Chapitre 7

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Je savais que des élèves étaient en train de me regarder discrètement. Seulement, je ne sais toujours pas si c'était des regards emplis de dégoût ou de pitié. En fait, je ne veux même pas savoir. J'en ai rien à chier de leur opinion.

La colère, ou plutôt la rage, commence alors à monter en moi. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça? Hein? La vie est vraiment merdique. C'est de la merde qu'on nous offre sur un plateau d'argent. De la pure merde fraîchement chiée du cul du plus merdique des humains, James Lord. Qu'est-ce que j'ai le goût de lui en coller une, là, tout de suite!

Toujours en petit bonhomme contre le mur, je serre les poings. Après la pluie vient le beau temps? Non. Pas du tout. Après la pluie et les larmes viens le pétage de gueule et la revanche.

Je frappe un bon coup sur le plancher en ressentant à peine la douleur. Je me lève d'un bon et me dirige vers mon casier. Je décode le cadenas et ouvre la porte de mon casier d'un grand coup. J'ouvre frénétiquement mon sac et en sort une nouvelle paire de ciseaux. Dans mon moment de folie, je joins mes mains ensemble et chuchote un "excellent" digne de Mr. Burns dans les Simpsons.

Je me rend rapidement à l'extérieur et examine le stationnement de l'école. Mon regard se bloque sur une petite Nissan 2004 rouge légèrement rouillée près des roues. Je souris diaboliquement et me dirige d'un pas pressé vers le véhicule.

J'écarte lentement les ciseaux et approche l'objet de la voiture. Je pose la pointe d'une des lames sur la carosserie et commence à tracer un long trait. Le bruit agressant me donne des frissons, mais plus le trait est long, plus la colère en moi s'apaise. Je finis la ligne près du phare arrière et recommence la même chose de l'autre côté. Une fois terminé, je vais près du rétroviseur du côté conducteur. Je protège ma main le plus possible avec ma manche et donne un bon coup dans le miroir avec la paire de ciseaux. Le verre vole en éclat. Un morceau revole et m'écorche légèrement la joue, mais je saigne à peine. Je me penche près de la poigné et grave habilement une main avec un seul doigt de levé: le doigt d'honneur, mon préféré. Une fois tout mon sabotage terminé, je me redresse, satisfaite de mon oeuvre d'art.

- Tu es sûre que tu ne veux pas signer ce chef d'œuvre?

Je me retourne, surprise, et vois...

- Charles? T'as pas un cours à donner?

Il était accoté au mur de brique, une cheville par dessus l'autre, les mains dans les poches avant de son pantalon. Ouh, son beau pantalon qui lui va si bien... Rachel, calme tes hormones! Il se redresse et s'avance vers moi. Il me regarde avec ce regard que je ne connais que trop bien.

- Pas maintenant, Charles, l'avertissai-je.

Il continua de marcher vers moi et s'arrête net juste devant moi. Je n'ai pas bougé d'un poil. J'essaie de le défier. Ça a l'air de fonctionner. Un peu. Un tout petit peu.

- Est-ce douloureux? Me demande-t-il avec un sourire douteux.

Il lèche son pouce d'une manière très sensuelle et le presse doucement sur la coupure de ma joue. Ce simple toucher suffit pour que je ressente une brûlure. Je me défais de son emprise et porte ma main à ma blessure. Guérie.

- Va falloir que tu me dises comment tu fais ça.

- Même si je le faisait, tu ne pourrais y arriver, et tu en connais les raisons.

Ah, oui, c'est vrai... Sa condition extrêmement spéciale et surtout surnaturelle de buveur de sang.

- J'ignorais que tu étais douée en art, me fit-il remarquer.

- Ouais, bah je penche plus pour la photographie, mais j'avoue j'suis bonne en dessin, je lui répond en faisant un geste paresseux vers mon dessin de main. J'avoue, c'est assez réaliste.

Un prof pas comme les autres...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant