4. Ténèbres dévorantes: Hilda

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Dédicace : Pour koyalaulau qui voulait un écrit sur Hilda. En espérant que tu aimes.

Correctrice : Clina

Personnages : Hilda de Polaris

Mention de : Athéna, Poséidon

Ship : aucun

Type d'écrit : introspection

Arc temporel : Avant l'arrivée d'Athéna et des Bronzes à Asgard.

Lieu : Le palais d'Asgard

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Elle ne se souvenait plus comment elle était revenue au palais. Elle avait la migraine depuis la fin de ses prières à Odin. Quelque chose était étrange. Mais elle n'arrivait pas à savoir quoi. Elle avait prié comme habituellement, pour limiter la fonte des glaces et pour qu'Odin continuât de veiller sur Asgard. C'était son rôle après tout. Elle était la Grande Prêtresse et la Reine de ces terres gelées. Et elle n'avait jamais failli à son devoir depuis qu'elle avait été couronnée à la mort de ses parents. Pourtant il lui manquait des pièces du puzzle. Elle avait vaguement l'impression d'avoir discuté avec quelqu'un, qu'elle ne pouvait pas voir mais dont le Cosmos était puissant. Était-ce Odin ? Elle en doutait. Son Dieu ne lui avait jamais ouvertement parlé jusqu'à maintenant. Et le reste était aussi flou dans sa tête. Et maintenant elle était là, allongée sur les fourrures et couvertures de sa couche, seule dans la pénombre. Elle se sentait perdue. Elle ne se souvenait pas d'avoir fait le chemin inverse, ni de s'être allongée sur son lit. Hilda passa une main tremblante sur son front. Elle s'étonna de le sentir humide de sueur.

Hilda se releva lentement. Ses pieds nus touchèrent le sol en chêne. Sa longue chevelure claire glissa le long de ses épaules légèrement dévêtues. Elle portait toujours la même robe bleu ciel couverte d'un chapelet de perles de nacre. Hilda secoua la tête dans l'espoir d'en chasser la brume qui semblait l'avoir envahie. Elle n'avait jamais été migraineuse avant. Elle ne comprenait pas ce malaise soudain. De plus, elle était seule. Et tout semblait être silencieux dans ses appartements. La Souveraine d'Asgard se remit sur ses pieds et elle avança jusqu'à sa coiffeuse pour observer son reflet. Elle n'avait jamais été coquette de nature, mais elle se demandait à quel point elle était pâle. Que lui arrivait-il ? Était-elle malade ? Le miroir lui renvoya son image parfaite. Hilda passa à nouveau les doigts sur son visage... Et elle remarqua le scintillement à son doigt. La prêtresse d'Odin tourna la main pour regarder son doigt. Elle n'avait jamais été amatrice de bijoux, au-delà de ceux liés à sa fonction de Reine et de Prêtresse. D'où venait cet anneau gravé ? Étrangement elle n'eut même pas l'envie de le retirer. Elle se perdit de longues minutes dans la contemplation de son nouveau bijou. Elle le caressa même du doigt avec lenteur. Sans le remarquer Hilda avança vers la cheminée où brûlait un feu, et elle s'installa sur le tapis face à l'âtre.

La brume, qui envahissait son esprit, semblait s'étendre plutôt que de se dissiper au fil de minutes. Elle eut un sourire ironique, alors qu'elle pensait à tout ce qu'elle pourrait accomplir avec les Armures des Guerriers Divins. Elle pourrait alors non seulement défendre ses terres glacées, mais aussi en conquérir d'autres plus fertiles et chaleureuses pour son peuple. Pourquoi devraient-ils souffrir pour que d'autres vivent mieux ? Ils méritaient tous mieux. Le sourire d'Hilda se fit ironique et... Non, elle secoua vivement la tête. Non, c'était le rôle du peuple d'Asgard de prier Odin pour maintenir les glaces éternelles dans le Nord de l'Europe. Elle ne faillirait point à sa mission divine. Elle ne ... Elle ne quoi ? Pourquoi devrait-elle accepter ainsi la souffrance le froid, la faim et les maladies qui allaient avec ? Qu'est-ce que les autres peuples de la Terre faisaient donc pour Asgard ? Rien, ils en ignoraient même l'existence la majeure partie du temps... Non, les Asgardiens avaient aussi le droit au bonheur et à avoir une vie facile.

Hilda secoua à nouveau la tête. Et elle porta ses mains à ses tempes. Ce n'était pas elle. Elle n'avait jamais eu d'envie de conquêtes. Elle avait toujours accepté son sort et sa mission. Tout comme son peuple faisait preuve de ferveur. Elle était la bienveillance et la douceur incarnée. Elle n'était pas cette femme qui envisageait de conquérir le monde en réveillant les Armures Divines. Elle se sentit trembler alors qu'elle se penchait en avant jusqu'à ce que son front touche le tapis chaud. Elle se sentait tiraillée alternant entre ses envies de conquêtes étranges et son calme habituel. Pourquoi pensait-elle comme cela ? Ce n'était pas elle. Faire couler le sang et condamner d'autres êtres vivants ne lui ressemblait pas. Ce n'était pas comme cela qu'on l'avait éduquée. Ce n'était pas ce qu'Odin attendait d'elle. Pourtant la part d'ombre, qui susurrait des idées de vendetta à son oreille, ne faisait que gagner du terrain. Hilda ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Elle peinait à respirer. Sa tête la faisait de plus en plus souffrir. Plus elle luttait contre l'étrange voix et les idées de guerres qui germaient en elle, plus la douleur enserrant ses tempes augmentait. Elle était au bord de la crise d'anxiété. Elle le sentait.

Une larme solitaire roula sur la joue blanche de la Souveraine d'Asgard. Elle se sentit de plus en plus envahie par les ténèbres, incapable de respirer comme quelqu'un se trouvant sous l'eau. Puis ce fut le vide complet...

Combien de temps resta-t-elle allongée inconsciente face à l'âtre ? Elle ne le sut point. Mais quand elle rouvrit pour la seconde fois les yeux, elle se redressa lestement. La migraine avait disparu. La Reine se dirigea vers sa garde-robe et l'ouvrit avec un sourire narquois. Elle observa ses diverses robes avant de faire son choix. Gracieusement, elle fit glisser le tissu léger et bleuté au sol. Elle repoussa la robe trop pure du pied. Elle enfila une robe rouge, au-dessus de laquelle elle mit un corset en cuir et fer noir. Elle se dirigea ensuite vers sa coiffeuse et elle brossa longuement sa chevelure. Elle déposa un diadème rappelant les ailes des corbeaux sur le haut de sa tête. Elle attrapa un rouge à lèvres et elle maquilla ses lèvres avec soin. Elle glissa un lourd bracelet en or à un de ses poignets. Elle choisit ensuite une cape longue et sombre qu'elle agrafa sur ses épaules. Le regard clair tomba sur son reflet et elle eut un rire.

« Voilà, je suis la digne héritière des Valkyries. », murmura-t-elle satisfaite d'elle-même. « Il me manque quelque chose... Ah oui cela. », déclara-t-elle en regardant la lance posée contre un mur.

Hilda avança et détacha l'arme du mur avec un sourire mauvais. Elle était armée maintenant. Ses doigts blancs frôlèrent la pointe tranchante avec un autre rire. Elle se sentait en pleine forme. Elle avait des idées de conquêtes. Elle n'avait rien à redouter après tout. Elle était Hilda de Polaris, Reine d'Asgard et Grande prêtresse d'Odin. Elle avait la garde des terres gelées du Nord. Mais c'était fini de se soumettre et de souffrir en silence. Elle allait libérer son peuple de cette oppression. Elle allait laisser les glaciers fondre, et offrir aux siens un monde plus chaud et plus accueillant. Elle ricana en faisant tourner la lance dans sa main. Et elle tourna sur elle-même, joyeuse.

« J'ai une arme de choix. Je vais ramener les Armures Divines. J'aurais les huit Guerriers Divins à mon service ! Et ils m'offriront le monde à mes pieds en gage de dévotion et fidélité. » Elle eut un autre rire ironique. « Et Athéna n'y pourra rien. Je vais d'abord me débarrasser de la soi-disant protectrice de la Terre et de ses petits guerriers. Ensuite je pourrais conquérir de nouvelles terres plus propices pour mon peuple. Et je régnerais. Oui... Je ne peux point perdre. » Du bout des doigts, elle caressa son anneau qui continuait de murmurer à ses oreilles des plans diaboliques.

Hilda n'avait plus aucun contrôle sur son corps et son esprit. L'anneau de Nibelugen avait totalement pris le contrôle de son être. Le regard mauve habituellement si clair et tendre était maintenant froid et dur.

Poséidon avait marqué le premier point dans sa guerre contre Athéna. Il pouvait espérer ne pas devoir combattre si tout se passait bien, ou au moins il affaiblirait encore plus le Sanctuaire de sa nièce ! Hilda de Polaris était son nouveau jouet et il comptait bien arriver à ses fins via Asgard et ses Guerriers Divins.


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