𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐈𝐈

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Cancún- 28 avril 2014

  Il fait nuit, je suis assise sur un trottoir dans le centre ville de Cancún.
Plus aucun touriste n'est dans la rue.
Je jette un coup d'œil à ma vieille montre que j'ai volé dans un café du coin sur une terrasse.

23h57.

J'aurais tellement voulu aller à la plage mais personne n'a bien voulu m'emmener.
L'année prochaine j'y serais.
Une minute est passée,

il est 23h58.

Je regarde devant moi, des hommes fument accoudés aux murs.
Mes yeux se lèvent vers le ciel, c'est la pleine lune.
Mes lèvres s'étirent en remarquant ça et je détaille attentivement chaque étoile en souriant.

23h59.

Ma jambe droite se met à trembler automatiquement tandis que mon cerveau se souvient de sensations familières de mon enfance.
Sa voix, son visage, son odeur.
Tout remonte.
Mes paupières se crispent directement.
C'est trop tôt pour repenser à elle.

Je sors le petit briquet que j'ai gagné en battant une fille à une course de vitesse  et l'allume en regardant la flamme scintiller.

00h.
Je souffle, et la flamme s'éteint.

-Feliz cumpleaños ava.
(Joyeux anniversaire ava)

J'ai 14 ans.
Quatorze années de vie et malheureusement beaucoup d'autres à vivre.
Un des hommes qui est en face de moi m'a remarqué.
Heureusement il a l'intelligence de ne pas venir me voir.
Je mord ma lèvre du bas jusqu'au sang.
J'aurais aimé être avec une famille autour d'un gâteau, une chanson d'anniversaire, tout cela porté par l'amour et la sécurité.
Ça ne sera pas comme ça, faut que je m'y fasse.

Je me redresse en attachant mes cheveux en une queue de cheval.

Une voiture arrive très vite dans la rue.
Sans que je m'y attende des images arrivent à mon cerveau.

Feu
Hurlements
Essence brûlée.

Un vertige me prit et ma respiration devint saccadée.
J'étais en manque d'air.
J'avais besoin de respirer et de chasser l'odeur de l'essence cramée que j'arrivais à sentir.
Des larmes dévalèrent mes joues.
Il m'aurait trouvé pitoyable.
Plus que pitoyable,
Une bonne a rien.

Je m'adossai au mur derrière moi en reprenant petit à petit une respiration plus calme.

L'homme de tout à l'heure vint vers moi et me tendit une sorte de cigarette mais plus épaisse.
Un joint.
Je relevais la tête en le regardant avec les sourcils froncés.

-Qué es ?
(Qu'est ce que c'est ?)

Il ne répondit pas de suite, m'analysant du regard

-Prend, ça te relaxera.

Je soupesais le pour et le contre.
Je ne connaissais pas cet homme, ce qu'il m'a donné pouvait être n'importe quoi, n'importe quelle substance.
D'un autre côté, j'avais vraiment besoin de me détendre et le prix de la marihuana avait fortement augmenté ces derniers temps.

-Qu'est ce que tu veux en échange ?

L'homme éclata d'un rire vicieux et je me demanda si ma question était aussi stupide que ça ?

-Je fais pas dans la charité normalement, tu m'as juste fait pitié assise seule par terre à souffler ta bougie d'anniversaire.

Je n'avais pas honte.
C'était la réalité et il fallait l'accepter.
Faire pitié était aussi normal vu mon apparence physique, mes vieux vêtements et mes converses trouées n'aidaient pas.

Je sorti mon briquet, portait son joint à mes lèvres et l'alluma, signant la fin d'une part d'innocence qu'il me restait.

Je savais fumer.
Amando m'avait appris.

La fumée passa dans mes poumons et mon regard se fixa dans les yeux de l'homme.

- Gracias
( Merci )

-Considéralo tu regalo de cumpleaños.
(Considère le comme ton cadeau d'anniversaire)

Drôle de cadeau d'anniversaire pour un gosse de 14 ans.
Après je disais pas non.
Je remarqua que l'homme me regardait encore fixement.

- Un problème ?

Un sourire mesquin se dessina sur son visage et c'est là que je remarquais la petite étoile en haut à droite de son sourcil gauche.
Merde.

-Ava.

Sa voix était calme mais menaçante.
D'un geste sûr il releva légèrement son t-shirt et me montre son glock coincé dans son pantalon.

J'évaluai la situation.
Un homme.
A coup d'œil 1m85.
Il savait se battre.
Ses poings avaient de légères cicatrices de bagarres.
Sa lèvre était fendue sur le côté droit de sa bouche.
Mais en marchant pour me donner son « cadeau » j'avais remarqué que sa jambe droite s'appuyait plus dans le sol que la
gauche.

Il boîte.

Un petit sourire satisfait apparu sur mon visage.
Ma jambe se leva vite du sol et je frappa son genoux gauche assez fort pour lui faire mal.
Je l'entendît grogner.
J'étais déjà partie en courant dans les rues de Cancún.

Droite
Gauche
Échelle.

J'allais le semer par les toits.
Et encore un avantage pour moi,
Je connaissais tout les recoins de cette ville.

Mes cheveux volaient dans le vent.

14 ans.
Pitoyable

C'était pas le moment.
Je continuais ma course poursuite et descendis des toits quelques minutes plus tard en rejoignant la terre ferme.
Maintenant gauche.

J'arrivais dans ma rue.
Des vêtements étendues partout,
La façade délabrée du bâtiment
Le ballon de foot des petits du quartier était posté devant l'immeuble
Je rentrais dans le hall,
Pris les escaliers ou la peinture se délabrait à cause de l'humidité et du mauvaise entretient du bâtiment.
Sur mon pallier il y avait deux portes.
Une qui menait à ma chambre
Et l'autre qui menait à l'appartement d'Elena.

C'était une mère de famille qui vivait dans un appartement 3 pièces, 4 enfants, pas de mari.
Depuis que j'étais arrivée quelques mois plus tôt , elle m'avait prise sous son aile.
La voilà qui m'attendait devant sa porte en robe de nuit les sourcils froncés.

-C'est à cette heure là que tu rentres ?

-J'ai pas vu l'heure.

Elle me regarda de travers mais ne dis rien de plus.
Elle savait tout comme moi que je n'avais pas d'avenir.
Elle ouvrit ses bras en me regardant.
Après quelques secondes d'hésitation je fis quelques pas vers elle et alla dans ses bras.

-Joyeux anniversaire petit coeur.

Mon corps sursauta.
Je murmurai un petit « Gracias » et m'écarta d'elle.

-Je t'ai laissé une assiette de chili con carne sur ta table.

Je ne méritais pas cette femme.
Je la remercia plusieurs fois et entra dans ma chambre.

C'était humide et mal isolé.
Un petit lit était au centre avec une table à côté.
Je remarquais l'assiette que Elena m'avait laissé avec un petit trèfle à trois feuilles posé à côté.
Mon sourire revint.
Je me précipitai vers l'assiette et mangea tranquillement.
Tout de suite après j'allais me laver les dents grâce à une petite bassine d'eau que je nettoyais et remplissais chaque jours.
Puis je m'écroulais sur mon lit en faisant trembler les ressors du matelas.

Je sortis de ma poche ma bague ou les initiales T.F étaient gravées, je la mît dans ma main et ferma les yeux.
Demain serait un nouveau jour.

Ava Où les histoires vivent. Découvrez maintenant