Chapitre 1.

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Première Partie.

Boston.

L'Hôtel W. Boston se situait à quelques pas du Garden Park où les rues bondées grouillaient d'une foule en transe, suffocantes et grisées de l'énergie américaine. L'odeur des grillades du Rock Bottom en face de l'avenue Stuart Street, pouvait presque s'enfiler jusqu'au dernier étage du luxueux quatre étoiles. Le double vitrage filtrait les derniers rayons du soleil, endiguant la ferveur de l'après-midi.

34°C affichés à l'ombre.

Ce genre de chaleur qui fait transpirer à peine sortie de la douche, qui rend les cuirs chauds et le goudron luisant. Mais l'été 2021 ne semblait pas retenir la population au couvert dans des appartements empestant la sueur et la bière.

Raphaël Ríos horripile ce cocktail, pourvu de fluide malodorant et d'arrière-goût aigre. Ça le rend nerveux.

Peut-être est-ce dû à la sensation d'oppression qui lui enserre la gorge, ou juste la sensation de moiteur extrême de sa peau contre le tissu en coton de sa chemise Elie Saab. Comblée ceci à une aération vrombissante et une pièce sur climatisée.

Mais par-dessus tout, il n'aimait pas perdre son temps. Comme s'il voyait les aiguilles de sa montre défiler avec une vitesse insolente, au même rythme que le paysage au soleil déclinant. Il avait compté l'arrêt d'une vingtaine de voitures taxis au pied du bâtiment, juré à plusieurs dizaines de reprises et inspecté l'immensité de la salle de conférences assez de fois pour affirmer qu'il en avait marre.

La main enfoncée dans la poche de son pantalon au tissu excessivement cher, il exhale une volute de fumée épaisse, jaugeant la fourmilière qui pullule à ses pieds. La cendre, encore rougeoyante, volette et se dépose sur le sol puis est balayée par les remous de l'air. Le filtre lui brûle la peau, tandis qu'il inspire la dernière miette de tabac dans un râle d'impatience. Le museau de ses richelieus embrasse le verre qui le sépare d'un saut dans le vide, puis il fait volte-face sur le PVC qu'il traverse une énième fois. Le mégot crépite quand il s'écrase dans le gobelet de café vide. Café au goût infect. Il en vient à regretter de ne pas s'être arrêté au Starbucks du coin, prétextant ne pas être vouloir être en retard. Quel foutu couillon.

Et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir été prévenu. D'un geste pressé, il sort un téléphone ; un bon vieux BlackBerry des années 2000. Dieu qu'il avait horreur de cette vieillerie. Il écrase les touches, tape son message et le range. Pour le ressortir quelques secondes plus tard pour regarder l'heure. Il finit par le lancer sur le plan de la table où il renverse dans sa chute une bouteille d'eau à moitié entamée. Il fait valser une de ses jambes et frappe le pied d'une chaise.

Alors que celle-ci rebondit sous le choc, la porte de la salle s'ouvre pour la première fois depuis une heure trente.

Trois hommes entrent : Le premier, un homme d'une quarantaine d'années, au physique désavantageux de Gérard Depardieux, au cou du buffle serti d'une chaîne d'or. Il est suivi d'une armoire à glace à la peau ébène, la face patibulaire dans un ensemble trop professionnel ; mal taillé. Le dernier rentre, le pas traînant, un cigare coincé entre ses lèvres luisantes comme son front, une chemise entrouverte et une paire de lunettes ancrée sur un crâne dégarni par l'âge, la peau tamisée par la région. L'Américain dans toute sa splendeur ; en retard et bruyant.

Le sosie de l'acteur s'avance, tend la main avec un sourire de dédain. On pourrait presque apercevoir la dent en or qui remplace une de ses prémolaires.

— Monsieur Ríos, enchanté de vous rencontrer et désolé pour le petit retard.

— Je me passerai de vos excuses, souffle le jeune homme qui contourne son interlocuteur et se poste devant le dernier entré. On sait tous pourquoi nous sommes là, alors arrêtons avec nos bonnes manières. Et je n'ai pas plus de temps à perdre pour parler avec un interprète.

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⏰ Dernière mise à jour : May 01 ⏰

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