pas bien entretenu, comme la plupart des quartiers non touristiques de Cancún.
Une bouffée d'air chaude m'accueilli, c'était la saison humide ici, les températures pouvaient être très chaudes encore.-Juana ?
Ma voix était pâteuse et prononcer ce simple prénom me prenait toute ma force
-Mhhh ?
-Plage
Je l'entendît souffler
J'avais vraiment besoin d'être apaisée.
Marco me pris par le bras pour aider Juana à me porter.
Je retirais directement mon bras de sa main.
Je supportais pas ce mec, encore un autre que Juana avait trouvé dans un bar et qu'elle avait décidé d'aider.
Je sentis qu'on m'installait dans une voiture.-Juana on vous emmène où ?
-Playa Punta Cancún.
Elle me connaissait bien, une de mes plages préférées de Cancún.
Quelques secondes, minutes ou heures après nous étions arrivés à la plage.-Eh Juana ? Nous on vous laisse, on a pas envie de s'ennuyer sur une plage alors qu'on a un after de l'autre côté de
la villeEse pendejo ( ce connard ) ricana, c'est sur qu'à part boire et voir des femmes il savait rien faire de sa vie.
« Tu te permets de le juger alors que tu n'es pas mieux »
Pas faux.
Juana me sortie de la voiture en m'aidant à me lever.
Je sentis l'odeur de la mer et mon corps se relaxa immédiatement.Enfin.
La voiture partie à fond sur la route.
-Crois moi, un de ces jours Ava ils auront un accident à rouler aussi vite, je
les auraient prévenus.Juana m'enleva mes vieilles converses qui étaient dans un état minables.
A l'instant où mes pieds touchèrent le sable, j'eu l'impression de respirer.
La drogue commençait à partir et la vie réelle se dévoila à moi.Je vis la plage et la mer, puis les étoiles et la
lune.Juana se posa sur un muret qui bordait la plage et s'alluma une cigarette.
Elle savait que dans ces moments là j'aimais être seule.
Je m'avançai sur la plage déserte au vu de l'heure, je regardais mon téléphone, 4 h 54 du matin.
Pas étonnant qu'il n'y ait pas foule.
J'enlevais ma veste que j'avais depuis la fin de mon collège et m'allongea dans le sable.Je vis les constellations.
La lune éclairait doucement la plage et le son de la mer m'apaisait.Respirer.
18 ans, a peine majeure et déjà la perspective d'une vie ratée.
« Qu'est ce que je vais faire de ma vie ? »
Aucune idée.
J'aurais aimé avoir quelqu'un sur qui me reposer, quelqu'un qui m'aime.«Tu aurais aimé qu'elle soit là »
J'aurais adoré qu'elle soit là et qu'elle me console.
J'aurais aimé ne pas l'avoir perdue.Une goutte d'eau chaude dévala ma joue, mes sourcils se froncèrent et je levais ma tête vers le ciel, il ne pleuvait pas pourtant.
Je pris bien 30 secondes à me rendre compte que c'était une larme.
LSD : drogue qui se prend sous forme de cachet ou de gélule et qui provoque des hallucinations.
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Ava
Ficção GeralCancún- 20 avril 2022 Pourquoi je reste ? Pourquoi rester ? Pourquoi s'accrocher ? yo sobrevivo. 8 ans, Te echo de menos 🤍