Chapitre 5

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Quoi? Aie-je bien entendu? J'en étais pas sûre au début, mais maintenant qu'il l'a dit, ça me fait tout un choc...

"Un vampire... Je suis un vampire."

Cette phrase troublante, pourtant simple, n'arrête pas de passer en boucle dans ma tête. Ça se répète encore et encore.

Je suis toujours assise sur son bureau, en état de choc, alors que lui est dos à moi. Je fixe son dos, musclé, sans savoir quoi dire. Ma vision est de moins en moins trouble, mais mon coeur ne fait qu'accélérer à chaque seconde.

-Désolé pour... ça.

Est-ce mon professeur dans ce corps d'immortel? Je ne crois pas, parce que le vrai Mr. Charles est un brin arrogant, a "toujours raison" et ne s'excuse jamais. En plus, sa façon de parler ne faisait pas vraiment XIXe siècle dans sa phrase.

- Depuis... combien de temps? Réussis-je à lui demander d'une voix un peu trop aïgue à mon goût.

Il est toujours tourné. Il baisse la tête et regarde vers le plancher.

- Je ne m'en souviens plus, m'affirme-t-il avant de se retourner pour m'examiner. Ses yeux sont encore de la couleur du ciel, et je vois une lueur de tristesse ou de nostalgie les traverser.

Il commence à s'approcher, pas à pas, lentement, vers moi. Va-t-il recommencer? Non! En tout cas, moi j'veux pas!

Il accélère légèrement la cadence et moi je recule frénétiquement sur le bureau, avant de tomber dans le vide. Au moins, il y avait son fauteuil pour m'empêcher de me péter la gueule à terre.

Je fais rouler sa chaise jusqu'à cogner le mur, puis il apparaît, comme ça, juste devant moi. Il se penche, s'appuie sur les avant-bras du siège et approche son visage à quelques centimètres du miens. Il VA recommencer!

Il approche sa tête de plus en plus près de mon cou et je peux sentir sa respiration sur mon oreille. Je frissonne au contact de l'air chaud qui me chatouille le lobe. Il ouvre sa bouche et, juste au moment où je croyais qu'il allait se nourrir une nouvelle fois, il me chuchote à l'oreille.

- Tu ne dois en parler à personne, me menace-t-il, en mettant l'accent sur chaque mot, surtout sur le "personne". Sinon...

Je retins ma respiration en attendant le bout de phrase qui s'échappa finalement de lèvres.

- Sinon, je m'en prendrai à ton amie. Comment se nomme-t-elle déjà? Angie?

Je me redressai d'un cou sur le fauteuil. Angie? Non! Je ferais n'importe quoi pour elle! Il est hors de question qu'il touche ne serait-ce qu'à un cheveu de ma meilleure amie.

- Jamais je ne vous laisserai la...

- Toucher? Lui faire du mal? M'interrompt-il en reculant sa tête pour me fixer dans les yeux.

Il a l'air encore plus menaçant avec cette posture, et je ne peux rien faire d'autre que d'être figée sur place et de plonger également mon regard dans le sien.

- Qu'est-ce que tu crois? Que tu pourras m'empêcher de vider ton amie de son sang si jamais tu me trahis? Oh non! Viendrais-je de te dévoiler mes projets à haute voix?

Ce ton était tout simplement ironique. Aussi ironique que... en fait non, je trouve pas de comparaison.

Ce qu'il est attirant lorsqu'il est menaçant. Surtout lorsqu'il me paralyse de son regard de... Mais quoi? Non! Je le déteste! Je le déteste d'avoir un esprit aussi noir et je le déteste de me faire cet... effet-là!

On se fixait pendant de longues secondes. Aucun de nous ne bougeait ne serait-ce que le petit doigt. Puis je baissai les yeux vers ses mains, avant de replonger dans son regard.

Un prof pas comme les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant