Lord Park || P.JM

• Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 6 •

Ma vision était soudainement devenue sombre mais un bruit de pas se rapprocher de moi me fit lutter contre mon malaise, alors du peu de force qui me restait, j'ouvris les yeux. Lord Park était en train de s'avancer en bas des escaliers mais il ne m'avait pas aperçu et continua son chemin, me laissant toute seule dans mon mal-être.

- Lord..., soufflai-je à bout de force.

À l'instant même où j'avais prononcé son rang social, il s'arrêta et se tourna vers moi. Ses yeux perçants étaient de nouveau posés sur moi mais cette fois-ci, je le voulais. Dès qu'il me vit dans cet état, il se hâta vers moi et monta à mon niveau. C'était vraiment étrange pour un homme censé me séquestrer, il avait l'air de vouloir prendre soin de moi.

- Ga-eun, est-ce que tu m'entends ? Me demanda-t-il en portant sa main contre ma joue.

J'hochai la tête et il fut rassuré. Pourquoi était-il si doux ? Il me regardait comme si j'étais la prunelle de ses yeux. Est-ce que sans le savoir, je le connaissais d'avant et nous étions proches ? Non ça n'avait aucun sens, je n'arrivais pas à réfléchir correctement.

- Tu peux te lever ? Je vais t'aider.

Il passa mon bras derrière son épaule et vint poser sa main sur ma taille de façon à bien me soutenir pour pas que je ne tombe. Je pris fortement appui sur le Lord et il m'aida à descendre les escaliers. Une fois en bas de celui-ci, il ne me lâcha pas et continua de me garder près de lui par peur que je rechute. Toujours dans un état lamentable où je ne pouvais même pas être maître de moi-même, il me porta jusqu'à une autre pièce du manoir et ce qui semblait être une cuisine. C'était ce qu'il y avait de plus logique si je voulais reprendre des forces ! Il me fit asseoir sur une chaise et alla rapidement vers le frigidaire de la cuisine.

- Je vais te donner un verre de jus d'orange pressé, dit-il en sortant la carafe du frigo. Mais ne t'inquiètes pas, je n'ai rien mis dedans si ça te rassure.

Pour le moment, je n'avais pas la force de m'inquiéter de quoique ce soit. Je voulais juste me sentir mieux alors il pouvait bien me donner tout ce qu'il voulait. Je le regardai prendre un verre qui lui aussi, semblait onéreux et il versa le contenu de la carafe dans ce dernier. Il vint déposer le verre sur la table à côté de moi et attendit les bras croisés que je le bois. Timidement, je le pris et en bus doucement le contenu. Le jus d'orange était vraiment goûtu, ça sentait qu'il était frais. Je reposai le verre sur la table et regardai de nouveau Lord Park, il ne me quittait pas des yeux. J'en profitai alors pour le détailler lui aussi. Ses cheveux étaient toujours aussi bien arrangés et aucune mèche ne dépassait, il était coiffé à la perfection. Il n'avait pas son costume dans lequel j'avais l'habitude de le voir au manoir mais avait opté pour une chemise blanc cassée, dans un style plutôt ancien. La même avec laquelle il m'avait sauvé de la noyade, me semblait-il. Son pantalon noir, remontant presqu'à ses côtes, faisait ressortir sa taille très fine. Comme j'avais eu l'habitude de le voir sur les portraits du village, il était la ressemblance exacte d'un prince. Lord Park était aussi resplendissant que terrifiant. Alors que je continuai de le scruter, je vis ses yeux descendre pour aller regarder ma tenue. Ce même air triste, que j'avais déjà pu apercevoir, refit surface à cet instant même, c'était mystique. Soudainement, il ferma ses yeux et sembla reprendre ses esprits avant de se tourner vers le plan de travail de la cuisine. Je ne fis aucune remarque sur ce qui venait de se passer et continuai de l'observer. De toute façon, je n'avais toujours pas repris toutes mes forces alors je ne pouvais rien faire d'autre. Tous les deux silencieux, on entendait le bruit de son couteau coupant les légumes sur la planche en bois. Il me préparait à manger devant moi, certainement pour me rassurer qu'il ne rajoutait rien d'étrange dedans. Ce n'était pas grand chose mais ça me permettait de lui faire un minimum confiance.

L'odeur du bouillon de légumes et de la viande m'avait donné l'eau à la bouche. Mon ventre n'arrêtait pas de faire du bruit, me rappelant à quel point j'étais affamée. Alors quand Lord Park déposa les plats devant moi, je me jetai dessus sans plus attendre. Le bouillon de légumes étant encore bouillant, je me brûlai légèrement la langue et la gorge. Ce n'était pas la meilleure des idées de se précipiter autant alors que ma trachée venait tout juste de se remettre de ma maladie. Je me mis à tousser et le Lord me tendit directement un verre d'eau.

- Ça vient tout juste d'être cuit, fais un peu plus attention. Même si c'est ton plat préféré, ne le mange pas si vite ! Pouffa-t-il.

- Mon plat préféré ? Relevai-je intriguée. Ce n'est pas...

Ce que je venais de dire, l'avait décontenancé et pendant quelques secondes il semblait être perdu. Il ferma ses yeux avant de venir pincer l'arête de son nez, comme pour reprendre ses esprits.

- Oublie ce que je viens de dire, reprit-il en allant un peu plus loin.

Il sortit quelque chose de sa poche mais je n'arrivais pas à ce que c'était vu qu'il était dos à moi. Mais en le voyant pencher la tête en arrière après avoir pris une gorgée d'eau, je compris qu'il s'agissait d'un médicament. Était-il malade ? Mentalement sûrement ! Mais il avait des médicaments donc c'était une bonne chose déjà.

- Mange tranquillement, dit-il sans se retourner. Si tu as besoin de quelque chose d'autre viens me voir, je suis dans la cour.

Lord Park se dirigea vers une porte que je n'avais pas remarquée et l'ouvrit. Elle donnait sur le dehors, sûrement la cour dont il venait de me parler. Cette information pouvait être très utile à l'avenir, ça me donnait un moyen d'échappatoire en plus. Je ne savais pas comment j'allais faire mais j'arriverai bien à trouver un moment pour m'enfuir. Je ne pouvais pas rester toute ma vie avec ce fou, enfermée dans ce manoir ! Bon pour l'instant il ne s'était pas montré violent avec moi, bien au contraire mais ce n'était pas une raison pour lui faire confiance. S'il me gardait avec lui, ici, c'était sûrement pour une raison bien particulière. D'ailleurs, maintenant que j'avais repris un peu plus mes esprits, un détail m'avait échappé tout à l'heure. Ga-eun, il m'avait appelé Ga-eun mais moi c'était Cha-eun. Peut-être qu'il n'avait pas retenu mon prénom mais étrangement, j'avais plus l'impression qu'il me prenait pour quelqu'un que je n'étais pas. Je pouvais me tromper mais beaucoup de ses gestes envers moi concorderait si c'était le cas. Me confondait-il avec cette Ga-eun ? C'était sûrement la réflexion la plus plausible.