Wendy tome 3 : le pilier des dragons

Chapitre 4

 Suivant l'ordre que lui avait donné Zuria, Wendy était sur le chemin du retour pour rentrer chez elle sans faire de détour. Elle n'était, pour autant, pas seule. Bien que Sixircun se soit enfui pour s'isoler après que son invocatrice ait compris qu'il était responsable de la non réception du message télépathique, Kalia, la jeune sœur de Fréone, l'accompagnait.

— Alors ? Quand est-ce que vous allez annoncer à tout le monde que vous êtes ensemble mon frère et toi ?

— P... Pardon ? Qui t'a mis cette idée dans la tête ? C'est Fréone ?

— Il a réagi de la même manière quand je lui ai posé la question, réfléchit-elle. Pour moi ça me paraît pourtant évident.

— Et je peux savoir ce qui fait que c'est si évident que ça ?

— Tout d'abord, il est plus souvent chez toi que chez ses propres parents.

— Et alors ? Ça ne prouve rien. En plus il reste souvent plus longtemps pour s'exercer à la magie que nous apprend mon grand-père.

— D'accord, alors preuve supplémentaire. Quand il dort chez toi, donc plus souvent que chez lui, vous dormez dans le même lit.

— Ça aussi ça ne prouve rien !

— Un peu quand même.

— C'est ce qu'on faisait quand on avait huit ans parce qu'on n'avait pas demandé de lit supplémentaire et avec le temps c'est une habitude qui est restée, c'est tout.

— Il ne s'est jamais rien passé ? Il n'a jamais rien tenté ?

— Mais non ! Et tu n'es pas un peu jeune pour te demander ça ?

— Pas même juste de t'enlacer ? Insista-t-elle.

Si Wendy voulait répondre avec la même énergie et la même conviction que précédemment, cette fois-ci elle ne put que rester silencieuse. Il arrivait effectivement que, dans certaines conditions, elle s'endorme dans ses bras.

— Ahah ! Je le savais ! s'exclama Kalia avec un air triomphant.

— C'est... Ça n'a rien à voir avec ça, se défendit-elle mollement. C'est juste que j'ai...

— Que tu as quoi ?

— J'ai peur de l'orage ! Finit-elle par avouer. Je sais que c'est quelque chose qui paraît ridicule ici, mais quand on a vécu sur le continent et qu'on se retrouve ici, les orages sont absolument terrifiants ! Alors oui, il me prend dans ses bras pour me rassurer, mais je ne suis pas la seule. Ma sœur est comme moi et Lig fait pareil.

— Mais Lig est le mari de ta sœur. Donc...

— Zut à la fin ! Fréone n'est qu'un ami !

Après s'être légèrement emportée, Wendy se calma quelque peu et s'excusa. Kalia était peut-être bornée, mais elle était aussi très sensible et pouvait se mettre à pleurer si elle sentait de l'animosité envers elle. De plus, avec tout ce qu'elle avait listé, elle était en droit de se poser la question. Pour Wendy, ce qu'elle venait de dire n'était pas un non catégorique et définitif.

Il n'y avait rien entre eux, mais si le sujet venait à arriver dans une conversation avec lui, que répondrait-elle ? Elle-même n'en savait rien et, si elle admettait qu'elle pouvait ressentir quelque chose pour lui, une chose qui pouvait s'épanouir si on lui donnait sa chance, elle était bien trop timide sur ce sujet pour faire le premier pas.

— En tout cas ça ne doit pas être facile pour toi. Tu dois être serrée entre mon frère et Sixir.

— Est-ce qu'on peut avoir un autre sujet de conversation que celui qui consiste à supposer ce qui se passe dans mon lit ? Et puis Sixir ne dort pas avec moi. À vrai dire, il ne dors pas du tout.