dix-huit

194 30 37
                                    

[média très conseillé]

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.


[média très conseillé]



wooyoung

Après l'avoir attachée, je m'étais mis à rouler jusqu'à la sortie de Changwon, à quelques centaines de mètres.

Jamais je n'aurais osé imager que la course puisse prendre cette allure nauséeuse et cauchemardesque. Ma poitrine restait comprimée malgré les bercements silencieux du chauffage. Elle ne s'était toujours pas réveillée et sa peau restait froide.

Adjana, chuchotai-je régulièrement.

L'espoir sauvait ma gorge des sanglots et pourtant il n'y avait pas de quoi. Sa cage thoracique peinait à se soulever mais je ne pouvais pas me permettre de m'arrêter. La police rodait dans les alentours avec la certitude de me mettre la main dessus. Jongho restait silencieux, pas un mot ni une question n'avait franchi le bout de ses lèvres hormis pour me localiser le prochain rond point vers l'autoroute, car malgré tout je devais regagner ce putain de parking à l'entrée de Busan.

J'expirai longuement, les yeux faisant quelques allés retours entre le goudron nettement éclairé par mes fars et sa tête échouée contre la vitre. À chaque nouveau coup d'oeil, je l'examinais jusqu'aux infimes détails, comme ce matin là, sur la terrasse du restaurant avant la première course. Sauf que ce soir, j'étais effrayé de voir une égratignure, un filet de sang fuir brusquement en peignant sa tempe.

Le destin me faisait subir ses souffrances dont je n'avais guère demander à avoir la responsabilité.

Yeosang.

E-Euh, oui ?

Essaie de trouver la voiture de San. C'est une Mitsubishi fto rouge.

Je regarde, m'informa-t'il en pianotant sur son clavier.

Je n'aurais su décrire ce silence duquel on se nourrissait. Il avait une sapidité assez mélancolique, presque humide et prête à nous sillonner les joues. Ce vide approfondissait ce paradox que les crétineries de Jongho avaient pour habitude d'éteindre. C'était déroutant.

Il est à deux kilomètres derrière toi.

Mes épaules s'allégèrent. En plus de nous sauver, il avait réussi à se défiler sous le regard colporteur des routiers.
Soulagé, mes paupières se fermèrent lentement tandis que ma main droite glissa à la suite d'une secousse contre la cuisse d'Adjana.

Ma pomme d'Adam frémit. Elles m'invitaient à les enlacer, les serrer affectueusement jusqu'à la fin de la nuit. Je voulais qu'elle sache que tout allait bien et qu'il n'y avait plus à s'inquiéter car j'étais là.

Adjana, murmurai-je épuisé, la rétine fixée sur l'horizon jusqu'à se brûler.

J'avais quelques cheveux devant les yeux. Malgré la fumée et l'essence qui m'avaient lacéré les poumons, elles semblaient avoir épargné sa douce enveloppe féminine. Elle m'embaumait l'habitacle, ravivant de doux souvenirs que nous avaient laissé ces minutes souveraines à courir avec la pluie sous les rougeurs du néon de la station service.

street racing [j.wooyoung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant