Wendy tome 3 : le pilier des dragons

Chapitre 7

 Trois mois s'étaient écoulés depuis que Lutalica avait laissé entrevoir un passage vers son cœur avant de le refermer. En ce qui concernait l'incident qui avait suivi où Wendy avait dérangé l'hippogriffe blanc devenu sauvage en pénétrant dans sa forêt, il avait été décrété qu'elle n'aurait aucune punition pour cela.

En effet, c'était un enchaînement de coïncidence qui l'avait empêchée d'être mise en garde. Tout d'abord, la personne qui l'avait accompagnée dans la tour de Zuria pour qu'elle utilise la carte de recherche ne quittait presque jamais l'île principale. Ainsi, il n'avait pas fait le rapprochement entre le bout de forêt et le territoire de l'hippogriffe.

Ensuite, des panneaux étaient installés sur toute la lisière de la forêt pour expliquer le danger qu'elle représentait, mais celui du chemin par lequel elle était passée avait été retrouvé couché dans les ronces. Là encore, elle n'avait pas été prévenue.

Enfin, si la présence de l'hippogriffe sauvage était connue de ceux qui travaillaient dans les champs de cette île, bon nombre des autres habitants de Lutalica n'avaient pas connaissance de sa présence. La dernière coïncidence était que personne ne l'avait vu entrer dans le bois et donc personne n'avait pu la mettre en garde.

Si cet événement avait eu un impact positif, c'était incontestablement pour les amis de Wendy. En prenant ses responsabilités et en expliquant que c'était à cause de lui qu'ils n'avaient pas été avertis de la dangerosité du cœur, Sixircun avait réussi à faire lever leurs punitions.

La vie avait donc repris son cours normal avec un petit changement par rapport à avant. Lors de leur apprentissage de la magie continentale, Wendy et Fréone devaient aussi compter sur la présence de Kalia, sa jeune sœur. La différence de niveau était flagrante, quoi de plus normal vu qu'ils avaient commencé des années avant. Cependant, George ne cessait de lui dire qu'elle n'avait pas à rougir de ses performances et qu'elle était tout aussi douée qu'eux au même stade d'apprentissage.

Pendant l'une de ces séances, Kalia s'entraînait sur un exercice sous forme de jeu pendant que Fréone et Wendy étudiaient de leur côté un chapitre qui ne pouvait malheureusement pas être ludique, mais qui était essentiel pour la suite de leur apprentissage. La jeune fille récita la formule, vit ses mains s'allumer d'une lueur rouge, puis s'éteindre presque aussitôt.

— Sixir arrête ! Se fâcha-t-elle.

— Hein ? Que j'arrête quoi ? s'étonna Sixircun en levant le nez du livre qu'il tenait en main.

— Wendy, Sixir arrête pas de manger mes sorts !

— Quoi ? Mais c'est pas vrai ! J'ai rien fait !

— C'est pas sympa Sixir. Ça n'est pas simple ce qu'elle essai de faire, commenta Fréone.

— Mais puisque je vous dis que je n'ai rien fait ! Insista-t-il. Si son sort a disparu, c'est justement parce qu'il n'est pas simple pour elle, je n'ai rien à voir là dedans !

— Kalia, Sixir n'a rien fait, confirma George. Donne-moi ta main, je pense savoir ce qui ne va pas.

Comme elle en avait l'habitude depuis qu'elle avait commencé son apprentissage, la jeune apprentie montra sa paume à l'ancien mage. George appuya sur différents points tout en lui indiquant qu'il fallait se concentrer dessus pour réussir plus facilement ce sort. Cette méthode, totalement inutilisée sur le continent, était née de la profonde réflexion du Grand-père de Wendy.

En enseignant la magie à Fréone, il s'était rendu compte que les habitants de Lutalica ressentaient avec bien plus de précision les courants de magie qui parcouraient leur corps. Après de nombreux essais, il en avait conclu que cette méthode était bien plus efficace que de le faire de façon plus imagée en cherchant à faire représenter un concept dans l'esprit de son apprenti.