Je te suis, tu me fuis. Tu me suis, je te fuis...

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"Parfois, on se dit que certains souvenirs n'en valent pas la peine. On les jette dans la poubelle pour faire place à des souvenirs que nous jugeons meilleurs. C'est là que l'on se rend compte que la poubelle est pleine, la mémoire vide..."
Inspirée d'une partie du livre Engrenages (sur wattpad).
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Nous arrivâmes chez ma grand-mère. Ma chambre était vraiment grande. La couleur de la peinture est bleue. J'ai une grande fenêtre qui donne sur le devant de la maison. Ma grand-mère a vraiment une maison de riche!

Ensuite, je suis partie à l'école. Les gens étaient encore étonnés par moi. Les gens continuaient encore à essayer de socialiser avec moi, tout simplement parce que je n'avais plus d'handicape. Mais qu'est-ce-qu'ils n'avaient pas compris? Ils ne comprennent donc pas que, malgré ma guérison, je n'avais pas changé? Que je reste la même personne? Avec la même personnalité?

Oh, oh! Mais moi, j'ai compris! Eux non plus ils n'ont pas changé! Même sous leurs airs amicaux je peux deviner qu'ils n'aiment pas les personnes différentes! Et moi, ma différence sera toujours marquée dans ma vie!

J'aimerais que ma mère sache que je sais marcher. J'aimerais qu'elle le sache pour lui prouver que je pouvais combattre, et pour lui montrer qu'elle ne me verra pas "partir", comme elle l'a dit dans sa lettre. D'ailleurs, je n'ai jamais compris le sens complet de cette phrase. Que voulait-elle dire par ceci? Qu'elle ne voulait pas me voir sombrer dans l'handicap? Je ne le saurais probablement jamais...

Bref, c'est ça, je suis partie à l'école. J'ai vécu un jour comme les autres...

Je suis vraiment contente d'avoir aménagé chez ma grand-mère. Je ne suis plus obligée de prendre le bus pour rentrer chez moi, ce qui veut dire que je ne suis plus obligée d'éviter Leyne!!! En plus, triste réalité; j'arrive plus tôt chez moi maintenant que je sais marcher!

Par contre, ma grand-mère et moi n'avons pas une superbe relation "grand-mère-petite fille"... Je ne sais pas... je ne trouve pas que ma grand-mère est une superbe confidente... Nous nous parlons normalement, mais sans plus.

Je trouve que, depuis la disparition de ma mère, le reste de la famille est devenue distante... Mon oncle, ma tante, ma cousine... On dirait que le seul lien entre moi et ma famille maternelle était ma mère. Moi qui croyait que les liens du sang étaient les plus forts, j'ai durement constaté qu'ils pouvaient se désintégrer en un instant!

Bref, je suis rentrée, j'ai fait mes devoirs, j'ai fini d'aménager ma chambre. J'étais exténuée. Je décidai de m'allonger sur mon lit. Il était très grand et très rebondissant! Une idée me traversa l'esprit. Je me mis debout sur mon lit. Immédiatement, je retombai fesses premières parce que mes jambes n'étaient pas assez habituées à la texture du lit. Je me levai de nouveau. Je retombai encore. Je réessayai encore et encore jusqu'à ce que je sois sûre de garder l'équilibre. Une fois debout sans problèmes, je me mis à sauter, sauter, sauter. Je venais de passer un incroyablement beau moment. Pour moi, ne pas pouvoir sauter sur un lit n'était pas très signifiant, mais d'y arriver signifiait la fin des terribles souffrances psychologiques de l'handicape.

Je m'arrêtai soudainement parce que j'avais peur de réveiller mon père.

Oui, mon père dormait. En fait, ces temps-ci, il ne faisait que dormir. Ma grand-mère et moi le laissions, parce que nous pensions que ça lui remettrait les esprits de sa dépression.

Je réalisai que je ne l'avais pas réveillé. Fiou! Je m'arrêtai quand même de sauter. Je m'allongeai sur mon lit et, tandis que le soleil commençait à se coucher, je me plongeai dans mes pensées. Je me sentais comme une grosse folle: à 16 ans, je sautais sur mon lit! Je repensais soudainement à la scène de l'accident.

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