Chapitre 25 : Perry

238 11 2
                                    

Honnêtement, si on m'avait dit il y a une semaine que la cohabitation se passerait si bien, j'aurais ri au nez de la personne qui aurait suggéré une telle absurdité. Mais finalement ce n'est pas si loin de la réalité.

J'ai passé plus de temps à rigoler avec Brandy qu'(à me prendre la tête) avec Basil. Elle s'est arrangée pour décaler au maximum ses horaires et je lui en suis extrêmement reconnaissante. Vraiment, ils auraient pu me laisser cohabiter chez elle à ce rythme là.

D'ailleurs, son idée de leçons privées s'immisce un peu trop dans sa tête. Elle est persuadée qu'elle peut m'aider à "m'épanouir et aller au plus profond de moi-même" ce qui veut dire si je traduit "réussir à jouir et faire chier Basil un maximum". Elle n'arrête pas de me donner des "devoirs" à faire que j'évite à tout prix.

Pourtant Basil prend son rôle très à cœur. Je dois lui envoyer un message toutes les heures lorsqu'il n'est pas à mes côtés. 

Ils nous arrive même de passer un peu de temps ensemble. En haut de la liste, nos leçons de boxe. Des moments privilégiées auxquels je commence vraiment à prendre goût. Non seulement c'est un adversaire à ma taille, mais en plus c'est apaisant. En général, nous ne parlons pas vraiment. Nous ne nous touchons pas vraiment non plus. Seuls de long regards appuyés prennent de plus en plus de place. Le combat a toujours été un exutoire dans lequel déchainer ma violence. De plus en plus, c'est un moment de plaisir dans lequel j'arrive à me réguler sans pour autant être frustrée.

Et sinon ? Rien. Pas une seule nouvelle du reste du groupe et encore moins de Dodge. Je vais commencer à devenir folle si je reste encore longtemps sans nouvelles. Je veux savoir qui fait ca et pourquoi. Heureusement, une réunion téléphonique est prévue avec Dodge dans moins d'une dizaine de minutes.

Je suis déjà prête depuis un long moment alors je relis les post it que Brandy me glisse à chaque fois que je vais la voir. 

"Faire quelque chose pour se sentir puissante"
"Faire une liste de mes fantasmes"
"Utiliser mon vibro jusqu'à l'extase"
"Dire merde et tout envoyer valser"

Ce ne sera pas encore pour aujourd'hui, alors dans un profond soupir je les amasse et les replace sous mon livre sur le bureau. D'habitude à cette heure là je suis encore avec ma sénégalaise préférée, mais elle avait d'autres choses à finir donc nous nous sommes quittées il y a une bonne demi-heure. Basil est concentré sur son ordinateur donc je n'ai aucune occupation.

Mon stress et mes nerfs montent jusqu'à l'heure du rendez-vous. Je ne tiendrai vraiment pas longtemps comme ca. Lorsque mon téléphone retentit enfin, je saute presque dessus pour répondre.

-Allo ?

La voix profonde et rauque de Dodge retentit dans le combiné et je m'apaise car je sais qu'il va m'apporter des réponses. Nous échangeons quelques banalités puis il rentre dans le vif du sujet. Basil se rapproche de moi mais ne me demande pas de mettre le haut parleur. Il se contente de m'observer en coin.

-J'ai des bonnes et des moins bonnes nouvelles. On sait qui a fait le coup ca a été confirmé. C'est un petit gang sans intérêt qui essaie de prendre de l'importance depuis quelques années. Je t'autorise à sortir de nouveau mais uniquement sous surveillance rapprochée. Partout ou tu vas, Basil te suit à la trace. Dès qu'on a de quoi passer à l'offensive et leur faire comprendre que tu es intouchable tu seras de nouveau libre de tout mouvement.

-Dans la limite des deux mois évidement. C'est déjà assez long.

Un silence s'installe avant qu'il ne le brise en se raclant la gorge.

-Bien entendu. Je suis un homme de parole. Quoiqu'il en soit merci de jouer le jeu et de nous aider à garder tout le monde en sécurité.

Il raccroche rapidement et j'explique tout à Basil. Il me regarde d'un air amusé et je n'arrive pas à comprendre pourquoi donc je lève un sourcil interrogateur pour qu'il m'explique ce qui lui passe par la tête.

-Rien c'est juste que tu n'as pas levé les yeux au ciel. Tu le fais si souvent que j'ai presque cru que c'était un toc.

En l'entendant, je roule des yeux sans pouvoir le contrôler ce qui déclenche son hilarité. Je réprime un sourire en le tirant par le bras.

-Allez c'est presque l'heure de l'ouverture. Je veux aller au club et voir tout le monde. Et me rendre utile évidement.

-Je suis habitué à tes folies vestimentaires mais tu es sûre de toi ?

Il me jauge quelques instants et étudie ma tenue. Un coup d'œil dans le reflet de la vitre me remet vite les pieds sur terre. Entre mon jogging informe, mes chaussettes pilou pilou, mon débardeur taché et mes cheveux blindés de nœuds, c'est sûr que je ne passerai pas inaperçue dans un endroit comme le Bounce.

Je suis tellement pressée de voir mes nouveaux amis que je devrais enfiler la première chose qui me tombe sous la main et courir les rejoindre. Mais j'ai aussi envie de refaire forte impression. Je ne sais pas trop quel est le but de la démarche, peut-être qu'ils soient fiers de moi. Alors je prends ma plus belle robe, prends le temps de me raser et de mettre de la crème. De structurer mes boucles folles et de donner un peu de couleurs à mon visage.

Quand je sors de ma chambre une vingtaine de minutes plus tard, Basil m'attend et il a lui aussi revêtu des vêtements qui le mettent plus en valeur. Il est même très beau dans ce pantalon. 

Et le haut de son corps est très bien aussi. Evidemment. 

Il m'observe sans rien dire et un pli s'insinue entre ses sourcils. J'ai l'impression de l'énerver. Pourtant je n'ai même pas eu le temps d'ouvrir la bouche. Comme je veux passer une bonne soirée, je n'y prête pas attention et me contente de le suivre jusqu'à la porte du club. Quand je m'y engouffre, une tempête me fouette de plein fouet. 

Priam me serre dans ses bras et sautille sur place. Un flot de paroles commence à s'échapper de sa bouche et j'ai du mal à comprendre tout ce qu'il me dit. Comme il s'agit du compte rendu de ses histoires de la semaine, je me contente de hocher la tête et d'avoir l'air enjouée. 

Je suis vraiment contente de le revoir. Pourtant ca ne fait pas si longtemps. Brandy n'est pas là mais j'essaie de ne pas y prêter trop d'attention. Une douce euphorie me réchauffe le cœur et s'étend lorsque Priam me saisit par la hanche pour m'emmener à la salle de combat. Juste derrière moi, je sens Basil qui prend son rôle de garde du corps très à cœur.

Au sous-sol, l'ambiance se réchauffe doucement. Les combattants de la soirée  s'échauffent et s'entrainent sur un fond de musique. C'est pareil tous les soirs mais pourtant un détail retient mon attention. L'un des hommes attire mes yeux comme un aimant. Voyant que je ralentis la cadence, Basil s'avance jusqu'à être à ma hauteur pour m'encourager à avancer vers les vestiaires. 

Comme je reste statique, il tourne la tête vers l'objet de mon attention mais je ne vois pas l'expression de son visage, trop occupée à observer ce beau métis. Lorsque ce dernier tourne la tête vers moi, je percute enfin. C'est Parker, le combattant que j'avais raccompagné à la loge sous les conseils de Priam pour essayer de conclure. Mes joues rosissent mais je ne romps pas le contact visuel. Il prend sans doute cela pour une invitation parce qu'il glisse un mot à son ami et se dirige vers moi. 

Ou plutôt sur nous. Si Priam comprend très vite le message et s'éclipse sans un mot, Basil se rapproche un peu plus près. 

-Eloigne-toi s'il te plait, je râle entre mes dents. 

-Impossible, tu oublies que je dois te suivre à la trace, il me répond, un sourire diabolique sur les lèvres. 

-Tu me verras toujours aussi bien depuis l'estrade, c'est quoi ton problème ? 

Mais il n'a pas le temps de répondre que Parker se matérialise à nos côté. Il m'adresse un sourire adorable et je remarque ses dents blanches parfaitement alignées. Comme la première fois, j'ai l'impression que tout est trop parfait chez lui. Trop beau, trop lisse, trop doux. 

-Perry c'est ça ? Je dois avouer que je désespérais de te revoir un jour depuis que tu as du aller gérer cette urgence. 

Son ton pue le flirt et je glousse en retour. Je ne fais que mon devoir d'élève de Brandy après tout. Et comme ca a l'air de faire chier Basil, j'en déduis que j'ai bien réussi ma mission. En plus du fait que ca me fasse me sentir comme une femme fatale. Mais le vice n'est jamais poussé assez loin de mon goût.

-Que veux tu ce sont les aléas du métier. Mais si tu avais vraiment voulu me retrouver tu aurais pu le faire ici, tous les soirs de la semaine. 

Ce serait vraiment gênant de flirter avec Basil juste à côté si ce n'était pas aussi jouissif. Il faut croire que sentir les hormones d'autres personnes à côté de sois c'est très agaçant. Surtout quand la fille que l'on ne peut pas supporter mais qu'on loge chez sois vous empêche de conclure. Le point culminant arrive lorsque Parker saisit ma main entre ses doigts pour les porter à ses lèvres. 

-Malheureusement j'étais en Europe pour une série de combats, mais à peine revenu, je me suis empressé de revenir. 

Quel acteur studio. Qu'on lui décerne un oscar. 

-On se verra peut-être un de ces jours alors, je réponds tout sourire. 

Jouer sur la corde raide de notre accord est si distrayant. Ce n'est pas souvent que l'on peut surprendre l'homme des cavernes avec de la frustration, pourtant, je n'ai aucune volonté de poursuivre avec Parker. 

Il n'y a malheureusement plus qu'une personne autour de qui je gravite inlassablement.

The Bounce - Perry [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant