BACKROOMS

Nouveau Monde

J'ai mal à la tête. 

Ai-je raté quelque chose ?

Suis-je en enfer ? 

Au paradis ? 

Où sont mes hommes ? 

Que s'est t-il passé ? 

Tant de questions m'assaillent.

Ma vision et mon audition s'habituent petit à petit et c'est bien pire, le bruit des néons est infernal et ce jaune à perte de vue. J'ai l'impression que ma tête gonfle jusqu'à exploser, je hurle, saisis mon arme et la lâche immédiatement dans un élan de douleur, mon bras est toujours transpercé et saigne encore. Je saisis mon pistolet de la main droite et réduit en poussière le néon. 

Le bruit ne faiblit pas. 

Le bruit me perçoit de plus en plus fort. Je ne peux plus tenir, je m'effondre par terre en hurlant, je vais devenir fou. 

Une idée me vient en tête immédiatement. 

J'enlève mon casque réducteur de son, me colle à un mur de la pièce et tire, le pistolet collé à ma tête, sur un néon. 

Mes oreilles saignent, je m'entends à peine crier de douleur. Le bruit des néons n'est plus qu'un lointain grésillement. Les larmes coulent mais je ne ressens pas grand-chose à cause de l'adrénaline. Malgré mes tympans explosés, je saisis ma radio et tente un appel :

- Leader Eagle, c'est Yoni. Vous me recevez ?

Silence radio. 

- Les gars, ici Yoni, quelqu'un me reçoit ? 

Silence radio. Personne ne me répondra. J'entame la procédure :

- Ceci est un appel radio émis à l'aveugle. Ici Yoni, ST6, je me suis retrouvé dans une pièce jaune après une explosion, emplacement inconnu. Terminé. 

Je m'assois contre le mur. Je ne réalise toujours pas ce qui m'arrive. Mon père m'a toujours appris à gérer mes émotions, les émotions sont nos ennemis, nos pires ennemis. Une émotion ressentie au mauvais moment peut tout simplement te tuer. Il m'a toujours appris à me détacher de celles-ci et de procéder rationnellement et logiquement afin de me sortir d'un problème. Je me calme en respirant, ça paraît bateau mais ça fonctionne et c'est la meilleure manière de se calmer. Je pose ma tête contre le mur, les yeux vers le plafond, enfin, le faux-plafond et je contrôle ma respiration. 

Après cinq minutes, tout va mieux, je peux enfin réfléchir de manière calme. J'ouvre mon sac à dos afin d'y chopper ma trousse de secours. L'adrénaline est passée, la douleur revient. Par chance, je me suis fait tiré dessus sur un endroit non-dangereux, de plus, la balle a traversé. Je me contente de désinfecter et nettoyer, y mettre du talc et panser la plaie. Je me sens beaucoup mieux directement, même si je sais que c'est uniquement psychologique. J'enfile du coton dans mes oreilles et mon casque réducteur. Je suis prêt à partir mais où ? La pièce est ouverte sur un couloir, j'y jette un œil et un détail me frappe directement.

L'endroit désigne une disposition répétitive et infinie. 

Un frisson me parcourt le corps, c'est beaucoup plus flippant qu'attendu. J'ai l'impression d'être bloqué dans mes anciens cauchemars. Je sors de la pièce et tente d'établir un contact : 

- Eh ho ! Y'a quelqu'un ? 

Personne ne me répond, quel surprise. De toute manière, je ne l'entendrais même pas. J'avance prudemment, le canon haut. Qui a eu cette idée de papier peint ? Déchiré, jaunâtre avec des lignes et motifs noirs délavés, horrible. En tout cas, cet endroit est abandonné depuis un certain temps vu l'état des murs. Cet endroit n'est pas de conception humaine. Je suis perdu, les motifs sont répétitifs.