Chapitre 2

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La nuit à Paris, bien que rassurante, m'ennuyait déjà. Voilà deux jours que j'étais partie de chez Laurent. J'avais fait le tour de Paris trois fois, trainé dans le parc des buttes Chaumont et du Luxembourg et tenté de trouver un taf par tous les moyens. Problème, j'étais trop jeune pour un travail légal et pas assez étrangère pour être acceptée au black.

C'était texto le message sans détour du gérant du restaurant où je venais de proposer de participer à la plonge.

Je repensais à l'offre de ce Riccardo. Je ne m'attendais à pas prendre sa suggestion au sérieux, d'autant plus qu'il m'avait l'air bien déluré. Cependant, j'étais forcée de constater qu'au moins, il me restait une option. Seulement, je n'avais aucune idée dans quoi j'allais m'embarquer, et ça ne présageait rien de bon.

J'étais perdue dans mes pensées pour éluder ce sujet lorsque je me rendis compte que je retournais sur mes pas. Super, je tournais en rond.

J'aperçus l'heure en passant près de l'arrêt de bus. 22 h 40. Je me trouvais à bastille, je pouvais me rendre à Vitry-sur-Seine à temps.

Sans vraiment réfléchir, je me dirigeais vers le métro.

«J'arriverai en avance et me cacherai. Je le verrai ainsi approcher et je déciderai de la suite à ce moment-là. Si je ne le sens pas fiable, j'aurais encore le temps de faire marche arrière.»

Je chassai de ma tête l'idée qu'il ne m'inspirait déjà pas confiance, et entrai dans le souterrain.

J'aurais dû y penser. Nous étions vendredi soir, le bar était bondé. Le brouhaha des clients me parvenait depuis l'autre côté de la rue. Je me tenais près d'un groupe de jeunes, bien trop ivres pour se soucier de moi, les yeux rivés sur mon téléphone déchargé. On aurait pu facilement croire de loin que j'étais sorti avec eux. Avec ma capuche sur la tête, j'espérais me fondre dans la masse.

Minuit tapant, il m'était aisé de reconnaitre l'homme que j'avais rencontré deux jours plus tôt. Son costume chic dénotait avec la clientèle habituelle de la ville. Même dans la pénombre, je pouvais voir sa queue de cheval basse danser en rythme avec ses pas fluides.

Il venait vraiment me proposer du sérieux. Une porte de sortie. Tandis que l'espoir aurait dû jaillir en moi, je restai à distance. Mon instinct me le disait. En presque 10 ans de services sociaux, j'avais appris à l'écouter et à m'en mordre les doigts lorsque je ne l'honorais pas.

Je ne savais pas ce que je m'attendais à découvrir. Néanmoins, je préférais observer de loin cet individu mystérieux.

Je ne sentais pas son affaire. Je voulais être au fait de son projet avant d'en accepter les responsabilités.

L'homme détaillait la foule du regard, mais pas dans ma direction. J'ajustai ma capuche afin qu'elle me dissimule au maximum.

Il entra dans le bar quelques minutes. Un taxi passa devant moi et je lui fis signe de s'arrêter.

Je parvins à m'assoir à l'arrière au moment où le conducteur se retournait vers moi. C'était un monsieur d'une cinquantaine d'années, d'origine magrébine.

— Je te dépose où ? s'enquit-il d'une voix lasse.

Mon regard était vissé sur la porte de la brasserie.

— Je ne sais pas encore. Laissez-moi attendre quelqu'un s'il vous plait.

— La course démarre ou tu prends un autre taxi. Je ne peux pas perdre mon temps à...

— Déclenchez simplement le compteur alors, le coupai-je. Ça ne va pas durer longtemps.

Au même moment, Riccardo ressortit du bar, les sourcils froncés. Il tira de sa poche un téléphone qu'il colla à son oreille.

La TourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant